- ven, 02/04/2021 - 13:57
KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1523|VENDREDI 2 AVRIL 2021.
On aurait pu croire à une manipulation d’agents de l’État, c’est sans doute non et oui.
Non, il n’y a pas manipulation. Il s’agit en effet d’une revendication légitime d’agents de l’État de leurs droits qui leur ont été reconnus et octroyés par leurs ministres de tutelle mais qui n’ont pas été versés, l’Inspection Générale des Finances, IGF en sigle qui veille au grain - à la qualité de la dépense publique par ces temps de « sans Gouvernement » afin d’éviter des décaissements frauduleux - n’a pas autorisé des « dépenses aussi folles » en une période aussi suspecte.
Combien de fois en effet des fonctionnaires ne se sont pas mobilisés pour manifester devant le ministère des Finances, celui du Budget voire devant la clôture de la Primature pour revendiquer leurs droits?
MANIPULATION POLITIQUE.
Oui, il y a eu manipulation… politique. Voire politicienne. En clair, une main noire.
Selon des sources recueillies par Le Soft International, ces augmentations des primes consenties aux fonctionnaires des ministères des Finances et du Budget sont « hautement suspectes ».
En décembre 2020, sans solliciter l’accord du Gouvernement en Conseil des ministres, passage de règle, des ajustements des primes ont été consentis aux fonctionnaires de ces deux ministères qui sont pourtant parmi les mieux payés de tous les fonctionnaires du pays.
Une augmentation qui a eu un impact supplémentaire de près de 10 milliards de CDF par mois sur la paie globale estimée à 428 milliards de CDF pour toute la République (armée, police, enseignants, etc).
Plus grave, selon des sources officielles consultées, ces réajustements consentis en décembre 2020 avaient un effet rétroactif à partir du mois d’octobre 2020.
En conséquence, en mars, le Trésor public devait débourser près de 60 milliards de CDF soit environ 30 millions de $US pour ces œufs de Pâques décidés par les deux ministres qui certainement ont eu de bonnes raisons pour offrir à leurs fonctionnaires et, du coup, à leurs cabinets et, donc, à eux-mêmes.
La charité bien ordonnée commence par soi-même…
Problème : l’Inspection Générale des Finances qui veille à tout paiement public et dont l’avis technique, dans le cadre des mesures conservatoires décidées par le Président de la République, en attendant la nomination du nouveau Gouvernement, est sollicitée au préalable, s’est réservée de donner le go outre une suspicion légitime d’irrégularités face à doublement de primes décidé par les seuls ministres. L’IGF fait valoir aussi «l’impact financier capable de déstabiliser les financez publiques déjà trop faibles ».
LES CAISSES DE L’ÉTAT BIEN VIDES.
Selon le rapport de Conjoncture économique de la Banque Centrale du Congo daté du mois de mars 2021, les régies financières (DGI, DGDA, DGRAD) ont collecté 39% de leurs assignations mensuelles soit 788,1 milliards de CDF alors que les dépenses publiques ont été exécutées à 42,5% de leurs prévisions mensuelles fixées à 764,6 milliards de CDF.
Outre cela, toujours selon le rapport de la BCC, les recettes attendues au second 2021 seraient impactées en décembre 2020 par les avances perçues par le Trésor public, soit de l’ordre de 262,7 milliards de CDF. La BCC préconise de recourir à la planche à billets « pour l’exécution de certaines dépenses contraignantes et prioritaires et ce, en l’absence de mobilisation des ressources extérieures attendues notamment celles en lien avec les appuis budgétaires » (le Soft International n°1522, daté mardi 23 mars 2021). Selon le même rapport, la faiblesse de la trésorerie publique était à ce point que les réserves de change estimées, au 8 mars 2021, à 714,07 millions de $US, représentaient à peine sur ressources propres deux semaines et six jours d’importations des biens et services.
Comment dans ces conditions ne pas hautement suspecter ces bonus « astronomiques » - ces œufs de Pâques - offerts aux fonctionnaires de ces deux ministères au moment du passage imminent de flambeau? S’agit-il, à ce moment précis, d’un droit légitime ou plutôt d’un geste politique ayant pour but de se faire désirer par les fonctionnaires et donc d’un piège pour le Gouvernement à venir ? En clair, que restera-t-il du fond de caisse du Trésor public quand le Gouvernement Sama viendra à prendre ses fonctions?
Malgré les réserves de l’Inspection Générale des Finances, un ordre serait cependant tombé préconisant que la poire soit coupée et que sur les presque 60 milliards de CDF octroyés que 7 milliards puissent être décaissés en faveur de ces fonctionnaires en attendant que l’IGF plonge dans ces primes, fouine pour en « détecter les véritables bénéficiaires » dans ces deux ministères.
Selon différents chiffres officiels, le total de la paie des fonctionnaires est estimé mensuellement à 428 milliards de CDF, ce qui laisse à l’État en tout et pour tout une marge de 72 milliards dont 40 milliards pour le service de la dette extérieure.
Du coup, nombre de services publics n’ont jamais guère bénéficié de frais de fonctionnement et l’État n’a plus jamais eu de quoi réaliser des investissements dans quelques secteurs que ce soit mais c’est semble-t-il le moment que des grappes humaines de fonctionnaires des ministères des Finances et du Budget manipulés par la pieuvre financières s’étaient données rendez-vous pour manifester nuitamment lundi 29 mars devant le mur d’entrée de l’IGF, avenue du Haut Commandement, plutôt que de se faire livrer l’information dans l’attente des jours heureux, suite à des saillies de manipulation dont on peut allègrement imaginer et l’objectif et les manipulateurs. Aux dernières nouvelles, l’IGF qui a plongé dans le dossier a découvert au moins 30% de fictifs.
Il faut sauver d’urgence le soldat IGF et donc, le Patron des lieux, Jules Alingeti Key, d’une pieuvre financière mobilisée et déterminée. Seule façon de sauver l’économie du pays...
ALUNGA MBUWA.