Crime de lèse-majesté, le Palu rejette l’arbitrage de l’Autorité Morale de la MP
  • mar, 10/04/2012 - 09:18

LE SOFT INTERNATIONAL N° 1161 DATÉ 09 AVRIL 2012
Contrairement aux apparences, le Palu n’a jamais été véritablement un partenaire docile ni pour la Majorité ni pour le Président de la République, Autorité Morale de la Majorité.
Tout au long de la dernière législature, il s’est laissé gaver de lait, de miel, de bonbons, de fromage, de viande, de caviar, de Champagne à gogo, mais rien n’avait été très bon pour lui. Le Palu en réclamait et en réclamait davantage et avait mis plus d’une fois le Président de la République dans l’embarras.

C’est certainement ce tempérament british qu’on lui connaît qui a permis au Chef de l’Etat de traverser le 1+4, puis cette sorte de cohabitation en se faisant avaler des couleuvres...
La situation politique du Palu qui tira profit du duel Kabila-Bemba qu’il «arbitra» en 2006 est fort complexe. Face à son chef de parti octogénaire qu’ils croient en fin de vie sinon physique du moins politique, chacun des «Mfumu Mpa» (nouveau chef, jeune premier) sent le moment venu pour avancer le pion: lui-même..
Godefroid Mayobo Mwene Ngantien lança sa «Fondation» et ses «Amis» qui, en 2008, faillirent creuser sa tombe face à une bronca de la base. Il y verra la main d’en face, celui de son adversaire de tous les temps Adolphe Muzitu Fumunji. Premier ministre et disposant d’énormes capacités financières - au moins 2 millions de dollars américains par mois pour le fonctionnement de son cabinet avant que l’actuel ministre des Finances Augustin Matata Ponyo ne réduise cette somme à huit cents mille dollars par mois versés quand cela lui plaisait - et d’un puissant groupe media dont une toile d’araignée de radios et télés et d’avions dont un vient d’être vendu à vil prix ayant été acquis pendant les années fric sans étude de rentabilité, Muzitu a su à loisir renforcer ses positions à l’interne au Palu et à l’externe sur l’échiquier national. Il pouvait compter sur l’épouse du patriarche Anne Mbuba Gizenga qu’il enbeda dans son camp, obtenant qu’elle fasse fléchir plus d’une fois les positions du patriarche octogénaire.
Homme de principes, le premier ministre honoraire avait récemment menacé Muzitu d’exclusion du parti expliquant que l’homme avait «franchi la ligne rouge», qu’il ne respectait plus les valeurs cardinales du parti.
D la guerre que se livrent Mayobo et Muzitu, le cœur de Anne Mbuba Gizenga s’est souvent incliné du côté de Muzitu à la suite de petits présents qu’il offre assez généreusement mais du fait que si Mayobo est originaire du lointain territoire de Bagata et depuis peu s’est trouvé une niche à Kenge dans le Kwango où il s’installe en fermier et s’est fait élire en 2011 - la ville de Kinshasa était devenue trop dangereuse pour les dirigeants du Palu et où aucun ne s’est présenté, tous ayant préféré aller sur des terres encore moins polluées d’arrière-pays - et que, outre cela, il est Yansi, Muzitu qui est Kweso, n’est donc Pende qu’en partie et provient des secteurs de Kobo et de Mudikalunga proches du secteur de Gungu dans le territoire de Gungu dont est originaire Anne Gizenga. Il faut signaler que si Gizenga est Pende de Gungu, il vient tout du secteur de Kandale...
Dans un processus de lutte politique opaque et où chaque détail a son importance, Muzitu est à la cour du Palu plus à l’aise que Mayobo vers le cœur de qui celui du vieux patriarche penche au grand dam de la tribu dont l’un des plus redoutables est l’homme d’affaires Florentin Kage, jadis exportateur de bois de grumme de Parcafrica et, pkus est, oncle de Anne Mbuba Gizenga. En rejetant de manière aussi ostentatoire l’arbitrage du Chef de l’Etat, le Palu a poussé trop loin le bouchon. Il s’est trompé d’époque.
Alors qu’en dépit de moyens colossaux, il n’a en 2011 sur papier que moins de dix Députés élus contre une trentaine en 2006 quand il passait pour «le parti du Portefeuille de Lumumba», le faiseur de rois a cru à tort qu’il était toujours en position de dicter sa loi. Si dans les éditions de samedi 7 avril, des tabloïds kinois ont longuement évoqué Mayobo, c’est Muzitu qui réclamait le poste de 1er Vice-président de l’Assemblée nationale. Après un chaotique passage à la Primature, l’homme le plus décrié du pays pour son insolent enrichissement au centre de plus d’un scandale, aurait été retoqué et n’aurait pu passer les feux de la rampe, lors d’un scrutin secret ou public.

UN CHEF D’ETAT N’EXPLIQUE, NI NE JUSTIFIE SES CHOIX...
Fort de ses médias, il voulait une nouvelle épreuve de force avec Kabila comme il l’a fait tout au long de son passage avenue ex-3-Z aujourd’hui Roi Baudouin. Il avait imprudemment surévalué ses forces et celles du Palu et pensait à une crise qui bloquerait la Majorité comme il avait souvent fait peser la menace tout au long de la législature passée à un moment aussi dangereux où la Cour suprême de justice saisie de recours en contestation attend de dire son dernier mot sur les irrégularités et fraudes massives dénoncées lors des scrutins du 28 novembre.
Pour avoir toujours rejeté l’offre de la Majorité de la rejoindre expressis verbis, le Palu ignorait la logique du regroupement majoritaire dont il a longtemps tiré profit.
L’Autorité Morale a toujours lancé le débat et l’a toujours laissé libre et ouvert mais c’est à l’Autorité Morale que revient le dernier mot pour lever les options et montrer le chemin. Comment penser que cela ait pu être différemment et dans quel pays du monde?
Kabila qui n’a jamais su comment il a pu traverser le régime du 1+4 quand il eut l’impression de s’être transformé en président de conseil d’administration au lieu d’être le chef derrière qui les troupes se rangeaient - plus encore aujourd’hui du fait de la légitimité populaire qu’il est le seul à incarner - ne pouvait accepter de rééditer cet exploit.
En 2006, le MSR avait cédé son quota au Bureau de l’Assemblée nationale à Christophe Lutundula Apala Pen Apala du MSDD élu 1er Vice-président dans le ticket Kamerhe simplement parce que le candidat président Kamerhe avait sollicité le soutien d’un juriste pour conduire la Chambre basse et son choix avait porté sur Lutundula. Le Président le lui accorda. Le MSR dit Alléluia!
En 2011, le même MSR, pourtant deuxième force parlementaire de la majorité, avec une trentaine de Députés contre moins de dix pour le Palu, a été prié de ne prétendre qu’au troisième poste hiérarchique du Bureau. Le Président ayant de faire plaisir au Palu. Le MSR dit Alléluia en acceptant de boire le calice jusqu’à lie et d’émigrer en province Orientale alors qu’il aurait voulu donner un candidat du Maniema! Il n’est pas le seul... Quitte à ce que le peuple l’en sanctionne, face aux demandes qui s’expriment, un Chef d’Etat n’a ni à expliquer, ni à justifier les choix qu’il opère et qu’il est le seul à assumer devant le peuple...
C’est ce Palu dans la législature de 2006 qui imposa son ordre à la majorité. Exception faite du ministre Martin Kabuelulu venant du Katanga - du fait de son épouse amie de longue date de la 1ère Dame du Palu, puis de Jean-Baptiste Ntahwa Kuderwa, natif de Ngweshe, dans le Walungu au Sud-Kivu, ministre du Budget trouvé par Muzitu au ministère comme secrétaire général et qu’il recruta pour espérer s’en servir, il n’avait de ministres et de P-dg que des personnes de l’espace Pende-Ambuun de Gungu et d’Idiofa.
Même le rigoureux ambassadeur disparu feu Augustin Katumba Mwanke avait fini par prendre ombrage devant «l’esprit cotérique d’un Palu prétendument nationaliste». Une petite plongée dans le Bandundu suffit de voir comment la province regarde le ciel et crie vengeance. Ce n’est pas le territoire Mbala de Masimanimba à l’ouest - opposé à celui de Gungu pour des raisons historiques depuis la guerre Kamitatu-Gizenga à l’Assemblée provinciale de Léopoldville - qui pouvait espérer quoi que ce soit du règne Palu. En 2006, le territoire lui a donné 5 Députés dont il a littéralement tiré argument pour se prévaloir sur l’échiquier politique. Pas une miette n’a été laissée à Masimanimba.
Le message a été compris par la population. En 2011, c’est une cinglante défaite qu’il lui a réservé à l’instar de Bulungu voisin. N’eussent été ces opérations de la Céni, le Palu n’aurait pas aligné cinq Députés à la Chambre basse. Preuve: dans la Tshangu - fief Mbala par excellence - l’élu Palu vient de... l’Equateur. Sur les 15 sièges. Le Palu est un has been.

D. DADEI

LEGENDE :
Quand l’un (Muzito à g.) fut ministre du Budget avant de devenir Premier ministre, l’autre (Mayobo à dr.) fut ministre d’Etat auprès du Premier ministre Gizenga. LE SOFT NUMERIQUE.

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