- jeu, 10/09/2015 - 05:34
Le documentariste belge recherchait un incident politique en vue de se faire une publicité à peu de frais à l’international.
La journaliste belge du Soir Colette Braeckman avait tout joué dans l’intérêt du film dont elle est co-auteure, l’autre co-auteur qui s’est spécialisé sur le Congo avait un autre plan. Il recherchait un incident politique en vue de se faire une publicité à peu de frais à l’international et... obtenir un prix... à quel festival, de quel type! L’auteur du «Zaïre, le Cycle du Serpent», «Les Derniers Colons», «Mobutu le roi du Zaïre», «Katanga Business», «L’irrésistible ascension de Moïse Katumbi», «l’affaire Chebeya, crime d’Etat», «Congo River») a fait échouer des négociations que la journaliste belge voulait mener à Kinshasa.
Ainsi, par exemple, si elle eu à Bruxelles un entretien avec le ministre des Relations avec le Parlement faisant fonction de ministre des Médias (son collègue Lambert Mende Omalanga se trouvant en congé de reconstitution), Tryphon Kin-kiey Mulumba a expliqué le fonctionnement de l’intérim: «Si le dossier technique initié par le cabinet primaire est présenté à la signature de l’intérimaire, c’est signe qu’il est valable et accepté par le ministre titulaire et la signature - protocolaire - ne pourrait en principe être refusée». Absent de la rencontre, Thierry Michel a fait valoir des confidences reçues de nulle part pour se répandre dans des médias internationaux! Colette Breackman s’en offusque. Ci-après.
Sous le titre «Pas de négociation à propos du film «l’homme qui répare les femmes», notre consœur écrit sur son blog (http://blog.lesoir.be/colette-braeckman) sous forme de mise au point ce qui suit:
«A la suite du refus de diffusion du film «l’homme qui répare les femmes» exprimé par le ministre de l’information congolais Lambert Mende, invoquant la réaction négative des forces armées, une voie de négociation demeurait ouverte. Elle avait été préparée par plusieurs amis congolais et surtout par Kathryn Brahy, déléguée de Wallonie Bruxelles International. Cette perspective demeurait cependant très hypothétique, étant donné que Thierry Michel, de sa propre initiative et sans consulter les autres personnes concernées - dont les producteurs et la co auteur du film - avait prévenu la presse de la «censure» dont «l’homme qui répare les femmes» avait fait l’objet.
Malgré tout, il avait été convenu qu’à mon arrivée à Kinshasa, je prendrais contact avec le ministre de l’Information et que nous visionnerions ensemble les passages litigieux, à l’aide d’un traducteur local maîtrisant parfaitement le swahili et le mashi. Si une erreur de traduction avait du être décelée, elle aurait pu être corrigée, ouvrant ainsi la voie à la levée du veto militaire.
DECREDIBILISER LE POUVOIR CONGOLAIS.
Cette solution à l’amiable aurait permis que nul ne perde la face et surtout que la population congolaise puisse prendre connaissance d’un film qui lui était destiné en premier lieu, bien avant les audiences diplomatiques et internationales.
Elle n’a cependant pas été possible parce que le co-auteur du film, Thierry Michel, de sa propre initiative et sans concertation, prit les devants, prenant l’avis de traducteurs vivant en Belgique. Ces derniers conclurent au fait qu’aucune erreur n’avait été relevée et ce verdict, qui ne découlait pas d’une appréciation croisée, fut largement communiqué.
En outre, alors que le rendez-vous était pris avec le ministre de l’Information, M. Michel prit l’initiative, encore une fois unilatérale, d’adresser à ce dernier un message qui fut jugé jugé «menaçant» et rappelant les derniers jours du maréchal Mobutu (septembre est l’anniversaire de la mort de ce dernier au Maroc). A mon arrivée au ministère de l’Information, je découvris qu’un traducteur local swahiliphone avait déjà été convoqué la veille, en prévision de notre séance de visionnage. Mais surtout, il apparut que les ponts avaient été rompus entre le ministre et Thierry Michel. Lambert Mende avait tenu le chef de l’Etat informé de ses échanges avec le cinéaste et le président avait tranché contre une diffusion du film au Congo. Plus rien n’était donc possible, la porte entr’ouverte avait claqué.
Sans préjuger du résultat final de la démarche entreprise (un échec était parfaitement envisageable, les objections du pouvoir congolais étaient peut-être plus radicales qu’un problème de traduction), je ne peux m’empêcher de conclure que, une fois de plus, le réalisateur a communiqué sans concertation sur une question qui concernait plusieurs personnes ayant jusque là respecté les règles de la collégialité. Qu’il a torpillé une négociation qu’il savait imminente et délicate, en faisant connaître les conclusions de ses propres traducteurs et en interpellant maladroitement le ministre de l’Information.
Qu’il a, de facto, rendu vains sinon ridicules les efforts de plusieurs personnes qui s’étaient efforcées de trouver une solution à l’amiable, car elles pensaient que la priorité devait être donnée au droit de la population congolaise à voir ce film qui lui était destiné.
Mais je conclus aussi que sur le plan médiatique international, le réalisateur, en plus de décrédibiliser le pouvoir congolais, a assuré la publicité de son film et renforcé sa propre position de victime de la censure…