- jeu, 23/01/2020 - 06:13
KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1479|JEUDI 23 JANVIER 2020.
Le ministre Jean-Lucien Bussa Tongba est accusé d’indélicatesses par des syndicalistes.
C’est à dormir debout. Des fonctionnaires du ministère du Commerce Extérieur accusent leur ministre Jean-Lucien Bussa Tongba de détournement d’un présent du Gouvernement offert à l’occasion des fêtes de Nouvel An. Outre une «entente cordiale» qui existerait entre le ministre et un centre médical de la ville qui augmenterait le prix de consultation, en lien avec le ministre. La différence prenait la direction de la poche de...
Un dossier gênant pour l’image publique. Détourner un sac de riz destiné à ses fonctionnaires est punissable aux States, dans les pays d’Europe du Nord. Il faut certainement bien plus en France... Tel donner des repas aux homards et aux vins millésimés ou se payer indûment un appart à Paris qui a conduit un ex-Premier ministre français à l’opprobre et... au suicide.
Un sac et de riz au Congo, voilà qui est dégradant mais ne coûtera certainement pas son poste à un ministre de la République. Malgré des discours entendus, répétés sur la corruption...
SURFACTURATION EQUIVAUT RETOUR.
Entré au Gouvernement sous Samy Badibanga après avoir godillé des années durant dans l’opposition Bemba, reconduit sous Bruno Tshibala Nzenzhe puis, l’impossible n’étant pas congolais, repris au même poste par Sylvestre Ilunga Ilunkamba, Jean-Lucien Bussa Tongba est dans le viseur de ses fonctionnaires.
Il aurait détourné sacs riz et cartons de poulets de fin d’année offerts par le Gouvernement aux agents et cadres de son ministère. Pour opérer, Jean-Lucien Bussa aurait trouvé la faille. Jouant les listes de ses fonctionnaires.
Dans un courrier daté du 12 décembre 2019 (n°0858/CAB/MIN/COMEXT/HGN/MTM/2019) adressé à sa collègue de la Fonction Publique, Yolande Ebongo Bosongo, il dénombre 1.706 fonctionnaires éligibles au présent de fin d’année du Premier ministre Sylvestre Ilunga Ilunkamba, 1.251 pour l’Administration centrale, 455 pour la ville de Kinshasa.
Dans le même texte, il chiffre à 62 le nombre de décès et 113 déserteurs au sein de son ministère. Bussa sollicite un budget conséquent.
Le 26 décembre 2019, dans un nouveau courrier (n°905/CAB/MIN-COMEXT/JZ/MKA/2019), le ministre instruit la Secrétaire Générale de son ministère d’organiser une répartition de vivres sans distinction de grade.
Mais voilà que le moment venu, seuls les fonctionnaires de l’Administration publique ont droit au colis. Ceux de la ville ont sinon leurs yeux pour pleurer, du moins, leurs estomacs à serrer...
Sous le sceau de l’anonymat, un haut cadre de la ville de Kinshasa accuse.
«Il n’existe que 1.251 agents et cadres de l’Administration centrale élus à ce présent. Nous, de la division ville de Kinshasa, on nous prie d’aller voir l’autorité urbaine. Jean-Lucien Bussa a détourné nos mets. Le ministre a reçu de ses propres mains tous les fonds nécessaires pour l’achat de nos repas. Il fait diversion en nous orientant vers le gouvernement provincial qui n’a ni qualité ni moyens. Cela en contradiction avec ses correspondances».
Au ministère, la tension monte de plusieurs crans. Une protestation est initiée. Elle a lieu du 29 au 31 décembre 2019.
Si Bussa n’en a cure, poursuivant ses vacances dans un hôtel de luxe à Dubaï, dans l’Emirat Arabe Uni, le tollé est tel que le ministre ne trouve pas le sommeil. Il finit par instruire la Secrétaire générale de remettre aux protestataires 50 sacs de riz de 50 kgs contre 230 et 100 cartons de poulet à la place de 182.
A l’heure où dans le pays, la contestation bat son plein portée par Bussa lors des années opposition, les agents renvoient à l’expéditeur le don réduit reçu, ne sachant à quel fonctionnaire donner, et à quel autre ne pas donner.
Au total, Bussa a privé 455 fonctionnaires du présent gouvernemental ramené chez lui...
Contacté à son lieu de vacances, Bussa boute en touche, fait modus et cousu. La tension ne faiblit pas alors que les fonctionnaires sortent des tiroirs d’autres dossiers d’indélicatesses mais cette fois plus costauds. Le ministre se nourrit sur ses malades. En détournant tous ses fonctionnaires vers le Centre hospitalier Akram où est employée sa belle sœur alors qu’ils recevaient à son arrivée les soins à l’Hôpital Général de Référence de Kinshasa (Maman Yemo).
Selon le président d’un syndicat, à Akram, Bussa s’assure une rente de US$ 15.000 $USD dont une part sert de rétribution à certains chefs syndicaux complices. Si les soins par agent sont facturés $USD 23, ceux-ci ne dépassent pas $USD 10. En clair, une opération surfacturation et retour. La différence est de 13 $USD.
Bussa ne semble pas toujours avoir été en excellentes relations avec ses fonctionnaires. En novembre 2019, il avait accusé son collègue du Travail, le PALU Lambert Memas Matuku de «semer le trouble» au Commerce Extérieur, en vue de «faire croire à l’opinion que Jean-Lucien Bussa est détesté par ses fonctionnaires.
La guerre entre les deux hommes aurait commencé lorsque Bussa a anéanti des contrats signés par Memas quand celui-ci était de passage au Commerce Extérieur lors d’un court intérim... Le PALU Memas a fait ses valises à l’arrivée de Sylverstre Ilunga Ilunkamba. Qui Bussa accuse-t-il désormais?
JULIEN MAO MAMPO.