- mer, 30/07/2014 - 00:20
En rendant visite au Congo, Hamadoun Touré «corrige une faute commise» par l’Union Internationale des Télécommunications, explique le ministre Tryphon Kin-kiey Mulumba.
Un vrai bonheur pour le ministère des Postes, Télécommunications et NTIC, pour le secteur des télécoms et des TIC, pour le Gouvernement de la République, pour le Congo que la visite effectuée dans la Capitale (23-27 juillet 2014) par le Dr. Hamadoun I. Touré, secrétaire général de l’Union Internationale des Télécommunications. Un homme, a expliqué le ministre Tryphon Kin-kiey Mulumba, qui connaît le Congo pour y avoir séjourné dans le passé. Mais le Secrétaire général de l’UIT - le premier Noir à diriger la plus vieille agence des Nations Unies - créée il y a 150 ans - n’avait jamais mis le pied dans ce pays-Continent au centre et au cœur de l’Afrique, a poursuivi le ministre, le seul à avoir autant de voisins, avec deux fuseaux horaires. «Il fallait bien qu’un jour cette faute fût corrigée», a ajouté Kin-kiey ovationné. «Le Congo, le premier à avoir disposé d’un réseau de télécommunications par satellite - qui permit «le grand tam-tam d’Afrique», le premier à avoir lancé un réseau de téléphonie mobile, le pays qui, à raison, abrita le siège de l’UAT - l’Union Africaine des Télécommunications - et qui le perdit à la suite de nos conflits récurrents, question qu’il nous faut régler désormais; un pays avec une jeunesse active, de grandes écoles et des Universités de référence, une intelligence remarquable; un pays qui se reconstruit, a ouvert des chantiers des infrastructures, dont l’économie est l’une des plus dynamiques du Continent, ne pouvait être en reste de la place des Nations. Tout cela, a poursuivi Kin-kiey, grâce à Kabila à qui le Congo dit et dira, j’en suis persuadé, tout son désir pour cette œuvre grandiose réalisée. Ci-après le discours prononcé par le Dr. Touré à la Journée scientifique du 2( juillet.
A l’invitation du Gouvernement de la RDC pour effectuer cette visite officielle à Kinshasa, j’ai répondu avec enthousiasme et avec empressement à l’idée de venir sur les rives du magistral et historique fleuve Congo et dans cette magnifique cité futuriste de Kinshasa, retrouver avec joie le Ministre Tryphon Kin-kiey Mulumba et l’ensemble des acteurs du secteur des TIC, dont l’UIT, que je dirige depuis près de huit ans, est l’instance faitière mondiale. Auparavant, il m’est agréable de remercier le président de la République, Chef de l’État, Son Excellence Joseph Kabila, le Gouvernement et le peuple congolais, pour un accueil mémorable, typiquement africain et fraternel, et pour l’ensemble des facilités mises à la disposition de ma délégation. Nous en mesurons la valeur et la symbolique, et nous en sommes fiers et reconnaissants. Les nombreux défis qui se posent en Afrique en général et en RDC en particulier, en matière de développement des TIC, de manière à connecter toutes les populations au reste du monde, prennent des proportions exponentielles, au vu de l’immensité et de la diversité du territoire, de la forte et brave population, et de la créativité et du dynamisme de la jeunesse - autant d’atouts pour les investisseurs, car de nombreux consommateurs et un marché florissant sont le levier d’un climat d’affaires propice à la rentabilité, et donc à la création de richesses.
Alors effectivement, ma présence parmi vous à l’occasion de cette journée débat me permettra de vous édifier sur les enjeux planétaires et surtout de situer la place et le rôle que nous devons jouer ensemble afin de répondre légitimement, et avec détermination, aux défis majeurs posés par la Société de l’information, d’une part, et par les besoins croissants des aspirations de nos populations toujours en quête de meilleurs services pour leur prospérité et leur bonheur. Je suis particulièrement ravi des thèmes qui ont été choisis, notamment: la politique du gouvernement pour le développement du large bande en RDC; l’impact de la large bande dans la croissance économique et l’inclusion sociale; la nécessité de la large bande dans le partage du savoir; et l’équilibre écologique et le mécanisme de gestion technico-commercial de la large bande sur le marché des TIC en RDC. Je serai bien évidemment très attentif aux sujets débattus, puisque mon frère, le Professeur Tryphon, en sa qualité de brillant maître de cérémonie, me fait l’honneur d’en commenter la substance avant la synthèse finale qui sera dévolue au modérateur. J’aurai donc l’occasion et la rare opportunité d’exposer mes points de vue et de partager avec vous mon expérience en même temps que j’apprendrai certainement beaucoup, et m’enrichirai de ces échanges. Quels sont les enjeux globaux posés par les réseaux large bande? Notamment, les enjeux économiques certes, mais surtout les enjeux sociétaux et écologiques qui se posent en terme d’appropriation de l’évolution technologique, d’industrialisation, somme toute, en termes de développement harmonieux, intégré et maîtrisé. Quelques statistiques pour illustrer mon propos me paraissent utiles pour édulcorer la problématique: en effet les chiffres parleront d’eux-mêmes:
D’ici la fin de l’année, il y aura presque autant d’abonnements à la téléphonie mobile dans le monde que d’habitants sur la planète. En Afrique, les taux de pénétration de la téléphonie mobile ont doublé ces cinq dernières années, et atteindront 69.3% à la fin de 2014. Le prochain défi qui se pose étant de donner accès à Internet à tout le monde. D’après les estimations de l’UIT, près de 40% de la population mondiale et 33% de la population des pays en développement, sera connectée à la fin de 2014. Mais nous avons encore un vaste chemin à parcourir, car 80% de la population subsaharienne ne sera pas connectée en fin 2014, privant ces populations de l’accès au savoir et aux opportunités de l’ère numérique, et les privilégiés qui en ont accès dépensent considérablement plus que dans les autres parties du monde pour des services de moindre qualité, car le large bande est encore un luxe en Afrique.Je reste cependant très optimiste, car en Afrique les taux de progression en termes d’accès à Internet doublent tous les cinq ans, et je suis très fier des progrès réalisés en Afrique et des opportunités de croissance offertes sous-tendues par le souci de toujours mieux faire et par l’engagement de nos gouvernements respectifs.
Excellences,
Mesdames, messieurs,
Chers participants,
Lors du tout récent Sommet de l’Union Africaine tenu fin juin à Malabo, en Guinée Équatoriale, j’ai été honoré d’assister à la réunion de lancement du Directoire de l’initiative SMART Africa. L’organe dirigeant de cette initiative SMART Africa se compose des chefs d’État suivants: Les présidents Kagame du Rwanda, Keita du Mali, Bongo Ondimba du Gabon, Museveni de l’Ouganda, Compaoré du Burkina Faso, Kenyatta du Kenya, Salva Kirr du Soudan du Sud, et Sail du Sénégal, complété par le Dr Elham Mahmoud Ahmed Ibrahim, Commissaire aux of Infrastructures et à l’Énergie de l’UA, et par moi-même, Secrétaire General de l’UIT. Cette initiative a été engendrée par le mémorable Sommet «Transform Africa», qui comme vous le savez tous, s’est déroulé à Kigali à la fin de l’année passée.
L’initiative SMART Africa a été validée par l’Assemblée plénière des chefs d’État de l’Union Africaine en janvier, mettant ainsi les TIC au barycentre du développement économique et social de notre Continent. J’ajouterai qu’en plus des pays que j’ai déjà mentionnés, l’initiative SMART Africa est conduite par une coalition multipartite de l’Union Africaine, de la Banque Africaine de Développement, de la Commission Économique pour l’Afrique, du GSMA, de l’ICANN, du NEPAD, de la Banque mondiale et de l’UIT. Afin de vous permettre d’en mesurer la portée historique, je rappellerai que cet heureux aboutissement de SMART Africa résulte d’une des premières initiatives que j’avais lancé en ma qualité de Secrétaire Général, en 2007, à travers le sommet «Connecter l’Afrique».
Hôte du Sommet, le Gouvernement du Rwanda avait accueilli à Kigali quelques 1000 participants, dont des chefs d’État et de gouvernement et des Ministres du continent africain et d’autres régions, des P.-D.G. et des dirigeants de compagnies TIC africaines et mondiales, des directeurs d’organisations et d’institutions financières internationales et régionales, des représentants des médias internationaux et locaux ainsi que d’autres partenaires.
Les participants au Sommet Connecter l’Afrique avaient examiné les facteurs déterminants pour le succès du financement et du développement des TIC et convenu entre autres domaines d’actions prioritaires d’élargir l’infrastructure du réseau dorsal et des réseaux d’accès large bande, sur la base de modèles commerciaux et de financement novateurs. Bref en deux mots l’objectif fixé était de rechercher des partenariats et des financements pour réaliser l’infrastructure moderne de Base. Ce premier évènement dans la série des sommets «Connecter le Monde», appellation d’origine contrôlée devenue depuis lors le leitmotiv et slogan majeur de l’Union - mais rassurez-vous je n’ai perçu aucun droit d’auteur, car hélas, je n’ai pas eu droit à déposer un brevet! Je voudrais maintenant revenir à notre ordre du jour, et vous faire part d’une autre initiative que j’ai pu lancer avec l’UNESCO, pour impulser le développement des TIC au niveau mondial qui aujourd’hui est le cheval de bataille de l’UIT et même des Nations Unies. C’est la Commission de Haut Niveau sur le Large Bande. Et ma ferme conviction est que ce cheval nous mènera droit vers la victoire contre le sous- développement et contre les miasmes récurrents de la pauvreté.
La Commission de Haut Niveau sur le Large Bande comprend elle aussi d’éminents membres, Chefs d’États et de Gouvernements, leaders de l’industrie, responsables des agences onusiennes, et membres de la société civile. Ban Ki-moon, le secrétaire général des Nations Unies, acteur convaincu, loue quotidiennement cette initiative, et ses résultats prometteurs au vu de l’agenda post-2015 et des atteintes à poursuivre avec encore plus d’ardeur des Objectifs du Millénaire pour le Développement.
Que dire donc en deux mots du large bande, quelle en est la finalité? Qui, selon ma vision du développement humain, que vous partagez sûrement, mérite d’être orientée et toujours recentrée sur l’homme?
Permettez-moi donc de répondre en guise de conclusion de mon propos de circonstance, à cette question qui vous brûle tous les lèvres sans anticiper sur les conclusions de nos débats: Je l’affirmerai avec une pointe de fierté et d’autosatisfaction: Le large bande est la solution! Il est donc heureux et judicieux que ce soit la pierre angulaire de nos travaux de ce jour. Comment ne pas terminer en reprenant à mon compte, dans les Contes du Griot, de l’illustre poète du terroir, Kama Kamanda, cette célèbre maxime populaire de la conscience africaine: «Il faut deux mains pour que l’une lave l’autre».
Mesdames et Messieurs,
Distingués hôtes,
Chers participants,
Soyez certains que la main de l’UIT vous est tendue et acquise, joignez y la vôtre, et construisons ensemble un avenir propre et solide pour les générations futures en lavant et en bannissant la pauvreté sous toutes ses formes! Je nous souhaite donc à tous de fructueux débats dans la sérénité du dialogue constructif nimbés de cette concorde fraternité qui nous anime tous.
Vive la Coopération Internationale; vive les TIC comme catalyseur de l’émergence et du développement socio-économique de la RDC.
Je vous remercie de votre aimable attention.
Kinshasa,
25 juillet 2014
Dr. Hamadoun I. Touré,
Secrétaire général
de l’Union Internationale des Télécommunications.