- ven, 04/07/2025 - 12:29
KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1640 | MARDI 01 JUILLET 2025.
Il bascule une majorité politiquement fabriquée par son prédécesseur et s'apprête à effacer diplomatiquement une guerre vieille de trente ans.
Ce fut un 6 décembre 2020 quand dans une allocution d'une trentaine de minutes, le Chef de l'État Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo mit fin à un accord de gouvernement FCC-CAP, une cohabitation présentée comme une coalition par le FCC, le Front Commun pour le Congo dominé par des fidèles de l'ancien président Joseph Kabila Kabange.
Au lendemain de la cérémonie de remise et reprise entre le président sortant et le président entrant qui a lieu le 25 janvier 2019, survient une période d’incertitude. Comment le gouvernement va être formé ? Qui va être nommé Premier ministre ?
Quand le président me fait venir à son bureau à la Cité de l’UA, je pose d’emblée une question en référence à l’article 78 de la Constitution, je cite: « le Président de la République nomme le Premier ministre au sein de la majorité parlementaire après consultation de celle-ci (...). Si une telle majorité n’existe pas, le Président de la République confie une mission d’information à une personnalité en vue d’identifier une coalition ». La réponse est directe : «Bien sûr, Prof. Le vieux Kitenge va être chargé de cette mission. Vous serez de la partie…».
Mais le 6 mars 2019 lors d'une réunion à Kingakati, du 4 au 6 mars 2019, entre le président de la République et son prédécesseur entourés de leurs lieutenants, un accord est conclu.
Signé côté FCC par son coordonnateur Néhémie Mwilanya Wilondja, côté CACH, Cap pour le Changement, par le président a.i. de l’UDPS, Jean-Marc Kabund-A-Kabund, le texte écrit : «Soucieux de préserver, dans l’intérêt supérieur de la Nation, les acquis de l’historique passation pacifique du pouvoir qui a eu lieu le 24 janvier 2019, de conforter le climat ambiant de paix ainsi que la stabilité du pays, d’assurer la bonne gouvernance et le bien-être du peuple et, à cette fin, de faciliter la mise en place rapide d’un Gouvernement de plein exercice reflétant la volonté du souverain primaire, telle qu’elle ressort des résultats des élections présidentielle et législatives du 30 décembre dernier et disposant de la légitimité nécessaire pour notamment faire face aux urgences du moment, le Front Commun pour le Congo, FCC en sigle, et le Cap pour le Changement, CACH en sigle, ont entrepris des concertations à l’effet de cerner la problématique de la détermination de la Majorité Parlementaire».
Puis : « Après des échanges et débats fructueux, qui se sont déroulés du 4 au 6 mars courant, il se dégage que le Front Commun pour le Congo détient, de manière documentée, la majorité absolue à l’Assemblée Nationale au sens de l’article 78 alinéa 1er de la Constitution. De ce fait, les deux plateformes politiques recommandent à l’Autorité morale du FCC, Président de la République Honoraire, d’accomplir les devoirs de sa charge permettant au Chef de l’État de procéder à la désignation du Formateur du Gouvernement. À Son Excellence Monsieur le Président de la République de nommer diligemment ledit Formateur du Gouvernement. Les deux plateformes politiques affirment, par ailleurs, leur volonté commune de gouverner ensemble dans le cadre d’une coalition gouvernementale».
Le soir de ce 6 mars 2019, Kitenge Yesu, «l’homme Organe» - ainsi l'avait surnommé le Chef de l’État ou «l’homme Oracle», cet «homme qui avait mangé de la tomate et de la salade crues avant l’indépendance», cité par le président de la République comme devant être le futur informateur, plie bagages et retourne en Belgique rejoindre son épouse, ses enfants, ses petits-enfants. Cette nuit-là, alors que son avion est en plein vol, le président de la République rend publique une ordonnance signée le 6 mars portant nomination de son cabinet. Kitenge Yesu est nommé Haut Représentant et Envoyé Spécial du Président de la République. Dans ces fonctions, Kitenge Yesu relève des Services personnels du Chef de l'État.
«UN TOURNANT DÉCISIF».
Dans son discours du 6 décembre 2020, le Chef de l’État tire un trait sur la coalition FCC-CACH. Il livre le bilan de ses consultations menées en novembre, annonce les décisions qui en découlent dont la principale est la fin de la coalition FCC-CACH.
« Mes chers compatriotes, je vous ai consultés, vous m'avez parlé ». Il énumère les problèmes et les recommandations qui sont remontés des consultations nationales : instabilité, insécurité, gouvernance démocratique, corruption, emploi des jeunes et place des femmes, la liste est très longue, mais «la colère a été prise en compte».
Ce qui a été mis en avant, explique-t-il, c'est « le rejet » de la coalition gouvernementale FCC-CACH. «Elle ne m'a pas permis de mettre en œuvre mon programme et de répondre aux attentes des Congolais», déclare-t-il. Il parle d’une situation de «crise persistante» et d’un blocage parlementaire en évoquant l’exemple de la nomination des juges de la Cour constitutionnelle. Résultat des courses : le président de la République affirme ne plus pouvoir se résoudre au statu quo et souhaite obtenir une nouvelle majorité. «La majorité actuelle s'étant effritée, une nouvelle majorité est nécessaire», explique-t-il dans un discours retransmis en direct par la chaîne publique Rtnc. Il parle d'un «devoir collectif» de sursaut et d'un «tournant décisif dans la construction démocratique».
Et annonce la désignation prochaine d'un informateur chargé d'identifier une nouvelle coalition gouvernementale possible au sein des députés.
« J’ai décidé de nommer un informateur (…). Il sera chargé d’identifier une nouvelle coalition réunissant la majorité absolue des membres au sein de l’Assemblée nationale ».
Il agite la menace d’une dissolution de l’Assemblée en cas d’échec de cette recherche de nouvelle majorité au nom de «l’union sacrée » qu’il souhaite.
«J’userai des prérogatives constitutionnelles qui me sont reconnues, pour revenir vers vous, peuple souverain, et vous demander une majorité». Le peuple qui sera l'ultime recours...
Dans le camp Kabila d'alors, on accuse le président d’avoir tenté de débaucher des députés FCC par la corruption. On redoute «des remèdes pires que le mal». On explique que «pour mettre fin à un mariage, il y a un débat au sein de la famille. Il n’y a pas eu ce débat». On poursuit qu’«un informateur ne peut être nommé qu'en l'absence d'un Premier ministre». Or, il y'en a un en place ! On prend acte de la décision du président de mettre fin à la coalition. Mais on présente «la seule issue possible»: «aller vers ce que la Constitution prévoit de manière formelle : la cohabitation. Parce qu'il a été élu président de la République et que le FCC est détenteur de la majorité parlementaire, celle qui doit former le gouvernement».
Un lanceur d’alerte Jean-Jacques Lumumba, coordonnateur d'Unis, Réseau panafricain de lutte contre la corruption, appuie le diagnostic posé par le président de la République mais se dit réservé sur la solution adoptée et sur le rôle de l'informateur annoncé : « Nous aurons un informateur qui sera sans doute celui qui va porter tous les problèmes. Il devra identifier une majorité qui est composée de plusieurs partis de l'ancien FCC dont nous savons comment la majorité a été constituée».
Parmi ceux qui saluent la nouvelle Union Sacrée, on compte l'ancien gouverneur du Grand Katanga, opposant anti-Kabila, Moïse Katumbi Chapwe, qui estime que Félix Tshisekedi a apporté une réponse idoine aux attentes du pays. Sur Twitter, il appuyer la volonté du président de chercher les moyens de répondre aux besoins des Congolais.
«L’homme Organe» a regagné le pays. Celui qui a le contact direct avec le président de la République avec lequel il s’entretient au téléphone au moins tous les deux jours, de qui il reçoit mission de déminer tous les dossiers sensibles, est célébré le 30 mars 2019 lors d'un banquet, organisé pour sa nomination par Jacques Tshimbombo Mukuna, en sa résidence, avenue Kananga à Binza Pigeon. Qu'est-ce qu'on n'y a pas entendu ce jour-là comme discours alors qu'une pluie diluvienne s'abat sur la ville et tente de disperser la rencontre ! Kitenge Yesu se réjouit : « Ce soir, la République n’est ni à Kingakati, ni à la Cité de l’Union Africaine (où le nouveau président a trouvé un logement provisoire, ndlr). Monsieur le Président de la République honoraire Joseph Kabila, si vous cherchez la République, elle est ici. Monsieur le Président de la République, Chef de l’État Félix Tshisekedi, si vous cherchez la République, vous savez où elle est. Ici se trouvent le FCC, le CACH. L’Ensemble est ensemble avec nous ici… ». Puis : « Ce soir, je suis le Haut Représentant, sans coloration ni formules mathématiques complexes ! Ma mission, c’est assembler pour la Nation, au nom du Président de la République pour la Paix. Majorité, coalition, cohabitation, n’ont pas tellement de signification pour moi. En Afrique, les Mânes de nos Ancêtres, avec en tête Afra, le Saint Patron de l’Afrique, recommandent que celui ou ceux qui ont gagné les élections assemblent. Qu’elles soient législatives, sénatoriales, présidentielles. L’Afrique de part en part a échoué pour avoir transgressé ce principe immémorial. Le Parlement et le Sénat ne réussiront rien sans le Président de la République. Par voie de conséquence, Lui non plus ne réussira rien sans les autres. Mettons de côté les calculs, voyons le peuple, dont certains d’entre nous parlent peu. Je refuse et je récuse une confrontation entre Kabila et Tshisekedi ».
Puis, il demande à l’assistance de lui dire le nom du plus grand parti du Congo. «Le plus grand parti politique de la RDC se nomme Misère. Qui en connaît le comité directeur et le président ? J’avoue sincèrement que je ne sais pas, vous non plus d’ailleurs. Et pourtant, ce parti couvre les 2 millions et demi de km2 de notre pays. CACH et FCC doivent travailler la main dans la main sans calcul ni calculette».
Il cite l’égérie partie, Mpongo Love pour qui, «il n’y a pas de machine à calculer les amours. CACH et FCC doivent être l’addition de convergences des combats communs, des objectifs communs, nobles dans la noblesse. Tout cela dans la sagesse. Oui, sagesse d’abord car la sagesse est la boussole de la vie». Puis: «Du Liberia, on dit: «si vous avez compris quelque chose sur le Libéria, c’est qu’elle vous a été mal expliquée ! Évitons que l’on dise la même chose de la RDC »».
Au tour de Jacques Tshimbombo : «Notre devoir de reconnaissance envers le Président de la République est d’autant plus important que la fonction confiée à notre frère lui permet d’occuper une position protocolaire élevée au sein de l’État (…). Ce qui est arrivé à notre frère et ami Yesu est, à vrai dire, le fruit du rôle qu’il a joué dans l’ombre auprès de celui qui, sans que personne ne sache rien, allait inexorablement devenir le Président de ce pays. Yesu a cru de façon inébranlable en Félix. Voilà ce que procure la fidélité à une personne et la foi en elle ».
Il poursuit : « Le Président de la République a misé sur un cheval gagnant. Yesu est un oiseau rare comme en témoigne sa très riche trajectoire politique. Il n’a pas été que grand commis de l’État. Il demeure un grand homme d’État. Le voilà rattrapé aujourd’hui par la politique, lui qui croyait s’en être éloigné pour toujours ».
Puis : «Celui qui représente un Puissant est, du coup, un puissant. (…) Notre grande joie est de compter parmi nous quelqu’un qui est très proche du Président de la République. Nous avons désormais un pont pour approcher plus facilement le magistrat suprême de notre pays. C’est ce qui importe pour l’instant, à mon humble avis».
L’homme à l’honneur reprend la parole. Il fait une repartie par une note d’humour : « Quand j’ai amené le Grand Kasaï chez le Président de la République le 4 février, personne ne m’a demandé mes coordonnées. Ce soir, je constate qu’il y a une forte demande et je me suis préparé en conséquence. Les cartes de visite du Haut Représentant vous ont déjà été distribuées ».
Et, fin des fins : «Lorsque je faisais le tour des tables, quelqu’un m’a dit : « Vous êtes notre fenêtre sur la Présidence ». Au lieu d’une fenêtre, c’est une porte qui restera toujours ouverte. Et, je compte sur vous. Je travaillerai avec vous. Travaillons ensemble. Soyez réceptifs à mes sollicitations. Que mon message parvienne à qui de droit (au pluriel) et qu’il soit entendu. L’assistance ici présente leur sait gré !»». Ses nouvelles fonctions en mains, il se déploie comme jamais auparavant. Ses tweets au style cinglant font fureur, adulés dans les milieux de «jeunes révolutionnaires».
On sent qu’il annonce toujours ce qui va se produire.
En vérité, je n'ai pas vu un homme autour du Président qui pouvait opposer à Kitenge Yesu un point de vue qu’il ne partageait pas.
IL EST RANGÉ AU PREMIER RANG.
Lors des consultations présidentielles du Palais de la Nation et de la constitution de l’Union Sacrée de la Nation, Kitenge Yesu est rangé au premier rang. C’est lui et lui seul qui en constitue les listes et les fait parvenir à la présidence de la République. Sa connaissance de la scène le met en position de porter des jugements clés.
Mars 2021. Il n’avait jamais à ce jour été autant sollicité par les acteurs politiques comme par les chefs de missions diplomatiques. Il n’avait jamais autant multiplié les initiatives. S’il ne quitte pas une posture qui consiste à se mettre loin des affaires publiques, il s’installe jour après jour dans son rôle de Haut Représentant et d’Envoyé Spécial du Président de la République. Il est comme jamais au cœur de la stratégie présidentielle.
Outre des rencontres avec des chefs des missions diplomatiques qui lui rendent continuellement visite à son domicile sur les hauteurs de la ville, à Binza Pigeon, comme à son cabinet, non loin de là, dans le quartier américain Gulf, il dépense sans compter son temps à recevoir diverses personnalités politiques sous divers formats. En plein dans sa fonction, il travaille à déblayer la voie en vue de faciliter la réalisation d’une vision politique déclamée par le Chef de l’État. Il ne cesse de me dire «mon fils (comme il m’appelle), tu vas voir le résultat».
Il m’apprend qu’une importante délégation de personnalités de son ethnie Songyé (Sud-Est), lui a rendu visite, que l’ancien chef de renseignement Kalev Mutondo a, dans le plus grand secret, franchi les deux portails de fer gardés de sa résidence. Recherché par la justice dans un procès à rebondissement lié aux droits de l’homme, Kalev Mutondo est venu solliciter son intervention espérant qu’il trouverait porte ouverte au Palais de la Nation.
Dimanche 21 mars, ce sont onze députés provinciaux sur les vingt qui forment l’Assemblée provinciale du Lualaba (capitale Kolwezi, l’une des provinces du Katanga démembré) connue pour être l’un des fiefs des Kabila avec le Tanganyka dirigé alors par Zoé Kabila Mwanza Mbala, le jeune frère de l’ex-président, qui franchissent les deux portails. Ils annoncent, depuis cette résidence, leur adhésion à l’Union Sacrée de la Nation «en vue de pérenniser, selon leur porte-parole, la reconstruction de la province entamée sous la houlette de SEM le Gouverneur Richard Muyej Mangez Mans, accompagné par l’Assemblée provinciale ».
Kitenge Yesu poursuit cette gymnastique avec une délégation de députés du Grand Bandundu (les trois provinces du Kwilu, Kwango et Maï-Ndombe) conduite par le Directeur général de la DGDP, Laurent Batumona Nkhandi Kham, coordonnateur des FPAU, les Forces Politiques Alliées de l’UDPS dont Kitenge Yesu est l’Autorité Morale.
Je n’oublierai jamais ce jour où il parvînt à réunir dans sa maison, sur les hauteurs de la ville, les leaders irréconciliables de la province du Sankuru.
Dans l’histoire du Congo, ce moment restera le plus remarquable. Sont présents des députés nationaux, provinciaux, des sénateurs, des personnalités dont l’un des Kabilistes de tous les temps, l’ex-Vice-Premier ministre en charge des Affaires étrangères Léonard She Okitundu avec néanmoins un absent de taille qui en dit long sur l’état d’esprit qui règne dans la nouvelle opposition, le sénateur Moïse Ekanga Lushyma.
L’homme qui est alors président de la Commission économique et financière de la Chambre haute, hier tout puissant financier des programmes sino-congolais (sur papier secrétaire exécutif du Bureau de supervision du programme RDC-Chine, avec siège le long du fleuve à deux encablures de l’Hôtel du Gouvernement) reste à ce point lié à la personne de l’ex-président qu’il sera le dernier des Mohicans à rallier l’Union Sacrée de la Nation s’il y parvient. Si Moïse Ekanga Lushyma s’est annoncé à ces longues palabres, il a fini par y renoncer expliquant qu’il se trouvait hors de la capitale quand il s’y trouvait. Rarement ceux qui ont des intérêts économiques communs ne sont venus à se détacher.
Qu’importe ! Après des rencontres préparatoires, les notables du Sankuru sont reçus trois fois d’affilée, samedi, dimanche, lundi. L’une des réunions s'est déroulée pendant sept heures. C’est après un compromis qu’une réconciliation est scellée. D’abord entre les députés provinciaux et leur gouverneur Joseph Stéphane Mukumadi. Ensuite entre trois frères ennemis Franck Diongo Shamba, Jean-Charles Okoto Lolakombe Okoto et Lambert Mende Omalanga.
S’en suit un repas de famille consacrant cette entente. Une vidéo virale sur les réseaux sociaux immortalise ce moment : à la résidence de Kitenge Yesu, sous sa pergola, l’œil et le doigt en l’air, «l’Organe-Oracle» ordonne : «Je ne veux plus rien entendre qui puisse les diviser. Tout différend est clôturé dès maintenant».
S’ensuivent deux Amen. Signe d’une reconnaissance de leadership. Le Sankuru est connu pour l’une des provinces du pays les plus difficiles politiquement avec des querelles voire des guerres ethniques vivaces conduisant à des tueries et à des incendies de villages entiers. Qui d’autre pouvait accomplir ce miracle ?
Le fils ne partait jamais en voyage sans le dire à son père. Sur le chemin de l’aéroport, il me faisait toujours venir à son domicile pour me saluer et me souhaiter «bon voyage, mon fils». Puis : «reviens vite mon fils».
Grande fut ma douleur lorsque contraint et forcé par une invitation pour une dose de Covid-19, j’atterris à Bruxelles le samedi 29 mai 2021 et que lundi 31 mai au matin, un coup de fil retentit sur mon téléphone. Il vient d’un homme proche du Président de la République. L’homme m’explique qu’il a une terrible nouvelle à m’annoncer avant qu’il ne la donne au Président de la République. J’ai un sentiment de surprise et d’inquiétude.
-«C’est quelle nouvelle ?». Je pose la question.
« Je vous informe avant d’en informer le Chef… », me répète-t-il.
C’était la disparition de Kitenge Yesu que deux jours avant, j’avais été saluer à son domicile sur le chemin de l’aéroport!
Je me trouvais en voiture vers le centre de vaccination anti-Covid-19. Sous le choc, je décide d’appeler Jacques Tshimbombo Mukuna pour lui dire qu’ayant appris la terrible nouvelle, j’ai décidé d’abréger mon séjour et je vais trouver un vol retour le jeudi 3 juin. Réponse surprenante de Jacques Tshimbombo Mukuna clairement surmené : « Tryphon, tu m’as laissé toute la charge de ton père. Tu reviens jeudi soir. Jeudi midi, j’aurai enterré ton père. Tu iras le voir au cimetière ».
Lors des derniers hommes que lui rend la classe politique dans la cour de l’hôpital du Cinquantenaire devant le Président de la République arrivé en compagnie de son épouse, la Distinguée Première Dame, Denise Nyakeru Tshisekedi, l’ancien ministre du Budget François Mwamba Tshishimbi qui coordonne le Comité présidentiel de veille stratégique au bureau du Président de la République, loue « les qualités managériales de ce fin stratège entré en politique à l’âge de 17 ans ». Il le décrit comme «un organe tant il fut le cerveau moteur des stratégies politiques ayant abouti à la création de l’Union Sacrée de la Nation pour porter la vision du Président de la République».
Jacques Tshimbombo Mukuna a ces mots : «Kitenge Yesu était un commis de l’État, loyal et inflexible. Il était l’épée et le bouclier du Président de la République».
À mon retour ce jeudi-là aux environs de 19:00’, je ne comprends toujours rien à ce qui était arrivé.
Si j’ai une petite idée dans la tête, je voulus attendre quelques jours pour me ressaisir avant de me rendre à la résidence de Jacques Tshimbombo pour qu’il me dise ce qu’il s’est passé et comment cela s’est passé. Mais le 24 juin au matin, je reçois un message que Jacques Tshimbombo s’est éteint dans la nuit. Je suis convaincu qu’il s’agit bien sûr d’un fake news comme il y en a sur les réseaux sociaux. Pourtant, ce fut un autre coup de tonnerre en moins d’un mois. Le proche entourage du Président est à nouveau frappé et comment ! Terrible !
Lundi 5 juillet à ces obsèques, je suis présent. Je suis assis deux rangées derrière le Président de la République et la Première Dame clairement marqués par des morts en série. Je ne comprends pas ce qu’il se passe et pourquoi. Dans le plus proche entourage présidentiel, une page est tournée...
T. KIN-KIEY MULUMBA.