En septembre, l’IGF booste de 20% les réalisations des régies financières
  • mar, 06/10/2020 - 12:04

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1502|LUNDI 5 OCTOBRE 2020.

Sur le front des enquêtes ouvertes à l’IGF, l’Inspection Générale des Finances, quelques frémissements de nouvelles positives.
Peut-être plus que des simples frémissements. La première et grande qui donne le tempo sur tout : c’est l’action disciplinaire ouverte contre le Directeur Général a.i de la DGDA Jean-Baptiste Nkongolo Kabila Mutshi par son ministre de tutelle José sele Yalaghuli qui a été rapportée.

On l’a appris le week-end «de sources sûres» même si la preuve est réclamée par des Saint Thomas... Ceux qui, comme Saint Thomas, rapporte la Bible, «ne croient que ce qu’ils voient» et s’ils ne voient pas dans ses mains l’empreinte des clous, s’ils ne mettent pas le doigt dans la place des clous et s’ils ne mettent pas la main dans son côté, ils ne croiront pas».

Le ministre des Finances Sele réagissait contre un message-phonie (n°DGDA/DG/DGA.T/DRF/DG/2020/179 daté du 4 septembre 2020) - soit le jour même d’une décision en l’espèce du Conseil des ministres - adressé aux Directeurs provinciaux de la DGDA et aux directeurs généraux (Tous), dans lequel le Directeur Général a.i de la DGDA tenait informés «de la suspension des avantages accordés dans le cadre du régime de partenariat stratégique, jusqu’à nouvel ordre». Puis : «Je vous demande de prendre des dispositions, chacun en ce qui le concerne, pour l’exécution du présent message-phonie». Puis, afin que nul n’en ignore rien : «Il y a extrême urgence».

A la même date, le 5 septembre 2020 (n°447/PR/IGF/IG-CS/JAK/SMI/2020), une lettre de Jules Alingeti Key adressée «à Messieurs les Inspecteurs Généraux des Finances, Chefs de mission des équipes d’encadrement des recettes au niveau des Régies Financières (Tous) à Kinshasa/Gombe» avec ampliation au Président de la République, Chef de l’Etat, au Premier ministre Chef du Gouvernement, au Vice-Premier ministre en charge du Budget, au ministre des Finances, au Directeur Général de la DGDA, au Directeur Général de la DGI, à Mme la DG de la DGRAD, à l’Inspecteur Général de la Police Judiciaire des Parquets, au Coordonnateur-Inspecteur Général des Finances, «instruit» - c’est l’expression choisie, comme en l’espèce dans une armée en guerre - tous les inspecteurs généraux des Finances, chefs de mission des équipes d’encadrement des recettes au niveau des Règles financières, «de veiller à la stricte application de cette mesure (gouvernementale) étant entendu que l’illégalité entachant les actes à travers lesquels ces exonérations ont été obtenues, rend ces dernières inéligibles au bénéfice de la clause transitoire prévue notamment dans les dispositions préliminaires du tarif douanier».

Autre nouvelle, conséquence sans aucun doute de ce report d’une action disciplinaire, elle porte précisément sur l’encadrement des Régies financières, la DGDA, la Direction Générale des Douanes et Accises bien sûr - la plus grosse des trois - mais aussi la DGI, la Direction Générale des Impôts et la DGRAD. la Direction Générale des Recettes administratives et domaniales.

«LIBEREES DES PESANTEURS NEGATIVES».
Selon l’Inspection Générale des Finances, « les recettes de l’Etat sont, peu à peu libérées des pesanteurs négatives » et, du coup, ont connu au mois de septembre 20% d’augmentation au niveau des recettes encaissées au Compte général du Trésor public.

« Au 30 septembre, il n’y a pas de déficit public mais, au contraire, un solde positif de CDF 87 milliards a été constaté », rapportent les mêmes sources. En tête de performances vient la DGDA (205 milliards) contre 174 milliards un mois auparavant). L’annulation des exonérations et des compensations porte déjà les fruits escomptés, note-t-on, avenue du Haut Commandement, à l’Inspection Générale des Finances.

En août 2020, les recettes publiques réalisées étaient de CDF 567 milliards et sont passées à 676 milliards en septembre, soit une augmentation de 20%. Les effets économiques souvent prêtés dans un passé encore récent à la pandémie de COVID-19 « ne se sont pas faits sentir suite à la stratégie d’encadrement des Régies financières en vue de mobiliser les recettes, initiative forte du Président de la République confiée au Patron en Chef de l’Inspection Général des Finances, Jules Alingete Key.

« Les efforts seront engagés de manière que le Trésor public soit en mesure de payer les salaires des fonctionnaires de l’Etat et autres mais aussi les frais de fonctionnement des Institutions publiques et de dégager un surplus pouvant être affecté aux projets de la République», explique-t-on à l’IGF. Deux missions en province ont été ou sont en train d’être exécutées.

La première est celle que venait de conduire dans l’espace Katanga l’Inspecteur Général des Finances, la seconde est en train d’être exécutée au Kongo Central par l’adjoint de l’Inspecteur Général des Finances-Chef de Service. Victor Batubenga Mbayi est donc en train de «visiter» la route des importations. Il s’est ainsi rendu notamment dans les différents ports, à Matadi et à Boma mais a effectué aussi une descente, samedi 3 octobre, dans la localité de Lufu en vue de se rendre compte du système de travail du bureau de la Direction Générale de Douanes et Accises à certaines portes d’entrée terrestres ou fluviales avec l’Angola voisin.

Victor Batubenga Mbayi s’est dit très préoccupé particulièrement du phénomène «Bilanga» (la voie de brousse) - vrai système de coulage des recettes dues au Trésor public. Il s’agit d’un système qui consiste à faire passer des produits d’exportation par des moyens ou des portes illicites mais pour marcher, il nécessite la connivence de différents services aux frontières, la Direction général de Migration et la PNC, la Police Nationale Congolaise.

Accompagné d’une délégation d’inspecteurs dépêchés à l’encadrement des régies financières au Kongo Central et le directeur provincial de la DGDA, l’adjoint à Jules Alingete Key, a vu, de ses propres yeux, sur place, comment «Bilanga, fait perdre à l’Etat de bonnes recettes, notamment avec la complicité des services de sécurité.

Victor Batubenga Mbayi a marché le long de la fameuse rivière qui sépare le Congo de l’Angola par où des jeunes trafiquants se risquent jour et nuit mais parviennent, par diverses manœuvres, à faire passer frauduleusement des produits d’importation sans payer les frais dus aux services des douanes. Il ne reste plus qu’à frapper. Entre-temps, l’érection d’un mur serait notamment envisagée. La DGDA qui confirme la récurrence de la fraude à Lufu, avoue avoir réalisé plus de 250 procès-verbaux en moins d’une année, et salue le mécanisme de contrôle instauré par l’IGF consistant à bloquer le fonctionnement des fossoyeurs des finances publiques.

Cette mission au Kongo Central comme celle au Katanga, vise à permettre à l’Etat congolais de renflouer ses caisses par le respect des circuits des finances publiques.
Il est vrai qu’il fout la trouille à l’annonce de sa venue, sème panique et terreur chez les argentiers de la République après le passage de ses «forces spéciales», comme il nomme ses différentes brigades. Il a fait Sciences Eco et n’affiche aucun complexe quand il parle finances publiques.

Dès mars, peu après le retour du Président de la République d’une tournée des voisins où il écoute et entend, Jules Alingete Key est reçu à la Cité de l’UA, convainc certainement le Chef de l’Etat qui le coopte et qui reçoit cet homme au moins une fois la semaine, pour s’enquérir des avancées de la traque et de la filature des chemins du coulage et de pillage des richesses du pays. Condisciple à l’Unikin en Sciences Eco de l’ancien Premier ministre Augustin Matata Ponyo Mapon qu’il connaît, avec lui, plusieurs autres membres des Gouvernements actuel et passés, Jules Alingete Key connaît la ville Capitale et maints des services de l’Etat où il a travaillé comme le fond de sa poche.

Son modèle - sa référence - c’est un homme des années Mobutu, l’immense Kazumba, né Léon Kazumba-Luaula, originaire de l’actuel Kasaï Oriental, qui a laissé ses marques à un service resté depuis les années Mobutu intact comme si ce corps de l’élite financière de l’Etat, avait été laissé à l’abandon afin qu’il n’ose pas empêcher de faire tourner en rond le pays. Comme Kazumba, Jules Alingete Key s’emploie à marquer son territoire.

Après trois dossiers, dont deux majeurs - celui des fonds Covid-19 (sur 6 millions de $US mobilisés par le Gouvernement, 2 millions de $US manquent à l’appel, soit 30% du financement total qui ont pris une destination inconnue) qui risque de faire perdre son poste au ministre de la Santé Eteni Longondo moqué même par des Chefs de mission diplomatiques de retour d’un voyage en province de l’Equateur, les fonds Ebola se seraient également volatilisés - vient un deuxième dossier, les exonérations.

Clairement, Jules Alingeti Key dont le service dépend directement du Président de la République et du Président de la République lui-même, doit encore livrer des combats, cette fois au sein des plateformes interministérielles avant de culminer vers le Conseil des ministres. Cette question des exonérations et des compensations est donc instruite au sein des commissions - celle de l’ECOFIN et celle des Lois...

Comment quoi, si Jules Alingeti Key et son adjoint Victor Batubenga Mbayi sentent les choses bouger, nul, en l’espèce, face à eux, n’a encore dit le dernier mot. Il faut bien plus que pour que le système de sous-développement «programmé, planifié du Congo», appartienne au passé.
D. DADEI.


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