Comment ils ont failli Kabila
  • lun, 25/02/2019 - 15:11

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Les grandes analyses du Soft
Ils avaient tout loisir d’actionner les mécanismes démocratiques connus. Aucun Etat au monde - pas même la puissante Amérique - n’aurait blâmé un Parlement démocratiquement élu, légitime qui aurait procédé, dans les règles établies par la Constitution du pays, à des aménagements de son système électoral. Des parlements dans la sous-région l’ont fait, avec succès et ont réussi l’apaisement. Le président français François Hollande a encouragé les Brazza-congolais derrière Denis Sassou Nguesso. Paris et Bruxelles attendaient qu’à Kinshasa, le Parlement assume et s’assume. Le truculent belge Louis Michel a hurlé: «la limitation des mandats présidentiels est injuste citant l’Allemagne avec Angela Merkel et le Luxembourg», prêt à se lancer dans une croisade d’explication. Certes, il aurait fallu le faire en temps et en heure! «On ne modifie pas les règles du jeu en plein déroulement du match», a-t-on souvent entendu objecter avec raison. A l’ex-Majorité présidentielle, rien de tel! Les barons de cette MP ont incroyablement tout refusé à leur mentor Joseph Kabila qui a décroché dans l’opinion comme sans doute rarement dans l’histoire. Pas parce qu’ils s’étaient mués en en démocrates d’un jour. Parce qu’ils étaient tous candidats à la succession de leur président et lorgnaient chacun sur son fauteuil matelassé plutôt que de se contenter du tabouret en bois qu’ils occupaient ou allaient continuer à occuper, pour citer l’Ivoirien Guillaume Soro qui s’apprête à affronter l’année prochaine son ex-protecteur, le président Alassane Ouattara qui ira sous la bannière RHDP, Rassemblement des Houphouétistes pour la démocratie et la paix. Ayant estimé qu’ils auraient pu mieux gouverner le Grand Congo que ne l’a fait Kabila, chacun a voulu présenter ses pions, les avancer imperturbablement sinon au dauphinat, au moins à la candidature. Kabila qui connaissait parfaitement sa majorité diverse et les directions qu’elle empruntait en faisant courir tous les risques à une cohésion factice, a voulu la traiter avec la plus grande dextérité faisant miroiter à chacun le fauteuil convoité. Mais à malin, malin et demi. S’il a sauvé l’essentiel (une passation des pouvoirs historique «civilisée»), reste son jeune âge rarissime sur le Continent et dans le monde. Se transformer en gentleman farmer, ce métier de passe-temps campagnard? Mais en même temps comment gérer ce gâchis? D’où les tentations d’un Plan B, C, D avec vaille que vaille trouvaille de machine à voter, seuil électoral, utilisation d’une Commission électorale nationale ... indépendante en simple service de la majorité présidentielle, celle-ci courant imprudemment à longueur de journée à la rescousse de la CENI chaque fois qu’elle était mise en difficulté. Tout ausculté par ces temps où rien ne demeure secret. Washington dont on connaît les grands yeux et les grandes oreilles dans le monde, les rattrape... Voilà qu’ils rendent trop fragiles leurs positions eux qui ont jeté pavillon en Amérique du Nord, au Canada et aux Etats-Unis et... celles de Kabila! Ils voulaient être une référence. Washington les enfouit au sous-sol, leur jette l’opprobre planétaire. L’UE s’apprête à emboîter le pas. Quel gâchis! Kabila n’a pas eu de chance. Ils ont failli Kabila...
T. MATOTU.


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