Le Député (de Bodjala, Opposition MLC) Jean-Lucien Bussa Tongba.
Le Cabinet harcelé
  • dim, 07/10/2012 - 09:28

Quand l’état de la Nation impose la cohésion, la Chambre veut la fronde. Ils ne savaient plus où donner de la tête, les ministres Matata. A peine le 15 septembre la Chambre a-t-elle sonné la rentrée que les ministres enregistraient - Démocratie oblige! - les premières questions orales et même les interpellations. Le Premier d’entre eux - le Premier ministre, Chef du Gouvernement de la République Augustin Matata Ponyo Mapon - n’était pas logé à meilleure enseigne.
LE SOFT INTERNATIONAL N° 1192 DATE VENDREDI 5 OCTOBRE 2012
Les Députés de la Majorité Présidentielle avaient dû ferrailler fort - en tête l’un d’entre eux Pius Mwabilu Mbayu Mukala - pour repousser une initiative qu’avait mitonné l’un des plus brillants sujets de l’opposition.
Le législateur est si sage...
Avant de se prendre un ministre ou... encore un Premier ministre, Chef du Gouvernement dans ses crocs - il faut bien que l’élu passe lui-même des épreuves... et des épreuves qui en sont de vraies - devant ses pairs!
«Il faut d’abord que tu nous en aies convaincu avant d’avoir l’autorisation de te croquer un membre du Gouvernement», paraît avoir voulu dire le législateur...
En clair, il faut rédiger d’abord une dissertation et passer l’épreuve du feu en venant la soutenir en plénière et c’est seulement si l’épreuve est concluante que l’élu peut se faire le membre du Gouvernement...
En clair recevoir le laisser-croquer. Le blanc-seing, l’approbation de la Représentation nationale.
A cet exercice, ce n’est pas toujours le plus brillant qui l’emporte!
C’est comme au grand oral des présidentielles, les surprises sont souvent là où on s’attend le moins. C’est le duel Hollande-Sarkozy du 2 mai avec le «Moi Président...» de Hollande. Ce paraît être le cas du match aller Obama-Romney Mittney à Denver au Colorado dans la nuit de mercredi à jeudi. Au Salon Congo du GHK transformé depuis le 15 septembre en ring politique de l’Assemblée nationale, le Député Jean- Lucien Bussa Tongba, attaquant de choc d’opposition, était parti avec toutes les faveurs des sondages. Sur des radios et les télés, il avait fait des séances de musculature.
Il avait juré vouloir interpeller le Premier Ministre Augustin Matata Ponyo Mapon se défendant néanmoins de vouloir faire le jeu des «caciques du PPRD», expliquait-il, ajoutant avec dégoût: «Regardez bien ma tête: vous me voyez faire le lit de ces gens-là!». Il ne manque pas de répartie, ce Député qui avait fait ses classes sous Mobutu, sous un certain VTP, Vunduawe te Pemako!

CE TUEUR D’OPPOSANTS.
Il avait réuni une soixantaine de signatures d’opposants. Certains au sein de la majorité auraient pu être tenté de le suivre... et de tomber dans le malin jeu!
Dans ce jeu, on sait cependant comment on y vient. On ignore comment on en sortira, vivant ou mort, marchant debout droit dans ses bottes ou allongé dans un cercueil!
Certes la Majorité a la majorité mais qui ignore un certain Modeste Bahati Lukwebo, revoulant la Questure, en fit boire jusqu’à la lie sa propre Majorité!
De là la contre-attaque musclée du Député Pius Mwabilu Mbayu Mukala.
Cet ancien du parti présidentiel PPRD, président de son propre parti CNC (Congrès National Congolais), président du Groupe parlementaire Terre d’Avenir, TA en sigle (dont les membres au Gouvernement sont Baudouin Banza Mukalayi Nsungu, Lambert Mende Omalanga, Tryphon Kin-kiey Mulumba, Raymond Tshibanda Ntunga Mulungo) a de l’expérience, certainement à revendre...
Député de transition 1+4, Député PPRD en 2006, Député CNC en 2011, il avait déjà mis un coup d’arrêt à une autre initiative républicaine - une question orale - d’un autre Député, Kanku Tshibuabwa Bukassa et un certain...
Député Jean-Lucien Bussa, le même - avait déjà voulu se payer la tête d’un Premier ministre, le Palu, Adolphe Muzitu Fumunji. L’élu de Budjala en province de l’Equateur, certainement le gardien du Temple MLC, avait affûté ses armes. Le décor avait été planté. Bussa avait passé avec brio les épreuves préliminaires devant ses pairs...
Tout comme avec la question orale de Kanku Bukassa.
Muzitu était bien enfoncé dans son fauteuil sur l’estrade de l’hémicycle du Palais du peuple, le texte de son grand oral en mains. La tension était à son comble. Les télés avaient tout mis en direct. Les projecteurs allumés. Le décompte avait commencé, le go était parti...
Quand Pius Mwabilu, ce mangeur d’opposants par excellence, demanda la parole par motion incidentielle... et broya la question de Kanku Bukassa.
Bussa lui, un certain 13 avril 2010 avait usé du même stratagème: 10 questions posées au Premier ministre Muzitu.
Ce fut dix-huit mois après la prise de fonctions du Gouvernement.

QUESTIONS INOPPORTUNES.
Lundi 1er octobre 2012 avait voulu être la grande répétition générale. Il était question d’entendre les Candidats questionneurs de ministres et du Chef du Gouvernement.
Des commissions d’enquête sont passées (sur la fibre optique, les Députés acceptent de laisser enquêter sur le retard mis par le pays dans le processus de connexion au câble du consortium sud-africain WACS, puis une autre sur le Go-Pass, la fameuse taxe d’embarquement IDEF mise en place par la RVA, les Députés voulant savoir où va l’argent), une question orale sur le secteur des ITPR, une motion sur les questions de Défense et de sécurité. Puis arrive la grosse, l’interpellation du Premier ministre Augustin Matata Ponyo Mapon initiée par Jean-Lucien BussaTongba...
Le Député de Budjala fait son annonce, la structure, avec cette même brillance d’intello qu’on lui connaît.
S’ensuivent ses pairs qui articulent dans le même sens... Avec la même brillance.
Pius Mwabilu Mbayo veillait au grain. Tenant de la documentation pour apporter sa démonstration, le président de Terre d’Avenir réclame la parole et l’obtient par motion. Remarque qu’alors Premier ministre, Adolphe Muzitu avait reçu les mêmes questions d’un certain Député Jean-Lucien Bussa Tongba. Le même! Dix questions à l’époque, onze questions aujourd’hui. Ou, le contraire, qu’importe!
La question clé: à l’époque, pour lâcher sa bombe, Jean-Lucien Bussa Tongba avait attendu dix-huit mois pour poser avec pertinence ces questions: guerres, violences urbaines et tracasseries policières, situation des déplacés de guerre, misère et précarité du peuple, économie, corruption et mauvaise gouvernance, justice et droits humains, développement des provinces et décentralisation, etc.
Voici que Matata n’a à peine que trois-quatre mois, Bussa veut lui poser ces questions qu’il avait posées à l’époque à un Premier ministre ayant déjà lancé son action.
Ne veut-il pas faire bénéficier à Matata des mêmes privilèges dont avait tiré profit Muzitu? Qu’est-ce qui explique cette précipitation inconsidérée?
La question, explique Pius Mwabilu n’est pas de savoir si les questions du Député de Bodjala sont pertinentes, la question est de savoir si ces questions sont opportunes aujourd’hui.
Et si ces questions n’arrivent pas au plus mauvais moment?
La représentation nationale s’apprêtait à débattre de la motion de défiance initiée à l’endroit du Vice-premier ministre en charge de la Défense Alexandre Luba Ntambo mais également alors que l’examen de la Loi des Finances publiques exercice 2013 a été approuvée par la Chambre basse, est engagée en commission ECOFIN et que cette loi de Finances n’est pas encore votée et n’est pas encore par dessus le marché appliquée!
En clair, sur quoi Bussa veut-il que le Premier ministre Matata s’explique?
Maligne, l’opposition a beau jeu d’expliquer qu’il s’agit que d’une «simple» demande d’explication, à ne pas confondre avec une motion de défiance.
Mais à nouveau, dans ce hémicycle, on sait comment on y vient, on ignore comment on en sortira...

INTERET NATIONAL LEGITIME OBLIGE!
Pour l’opposition, l’Assemblée Nationale, tout comme le Gouvernement, sont redevables vis-à-vis du souverain primaire.
La majorité ne devrait pas confondre fidélité et complicité, au risque un jour de se réveiller par un cauchemar, articule l’opposition. Bussa voulait que le Premier ministre s’explique sur la conduite de sa politique depuis son investiture, ce qui, à ses yeux, aurait été «un moment important de vie démocratique qui met le Parlement et l’Exécutif face à leurs responsabilités respectives, sous le regard du souverain primaire qui attend de toutes les institutions et, en particulier, de l’exécutif des réponses concrètes à ses multiples demandes sociales».
Vice-premier ministre en charge de la Défense, Alexandre Luba Ntambo, le ministre aux côtés du Président de la République en charge de la conduite de la guerre - aux Kivu - ne devrait-il pas bénéficier des circonstances atténuantes?
Alors que le pays fait fasse à la guerre et que le Vice-Premier ministre est de toutes les missions et de toutes les réunions, ne devrait-il pas le laisser au moins pour une saison terminer sa mission?
Selon des sources, le VPM Luba Ntambo était entre deux avions quand il a été rappelé - Démocratie oblige! - à se présenter devant les élus pour une séance d’interpellation.
Tout en reconnaissant leurs droits légitimes de contrôle de l’Exécutif, n’existe-t-il pas des moments - intérêt national légitime oblige! - où il faut taire ses divergences pour s’occuper du plus important? Ce moment n’est-il pas précisément celui-ci?
A-t-on déjà vu un général d’armée être démis alors que la guerre fait rage? Quand c’est la cohésion qui est recherchée, ce serait la meilleure façon de casser le moral de la troupe.
A quoi attribuer un harcèlement sans précédent auquel fait face l’équipe gouvernementale et donc cette tentation de fronde à la Chambre alors que par ailleurs le pays attend une fête rarissime dans son histoire et s’apprête à recevoir des monarques étrangers? A qui servirait la chienlit?
A raison, des Députés de la Majorité ont qualifié de «distraction» la tentative de vouloir interpeller le Premier Ministre, Augustin Matata Ponyo Mapon dont par ailleurs les succès sur le terrain paraissent si évidents. Sauf à ne pas vouloir voir...
T. MATOTU

LEGENDE : Le Député (de Bodjala, Opposition MLC) Jean-Lucien Bussa Tongba. LE SOFT NUMERIQUE.

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