L’immense banquier du Congo Thierry Taeymans a été placé derrière les barreaux à la prison de Makala
  • ven, 20/03/2020 - 03:34

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1484|VENDREDI 20 MARS 2020.

Il venait de la Belgique, il y a des années, avait longtemps travaillé à l’ex-BCZ (l’actuelle BCDC). Waterlotois (de la commune de Waterloo) tout craché, ce Belge francophone (Wallon) fier de l’être, n’a, pourtant rien, à proprement parler, de Belge, même cet accent caractéristique qui ne lui colle pas. Il faut peut-être bien ouvrir l’oreille pour tenter de retracer ces «r-r-r-r», ces «euuuh»... bruxellois.
Signe évident que grand amateur et collectionneur des bolides italiens (Porsche et Ferrari) qui n’avait jamais raté ces dernières années le moindre salon de l’automobile, à Paris, Genève ou Frankfort, n’aurait de lien que congolais...

COMME EN DEUIL.
Nul doute que cette immersion est à la base de la réussite de sa success story, sa banque Rawbank certes propriété de la famille milliardaire indienne majoritaire Rawji. Qu’importe!
Le personnel congolais auquel s’identifie ce Belge semble tout lui devoir.
Depuis son interrogatoire le 12 mars qui a conduit le Procureur général Alder Kisula (pour Gisula), un Mbala Kwilois du parquet général de Kinshasa-Limeté proche du PALU et, semble-t-il, de certains barons du PPRD, à lui délivrer un mandat de dépôt, les Congolais de la première banque commerciale du Congo multi primée en Afrique et dans le monde, ont la mine défaite regrettant cet homme, ce père, ce frère, cet oncle belge.
Ici, beaucoup se sentent comme en deuil. Chaque soir, ils rêvent au soi, le retour à la maison du Boss. Pourtant, chaque jour qui passe, c’est comme si l’ombre du Directeur Général s’éloignait un peu plus. «La banque apprend à tourner sans lui et ce n’est pas bon signe», s’alarme l’un de ces agents.
Pourtant, Rawbank qui détient de précieux dépôts de sa clientèle, ne paraît pas faire dans la dentelle et, mise au pied du mur, pourrait ne pas avoir d’état d’âme.

MAIN DERRIERE.
Dès le lendemain de l’incarcération de son patron cité dans l’affaire des dossiers des maisons préfabriquées dans le cadre d’un contrat d’Etat gagné par le Libanais Jammal Samih (de la société Samibo qui aurait touché en espèces la bagatelle somme de US$ 37 millions transférés immédiatement au Liban sans réaliser ses engagements), la direction de la communication s’est fendue d’un communiqué sibyllin de quatre paragraphes dont on retiendra que «comme chacune des opérations réalisées par la banque, Rawbank précise avoir respecté toutes les réglementations en vigueur» et qu’«en tant qu’acteur responsable et continuellement engagé dans la bonne gestion de ses activités, Rawbank reste à l’entière disposition des autorités judiciaires du pays».Guère un mot de plus...
Cherche-t-on à arracher des secrets bancaires bien gardés par ce Belge jovial au moment où l’Amérique républicaine ne veut guère badiner et qu’apparaît le nom de Marshall Billingsleas, le secrétaire adjoint Anti-financement du terrorisme de Trump au Département du Trésor? Profiterait-on de ce dossier pour aller pécher de gros poissons? Il est vrai qu’il n’y a pas d’affaire petite ou grande de ces dernières années qui ait eu lieu dans la Capitale sans que ce grand patron n’en ait été mis au courant ou n’en ait vu les feuilles bouger...
Fort dommage que cet homme de grande classe soit celui qui succède au Libanais peu scrupuleux Roger Yaghi passé par ces barreaux après qu’il eût mis en faillite sa banque Congolaise, condamné en 2011 à 20 ans de prison avant de faire la malle à la Carlos Ghosn, un autre Libanais évadé d’une prison japonaise.
D. DADEI.


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