L’Etat stratège se soucie avant tout d’une vision définie
  • ven, 17/06/2016 - 00:37

L’Etat stratège est celui qui se place au-dessus des contingences mais se soucie de réaliser une vision définie par son concepteur, laisse entendre le politologue Jean-Pierre Kambila Kankwende, Directeur de cabinet adjoint du Président de la République qui se demande «si une organisation politique qui impose des changements incontournables des dirigeants avec la pression de médias et celle du peuple lui-même n’aura pas tendance à pousser les politiques à se focaliser sur des questions de court terme».

J’ai choisi le jour de l’anniversaire de Son Excellence Monsieur le Président de la République pour vous parler du projet que ce Leader propose à la Nation congolaise.
Mon choix ne s’explique pas seulement par cette commémoration. Il s’agit pour moi de vous proposer une réflexion autour de l’idée de certains d’entre nous de demander à Son Excellence, Monsieur le Président de la République de rester aux affaires après cette année 2016. Beaucoup de Congolais, à l’instar de vous-mêmes membres de Kabila Désir Asbl considèrent que notre pays a encore besoin de Joseph Kabila Kabange.
J’aimerais, avec vous, faire comprendre aux Congolais qui hésitent encore et à ceux qui s’opposent à cette idée de prendre conscience que Joseph Kabila est à ce jour l’homme qui détient le projet le plus approprié pour sortir ce pays du sous-développement.
Alors qu’est-ce que la Révolution de la modernité? La Révolution de la modernité doit être entendue comme, une volonté, une démarche, une détermination à mobiliser les énergies et les intelligences congolaises en vue de les engager pleinement dans les efforts devant conduire la République Démocratique du Congo à l’émergence économique et sociale dans un laps de temps raisonnable. Nous sommes dans une politique volontariste située dans le droit fil des objectifs du progressisme tels que voulus par Patrice Lumumba et M’Zee Laurent Désiré Kabila.
L’objectif de Joseph Kabila consiste à faire de la RDC une société dans laquelle est redistribué équitablement le produit du travail national. Il faut pourtant reconnaître que la politique kabiliste ne saurait, à l’étape actuelle, privilégier la mise en place d’un Etat-Providence. L’Etat-Providence est celui qui organise le corps social de manière à ce que le besoin de base de chaque citoyen soit raisonnablement pris en charge par l’Etat. Dans un Etat-Providence, on insiste sur l’assurance maladie, l’assurance chômage, l’école obligatoire et gratuite, subvention des moyens de transport, etc. Il faut reconnaître que l’état actuel de notre économie ne saurait soutenir un système de redistribution d’une richesse encore potentielle, donc concrètement indisponible. Aujourd’hui, nous devons consacrer nos efforts à deux choses:
Premièrement: travailler à transformer notre potentiel en disponible utilisable, à faire de nos nombreuses ressources des véritables richesses.
Deuxièmement: à cette étape, la politique congolaise se doit d’initier, d’organiser et de mener à bon port la difficile et délicate étape du partage équitable des sacrifices qu’exige le progrès de tous.
C’est là que réside la particularité essentielle de la politique que propose Joseph Kabila à la Nation congolaise.
Il va sans dire que cette politique ne peut se faire rapidement et facilement. L’une et l’autre composante de ce binôme exige des efforts considérables. Pour accélérer l’atteinte de ce double objectif, la RDC a besoin d’un Etat stratège.
Pour pouvoir amener un pays sous-développé à l’émergence, plus tard au développement et enfin au niveau de grandes puissances, il s’impose que l’Etat se définisse et se donne un rôle particulier. Répondons de prime à bord, à une question de base: qu’est-ce que c’est qu’un Etat? Les classiques «libéraux» répondent que l’Etat est l’instrument ou la structure que se donne une Nation pour s’organiser rationnellement en vue d’atteindre ses buts. Les marxistes et autres révolutionnaires considèrent l’Etat comme l’instrument de la classe bourgeoise pour légitimer, à son profit, l’exploitation de la majorité de la population. Alors que l’idéologie néo-libérale partisane de la privatisation tous azimuts, milite pour la réduction de l’appareil d’Etat, les gouvernements de tendance progressiste ou de gauche combattent pour son maintien et parfois son élargissement.
Dans notre contexte, où l’on doit à la fois, consolider la Nation, déployer les organes de l’Etat sur l’ensemble du territoire, résoudre les problèmes du sous-développement et celui de l’égalité au sein de la société, l’Etat doit se définir d’une manière particulière.
Il nous faut donc dans le cadre de cette réflexion, concevoir une définition de l’Etat intégrant les challenges indiqués ci-dessus. On pourrait donc dire que chez nous, l’Etat doit être l’instance de l’incarnation de la volonté de consolider la Nation et l’instrument approprié pour l’atteinte des objectifs que se fixe la communauté. Ceci, dans le cadre des valeurs du patriotisme et de notre objectif de bâtir un Etat où les richesses sont équitablement reparties.
Ainsi donc, l’Etat en République Démocratique du Congo se doit d’être un Etat véritablement stratège. Nous comprenons la stratégie comme la réflexion et l’effort de se fixer un but et de concevoir, de manière systémique, les actions à poser pour atteindre cet objectif. D’aucuns diront que la démarche stratégique c’est d’abord la capacité d’une organisation à développer une vision.
En la matière, en annonçant dès 2001 la détermination de reconstruire la RDC, en réaffirmant cette volonté par le programme dit des «5 chantiers», et finalement en élargissant l’ambition par l’annonce de «la Révolution de la Modernité», Joseph Kabila a ainsi précisé quel était l’objectif ou le but de son action politique. L’Etat que doit mettre en place la politique congolaise devra donc reprendre et affirmer cet objectif. Qui d’autre peut mieux mettre en œuvre une politique que celui qui l’a définie?
Dès lors que la vision est connue, pour agir en stratège, on se doit maintenant de dessiner une trajectoire, prendre les orientations structurantes sur le long terme et se soumettre à l’exigence d’une allocation rationnelle de ressources disponibles. Le premier signe de la trajectoire et notamment de prise d’orientation a été annoncé dès le départ à travers le souci d’unir l’ensemble du pays par des infrastructures de transport efficace. C’est ainsi qu’il faut comprendre les grands travaux routiers, les efforts pour améliorer la navigabilité de nos cours d’eau, la rénovation ou la réparation des ponts et des bacs, l’investissement dans une société d’aviation performante, le projet de réhabilitation des voies des chemins de fer, etc. Les différentes interventions dans le domaine agricole sont également à classer dans les orientations structurantes. Elles sont la manifestation évidente de notre détermination de construire un développement autocentré à partir de ce secteur porteur, tant pour nos intérêts internes que pour un autre positionnement sur le grand marché des produits tropicaux.
Qui d’autre peut mieux mettre en œuvre une politique que celui qui l’a définie? C’est encore dans ce souci de s’assurer une trajectoire solide vers notre but qu’il convient de comprendre les efforts actuels en matière d’éducation et de scolarisation de tous les enfants en âge de scolarité, de soutien à l’enseignement technique et d’amélioration du niveau de nos universités. «On a coutume de dire que la compétitivité des Nations se forge à l’école». En effet, nous ne saurons devenir une nation économiquement compétitive et respectée dans le concert des nations sans une ressource humaine tant intellectuelle qu’ouvrière bien formée. Les politiques tant minières que forestières, malgré les problèmes auxquels elles font face actuellement, sont à considérer comme un stade intermédiaire à travers lequel il fallait passer pour accumuler les finances, l’expertise et l’expérience nécessaire à l’élargissement du domaine industriel national.
Qui d’autre pourrait mieux veiller à cette politique que celui qui l’a conçue et guider ses premiers pas?
Dans sa trajectoire tout comme dans sa structuration, la République Démocratique du Congo se veut un pays ouvert aux investissements étrangers susceptibles de l’accompagner dans la concrétisation de sa vision.
En considérant la vision définie plus haut et la stratégie générale abordée au travers de la trajectoire sus-indiquée, ainsi que des orientations structurelles déjà en cours, quelles devraient être les missions spécifiques de l’Etat stratège congolais? Celui-ci devrait-il se cantonner dans le pouvoir régalien que l’idéologie dominante réserve à l’Etat, ou devrait-il aller plus loin?
Les partisans de Joseph Kabila répondent que l’Etat, en sa qualité d’incarnation d’une nation en construction sur tous les plans, devrait avoir un rôle plus élargi. Sa mission aura donc une ampleur plus grande, eu égard aux nombreuses attentes de l’exigeante société congolaise. C’est ici que se trouve la réponse et l’explication de la patience que cet Etat sollicite de la part de la Nation congolaise pour ne pas instaurer immédiatement un Etat-Providence que justifieraient ses objectifs.
La mission de l’Etat stratège congolais est avant tout d’être l’instance de conception, d’étude et de mise en œuvre des voies et moyens d’entraîner le pays, non seulement hors du sous-développement, mais aussi loin des injustices et des inégalités de la société.
La lourdeur de cette tâche et la nécessité d’y consacrer, non seulement du temps mais aussi de la cohérence et une longue détermination, ne permet pas des changements imposés uniquement par des idéologies ou des dictats étrangers. Dans ces conditions, pourquoi changer à la fin de cette année, au milieu du gué.
Dans ce travail de conception du rôle stratégique de l’Etat, celui-ci ne doit pas être perçu comme un problème, selon la vision néolibérale, mais comme une solution. Ce qui veut dire qu’il faudra réinventer le champ régalien, ne pas le limiter à la Police, à la Défense Nationale, aux Relations Extérieures, à la Justice et à la Fiscalité.
Par ailleurs, il est légitime de se demander si une organisation politique qui impose des changements incontournables des dirigeants avec la pression de médias et celle du peuple lui-même n’aura pas tendance à pousser les politiques à se focaliser sur des questions de court terme. Il faut craindre que l’on s’éloigne définitivement de l’Etat stratège.Je vous remercie.
JEAN-PIERRE KAMBILA KANKWENDE.


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