Le général Yav est soupçonné d'«avoir planifié un coup d'état avec une puissance étrangère»
  • lun, 26/09/2022 - 15:54

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1561|LUNDI 26 SEPTEMBRE 2022.

On en sait un peu plus sur l'arrestation et la détention le 20 septembre du lieutenant-général Philémon Yav appelé aussi «le Tigre» à la prison centrale de Makala, à Kinshasa. Interrogé à New York où il prenait part à la 77e session ordinaire de l'Assemblée générale des Nations-Unies, le président de la République Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo a déclaré sur les deux chaînes françaises France 24 et Rfi : « J'ai cru comprendre qu'il était accusé par certains de ses collègues de les avoir contactés au nom du Rwanda pour qu'ils puissent lever le pied et permettre au M23 de passer aisément et de prendre la ville de Goma. Mais, les enquêteurs sont à pied d'œuvre pour le moment».

DE CONNIVENCE AVEC L'ENNEMI.
Depuis le 13 juin 2022, le mouvement M23 s'est emparé d'importantes localités du territoire de Rutshuru dans le Nord-Kivu dont la stratégique cité riche en mines de Bunagana que mouvement contrôle, au nom du Rwanda, jusqu'à ce jour.

Mais les FARDC n'ont jamais osé la moindre opération de reconquête de ces entités, ce dont se plaint la société civile locale qui y voyait une connivence avec l'ennemi.

En 2012, le même groupe armé avait réussi à prendre la ville de Goma avant de se retirer un mois plus tard à la suite des pourparlers tenus et facilités par Kampala.

Puis, retranchés à une vingtaine de kilomètres de la ville, les rebelles avaient été défaits par l'armée congolaise au lendemain de la visite à Kinshasa du président sud-africain Jacob Zuma qui s'était adressé aux députés et sénateurs congolais avec à la bouche ces mots : «Enough is enough. Time for peace is now» (Trop c’est trop.

C’est maintenant le temps de la paix) sans citer nommément, le M23 et le Rwanda. Puis, le président sud-africain de poursuivre: «La souffrance du peuple congolais est aussi notre souffrance. De même sa prospérité. La misère ne peut plus continuer et ne sera plus tolérée».

Katangais, le général Philémon Yav, un proche de l'ancien président Laurent-Désiré Kabila, puis de son successeur de fils Joseph Kabila qu’il a connu dans les années 1990 au sein de l’AFDL, l'Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo, à la tête de la 3e zone de défense (qui comprend les provinces du Nord et Sud-Kivu, du Maniema ainsi que de la Tshopo) qui était en même temps commandant des opérations militaires coordonnées avec l'Ouganda contre le M23 au Nord-Kivu, est donc cette fois soupçonné de tenter de rééditer les exploits passés.

DEPOUILLES D'ARMES LOURDES.
Dans une interview à France 24 et Rfi, diffusée les 23 et 24 septembre, le président de la République Félix-Antoins Tshisekedi Tshilombo parle d'«une main noire», «des forces obscures», «d'une tentative de coup d'état», «des personnes ne parlant aucune langue du pays arrêtées au Maï-Ndombe et dans le Kwango», évoquant «une tentative de coup d'état».

On rappelle qu'au milieu des années 2000, Philémon Yav avait été accusé d’avoir fourni des armes aux FDLR, Forces démocratiques de libération du Rwanda dans un rapport des Nations unies, soutien présumé du Congo aux FDLR.

Le 22 septembre, 75 militaires proches du Lieutenant général Philémon Yav, ont été arrêtés puis relaxés mais dépouillés de toutes les armes lourdes qu’ils avaient en leur possession.

Ils ont néanmoins été autorisés à rester avec leurs armes individuelles, ont précisé des sources, expliquant qu'«il s’agit d’une mesure préventive suite aux soupçons de haute trahison et de tentative de coup d’Etat qui pèsent sur le lieutenant général Philémon Yav détenu au pavillon 8 de la prison centrale de Makala ».

Un coup d'état que « le Tigre planifiait avec une puissance étrangère ».
ALUNGA MBUWA.


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