L'IGF fait son come back au sein des entreprises publiques
  • lun, 10/03/2025 - 09:32

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1631|LUNDI 10 MARS 2025.

À la suite des décisions annoncées par le porte-parole du Gouvernement, Patrick Muyaya Katembwe lors de la trente-troisième réunion du Conseil des Ministres présidée par le Président de la République Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, le vendredi 28 février 2025, les observateurs ont noté l'important passage au point 2 de la communication du Chef de l'État portant sur les Entreprises du Portefeuille de l'État.

C'est « la nécessité de préserver les intérêts de l’État. Le Président de la République était revenu sur une récente réunion tenue avec les membres de l’Union Sacrée de la Nation samedi 22 février 2025 et au cours de laquelle, il avait annoncé un remaniement, en envisageant un Gouvernement d’union nationale et une restructuration de la direction de l’Union Sacrée de la Nation », aux dire du porte-parole.

MESURES SPÉCIALES.
Le Chef de l’État avait chargé son Conseiller Spécial en matière de Sécurité «d’entamer les consultations nécessaires avec la classe politique, la société civile et les autres forces vives afin de dégager un large consensus pour y parvenir», souligné que « ce Gouvernement aura pour mission de faire front contre les agressions dont notre pays est victime, en particulier de la part du Rwanda, qui cherche à occuper notre territoire et à piller nos ressources naturelles, au détriment du peuple Congolais, seul légitime bénéficiaire».

Patrick Muyaya Katembwe avait précisé, citant le Chef de l'État, « que cette annonce ne signifie pas la démission formelle du Gouvernement actuel. Les institutions doivent continuer de fonctionner normalement (...). Dans cette période charnière, le Président de la République a appelé l’ensemble de membres du Gouvernement à faire preuve de responsabilité.

Il leur a strictement interdit d’engager des actions allant à l’encontre des intérêts de la République, notamment la cession, le transfert ou l’aliénation des actifs de l’État ; la signature précipitée d’arrêtés en cascade ; l'engagement, la liquidation et le paiement inopiné de dépenses publiques ; le recrutement, la nomination ou la promotion désordonnée de personnel dans les entreprises du Portefeuille, les établissements publics et autres structures étatiques. Ces pratiques risqueraient de fragiliser notre administration et de compromettre la stabilité de l’État».

Puis : «Le Président de la République a engagé la Première Ministre ainsi que son Directeur de Cabinet à prendre des dispositions qui s’imposent pour que chaque membre du Gouvernement continue à exercer ses fonctions avec rigueur et responsabilité, dans la stricte observance des Lois et Règlements pour assurer la bonne marche des services publics et garantir les intérêts de l’État ».

Est-ce à la suite de cette annonce du 28 février 2025 que le Président de la République avait instruit son Directeur de cabinet Anthony Nkinzo Kamole de convoquer une rencontre avec les mandataires publics, à savoir, les Présidents des Conseils d'Administration, les Directeurs Généraux et les Directeurs Généraux Adjoints de soixante-cinq Entreprises du Portefeuille et des Établissements publics, ainsi que l'Administrateur Secrétaire Exécutif de l'ANEP, l'Association Nationale des Établissements Publics et Entreprises du Portefeuille?

Une réunion qui s'est tenue mardi 4 mars 2025 en fin de matinée dans la salle de Congrès du Palais de la Nation, siège de la Présidence de la République. Étaient aussi présents le Directeur Général de la DGDA (douanes et accises), le Directeur Général de la DGI (impôts) et du Directeur Général de la DGRAD (Recettes Administratives, Judiciaires, Domaniales et de Participations) et l'Inspecteur Général des Finances-Chef de Service, Jules Alingete Key qui, avec l'annonce du retour de la patrouille financière dans les entreprises publiques, était le cœur de la réunion.

LE PROGRAMME 2025 DE l'IGF.
Il faut rappeler que l'Inspection Générale des Finances est un service non de la Présidence de la République mais du Président de la République, Chef de l'État.

Lors de cette réunion, il a été question de « sensibiliser les parties prenantes sur la nécessité de renforcer la mobilisation des recettes, la bonne gouvernance financière et d'assurer un meilleur suivi des politiques publiques en matière de gestion des finances publiques dans les Provinces et dans les Entités Territoriales Décentralisées ainsi que dans les Entreprises du Portefeuille et les Établissements publics », selon la correspondance du Directeur de Cabinet du Chef de l'État adressée aux mandataires publics.

En prenant parole, l'Inspecteur Général des Finances-Chef de Service Jules Alingete Key a indiqué les cinq secteurs d'activités qui intéressent «le programme de contrôle a priori de l'IGF en 2025» qui vont de la mobilisation des recettes fiscales et douanières à la chaîne de la dépense en passant par la lutte contre le blanchiment d'argent, les avantages des mandataires publics, l'acquisition, la vente immobilière, les marchés publics, le paiement des fournisseurs et prestations, les soins médicaux, les missions à l’extérieur, les taux des frais des missions, les soins médicaux à l’extérieur, l'audit du personnel, le recrutement, etc.

On sait que cette patrouille financière avait été suspendue peu avant les élections du 20 décembre 2023 et il semble que beaucoup de mandataires publics dont certains étaient candidats à ces scrutins en avaient profité pour s'en mettre plein les poches.

Cette suspension avait amené l'ODEP, l'Observatoire de la Dépense Publique, partenaire de l'IGF, à annoncer le retrait de cette structure de l'IGF mais s'est relancé le 9 janvier 2025 en appelant le Chef de l'État à rétablir la patrouille financière.

À cette rencontre, les mandataires publics se sont faits rappelés, par le Directeur de cabinet du Chef de l'État Anthony Nkinzo Kamole ou par l'un de ses adjoints, André Lolo Wameso notamment que « les Conseils d'Administration participent à la vie des Entreprises ; qu'ils participent à cette nouvelle vie des Entreprises publiques» ; que « l'IGF ne saurait être un « point bloquant » pour une entreprise publique qui respecte les règles de bonne gestion ; une entreprise publique bien gérée n'aura à terme nul besoin de l'IGF » ; que « les Conseils d'Administration et les Directions Générales doivent travailler en harmonie, dès lors que le Directeur Général est d'abord membre du Conseil d'Administration ; une faute commise par un membre du Conseil d'Administration aura des implications sur tous les autres ; en clair, cette faute emporterait tout le Conseil d'Administration » ; qu'« il faut plus que jamais respecter les règles de gestion de l'Entreprise » ; « qu'il faut faire montre de beaucoup plus de professionnalisme, de beaucoup plus de responsabilité ; qu'il faut faire son travail en respectant les règles techniques de procédure en ne réfléchissant qu’à ça car l'Histoire est sévère; elle nous rattrape tous un jour» ; que « des conflits entre les Conseils d'Administration et la Direction Générale agacent le Président de la République » ; qu'«il faut promouvoir la compatibilité des membres, rechercher la compatibilité avant les nominations » ; que « s'il y a intrusion de la tutelle («intrusion malveillante»), le dossier est appelé à remonter jusqu'au Cabinet du Président de la République dont c'est le rôle aussi».
D. DADEI.


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