- mar, 15/11/2016 - 03:46
Certes les membres du Gouvernement avaient été sollicités par courrier urgent du Premier ministre pour faire parvenir au Président de la République, Chef de l’Etat leurs contributions en vue de l’état de la Nation du Chef de l’Etat. Au terme de l’article 77 de la Constitution, le Président de la République «prononce, une fois l’an, devant l’Assemblée nationale et le Sénat réunis en Congrès, un discours sur l’état de la Nation». Mais le secret avait été soigneusement gardé et, contrairement aux années précédentes où il est arrivé que Joseph Kabila se présente deux fois au Congrès, cette année, rien n’avait fuité... Anéantie par le débat sur le Dialogue - Rassemblement, CENCO, Conseil de sécurité, etc. - les politiques avaient oublié que Kabila pouvait sortir là où on ne l’y attendait pas...
Dès le lendemain d’une série d’audiences marathon au Palais de la Nation, siège de la Présidence de la République (le Premier ministre qui lui remet sa démission et, du coup, libère la Primature, l’annonce qui est faite par le Président de la République en primeur aux membres du Bureau politique de la majorité présidentielle à qui il demande démocratiquement de faire un commentaire - qui ne vient pas -, puis aux leaders de l’opposition ayant pris part au Dialogue, à ceux de la société civile, aux Evêques de la Conférence épiscopale nationale, au facilitateur togolais Edem Kodjo) et, au lendemain d’un échange avec les ambassadeurs des pays membres du Conseil de sécurité des Nations Unies, à qui il tient un langage ferme, souverainiste, Kabila peut dès le jour après prendre le chemin du Palais du Peuple, siège du Parlement pour son état de la Nation.
LA SURPRISE.
Kabila le laisse entendre clairement. Il n’a pas une minute à perdre. La CENCO offre-t-elle une nouvelle médiation? Qui la refuserait? Mais s’il avait écouté tous les chants des cygnes, il n’aurait jamais conduit le pays là où il se trouve. Il n’y aurait jamais eu d’élection. Ni en 2006, ni en 2011. Il n’y aurait jamais eu de referendum.
A ceux qui lui demande nt de prendre langue avec le camp Tshisekedi, il explique qu’il n’a fait que ça. C’est avec lui qu’il a entamé les négociations (Venise, Ibiza, Nice, Paris) et qui ont donné lieu à un accord (de l’hôtel Raphaël) qui ressemble à s’y méprendre à celui de la Cité de l’Union Africaine. Alors, Kabila avance. Le pays ne saurait attendre...
Qui succédera à Augustin Matata Ponyo Mapon? D’abord, ce poste revient à l’opposition, à condition qu’elle ait signé l’accord de la Cité de l’UA.
Le fils Tshisekedi (Félix Tshilombo) serait très intéressé et n’attend que ça mais son engagement aux côtés du puissant tycoon Moïse Katumbi Chapwe - qui n’a de cesse que le poste de Président de la République - l’en empêche. Outre que son président de l’UDPS de père (toujours aussi imprévisible) ne l’a pas véritablement libéré! Reste le groupe des cinq venus au Dialogue: Ruberwa (qui attendrait sans cesse un retour aux affaires), Léon Kengo wa Dondo (dont le carnet d’adresse n’est plus à présenter et libérerait le perchoir de la Chambre haute), Jean-Lucien Bussa (qui fait pousser des crocs trop vite mais doit encore les acérer pour s’imposer), Samy Badibanga (belle et originale prise en tenant compte de sa proximité sociologique et politique avec le clan Tshisekedi, ce serait Birindwa) et... Vital Kamerhe Lwa Kanyinginyi (certainement le plus en vue par la légitimité qu’il a apportée au Dialogue et en même temps le plus craint). Comment le ramener à la maison avec son lourd passé? Qui aurait peur de Kamerhe? Quand on sait que Kabila a expérimenté un «régime 1+4» (d’anciens Chefs rebelles qui auraient pu lui donner la mort lors d’affrontements meurtriers de leurs troupes siégeant face à lui), il faudrait fournir un autre argument pour l’emporter...
Reste que tout opposant qui s’essaierait à ce poste court le risque de se démonétiser. Surtout à la veille des scrutins. Il ne saurait trouver aucun prétexte. le Premier ministre Matata a promis de faire le bilan en présentant l’état du pays. Clair: il ne faudrait pas lui jeter à lui la pierre.
T. MATOTU.