Quand juges, médias et ONG prennent le parti d’une pieuvre financière
  • dim, 24/01/2021 - 00:45

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1514|VENDREDI 22 JANVIER 2021.

Cela prend et on pourrait se mettre à rêver d’un Etat de droit, respectueux des sacro-saints principes consacrés. Il faut hélas ! désespérer. Le pays est loin du compte. Mais il faut tenir bon...
Dans nos cours et tribunaux, par exemple, seul vaut le carton de billets verts que l’on porte au juge pour se le payer...
Un ministre au parler vrai - faut-il en rire ou en pleurer ? - avait eu des mots difficiles mais vrais.

En charge de la Justice au moment de la «passation civilisée du pouvoir» en janvier 2019, Alexis Thambwe Mwamba aujourd’hui président du Sénat, traite le 18 octobre 2017 le magistrat congolais de «Trois V». Devant le Conseil supérieur de la magistrature, il explique que «l’arrestation et la détention sont devenues un instrument d’intimidation et de terreur contre les inculpés pour les amener à libérer leurs avoirs, avec à la clé le fameux principe et objectif de «3V» : V comme Villa, V comme Véhicule et V comme Veste que tous les magistrats cherchent à avoir par l’exercice d’une profession, qui jadis, fut un apostolat».

«Pour des peccadilles comme pour les faits purement civils, le ministère public est prêt à priver de liberté l’inculpé dans le seul but d’obtenir de celui-ci des sommes d’argent pour accorder la liberté provisoire».
De la presse congolaise, il ne dit pas mieux. Le 20 juillet 2018, lors d’un cadre de concertation avec la Commission électorale nationale, il déclare qu’elle est composée de «minables», de « misérables» et de «malheureux». «Il suffit d’un 300 US$ pour se payer quel titre on veut à la une d’un journal».

Il aurait dû lâcher une charge similaire contre les ONG, ces entreprises de commerce rayonnantes qui n’existent que grâce à des fonds de coopération étrangère et qui ont cessé désormais d’être des modèles si jamais elles le furent un jour.

«SELON QUE VOUS SEREZ PUISSANT OU MISERABLE».
«Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir», avait prédit déjà, ce poète français de grande renommée pour ses fables et ses contes, Jean de La Fontaine.
Dans ce Congo aujourd’hui certainement plus que jamais dans le passé, juges, médias, ONG n’existent que parce qu’ils coopèrent parfaitement avec la maffia.

Les enquêtes par exemple de l’IGF, l’Inspection Générale des Finances, qui empêchent la pieuvre financière congolaise de dormir en paix, ne trouvent pas, sauf exception, preneur dans certains médias. La pieuvre se paie des magistrats pour empêcher que ceux-ci disent le droit. Les juges eux-mêmes trafiquent des projets des jugements auprès de la pègre pour les alerter et lever les fonds. Ils disent être mal payés - ce qui est vrai. Il n’existe pourtant pas un seul juge qui accepterait d’ôter sa blouse pour une autre fonction. C’est le cas aussi de nombre de patrons de presse.

Le secteur rétribue trop mal mais que de sites d’information fleurissent... mais où trouvent-ils de l’argent pour les créer, les faire exister? Mêmement pour la presse classique - journaux, radios, télés. Comment vivent ces médias sans redevance radio et télé, sans accès payant, sans publicité, sans public lectoriel? Rien que le financement politique provenant de la pieuvre et de ses multiples tentacules disséminées pénétrant même dans des vies privées voire intimes par la corruption pour tenter de faire triompher sa cause. Ainsi, quand l’IGF effectue une mission de contrôle des finances dans le Lualaba par exemple, c’est la LICOCO, une ONG disant «lutter contre la corruption» qui s’est émeut.

La mission serait «en violation de la loi», dénonce-t-elle, haut et fort dans une opération de jeter le discrédit sur la nouvelle direction. «Depuis la nomination de l’Inspecteur général des Finances et chef de Service à l’IGF par le Président de la République, des missions de contrôles lui ont été données pour contrôler la gestion financière des différents services de l’Etat en République démocratique du Congo.

Ces missions de contrôles de l’IGF sont effectuées parfois, en violation de l’Ordonnance n°87-323 du 15 septembre 1987 portant création de l’Igf, telle que modifiée et complétée à ce jour», attaque la LICOCO dans un communiqué officiel signé de la main de son secrétaire exécutif, Ernest Mpararo.

Une LICOCO dont l’adresse est inconnue qui se dit interface de Transparency Internationale, épingle le cas de la mission d’enquête au Lualaba demandant au président de la République de l’annuler.

Courte réaction mais cinglante voire mortelle du service de communication de l’IGF qui évoque une «méconnaissance grave» de textes qui régissent le contrôle des finances publiques et des attributions dévolues à corps d’inspecteurs citant l’article 46 de la Loi N°08/12 du 31 juillet 2008 portant Principes fondamentaux de la libre administration des provinces qui dispose ce qui suit : « les comptes des provinces et ceux des différentes entités territoriales décentralisées sont soumis au contrôle de l’inspection générale des finances et de la Cour des comptes», expliquant que «l’attitude de la Licoco et de tous ceux qui la soutiennent apportent un soutien indéfectible à la pègre financière qui ronge le développement de la R-dCongo».
ALUNGA MBUWA.


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