Il existe des personnes irremplaçables
  • dim, 30/11/2014 - 23:36

Kabila administre à Dakar une leçon à fleurets mouchetés.

En une phrase, Kabila a fait la démonstration de sa puissance intellectuelle en administrant samedi 29 novembre à Dakar à fleurets mouchetés une leçon connue de tous, rappelant ce que le monde sait depuis que le monde est monde. Si au départ d’un proche, la vie ne s’arrête pas, il existe des personnes qu’on ne remplace pas. Intervenant lors de son passage de flambeau au Sénégalais Macky Sall, le président a eu cette terrible phrase: «Nous sommes nombreux, francophones de tous horizons qui, si nous pouvions arrêter le temps, aurions souhaité retarder son départ». Précisant aussitôt: «Faire, à cet égard, le constat de notre impuissance, c’est aussi prendre conscience du défi immédiat qui nous interpelle: celui de lui trouver, non un remplaçant, car on ne remplace pas Abdou Diouf, mais un successeur à même d’incarner les valeurs de la francophonie».
Et les pétarades ont retenti de partout, dans la salle et sur le Continent. Un vrai triomphe pour Kabila dont la hauteur et la maturité étaient saluées. Même les plus fougueux idéologues des fins des mandats à la tête de nos pays se sont surpris à applaudir. Au fait, où est la Libye d’après-Kadhafi? Ouaga tant vanté a-t-il dit son dernier mot?
C’est Georges Clemenceau, le radical-social français, précurseur de François Hollande «le premier flic de France», «le tigre» français, qui, échouant à la Présidentielle de 1920, a eu ces mots: «Les cimetières sont pleins de gens irremplaçables»! C’est Kabila qui samedi 29 novembre 2014, dans son allocution au titre de président sortant de l’OIF, fait montre d’implacable discernement: «Nous sommes nombreux, francophones de tous horizons qui, si nous pouvions arrêter le temps, aurions souhaité retarder son départ». Puis, immédiatement: «Faire, à cet égard, le constat de notre impuissance, c’est aussi prendre conscience du défi immédiat qui nous interpelle: celui de lui trouver, non un remplaçant, car on ne remplace pas Abdou Diouf, mais un successeur à même d’incarner les valeurs de la francophonie».
Subtilement, Kabila rappelait une vérité. Alors que depuis des semaines, radios et télés françaises tapent les tympans avec «le précédent de Ouaga», le rappel de cette vérité venait à point nommé. Certes, jamais la vie ne s’arrête et «les gens irremplaçables qui meublent les cimetières ont tous été remplacés», avoue Clemenceau, mais par qui? Où est la Libye d’après-Kadhafi? Ne sème-t-elle pas la terreur dans le monde, à commencer par le Mali, le Nigeria, le Cameroun? Le coup de Ouaga tant vanté a-t-il dit son dernier mot?

LES PERSONNES VRAIES.
C’est la bloggeuse Emma Benji qui aide à sécher des pleurs. «Personne n’est irremplaçable. Que ce soit au travail ou dans la vie privée. Pourquoi les gens ont du mal à passer, à oublier et à aller de l’avant? Parce qu’on se rattache souvent à des points de repères futiles. Mais tout se passe dans la tête… personne n’est irremplaçable. Sauf les personnes vraies, honnêtes et authentiques. Parce que ça, on en trouve malheureusement plus. Donc si votre femme de ménage vous quitte et qu’elle était honnête, pleurez-la! Parce que vous vous retrouverez en plein ramadan, à devoir gérer et une vie professionnelle et une maison et cuisiner. Si vos enfants partent, pleurez-les, parce qu’on ne peut pas remplacer leur amour vrai, sincère et normalement réciproque. Mais si votre homme/femme vous quitte et que vous aussi vous êtes vrai et honnête… dites-vous que les Hommes ne sont pas irremplaçables. Que la vie ne tourne pas autour d’une personne, qu’on évolue et qu’on oublie… et que votre destin vous réserve surement de belles surprises». Certes! Et les réactions ne sont pas moins authentiques: Certes, «il faut savoir faire son «deuil» mais c’est pas toujours facile» (posté par mramdhen, 15 septembre 2008 à 14:23). «C’est vrai ce que tu dis. Personne n’est irremplaçable à part ceux qui nous aiment vraiment» (posté par Miss Néapolis, 15 septembre 2008 à 14:44). «Tu as assez raison mais bon c’est de remonter la pente et d’arriver au bout qui n’est pas toujours facile» (posté par sassou, 15 septembre 2008 à 17:57). «Mais on se croit toujours être irremplaçable, et un jour on se réveille et on découvre que déjà on nous a remplacés et le pire avec ceux qui ne valent rien!!! Alors ne pleurons jamais trop ceux qui passent nous aussi on est des passagers!» (posté par cactussa, 15 septembre 2008 à 18:51). Voilà qui est terrible quand il s’agit de la destinée d’une Nation.
Ci-après en intégralité le discours du Président de la République à Dakar au XVème Sommet de la Francophonie.
Mesdames et Messieurs les Chefs d’Etat et de Gouvernement,
Mesdames et Messieurs les Chefs de Délégation,
Monsieur le Secrétaire Général de la Francophonie,
Distinguées Premières Dames,
Mesdames et Messieurs,
Deux ans après le Sommet de Kinshasa, qui s’était inscrit dans le prolongement de celui de Montreux, et ce après que nous ayons été successivement à Bucarest et à Québec, Nous voici à Dakar.
Tous mes Pairs Chefs d’Etat et de Gouvernement venus des quatre coins du monde et moi-même en sommes heureux. Nous le sommes d’autant plus, que Dakar est la capitale du Sénégal, pays cher à Léopold Sedar Senghor, un des pères fondateurs de la Francophonie et que donc, pour nous francophones, ce voyage est une sorte de pèlerinage.
Nous le sommes aussi à cause de l’accueil qui nous a été réservé. Un accueil dont la chaleur démontre que la francophonie est véritablement une famille, et qui fait sentir à chacun et à tous, non seulement que nous sommes les bienvenus au Sénégal, mais aussi que nous y sommes chez nous. Aussi voudrais-je, avant toute autre chose, en mon nom, comme en celui de tous Mes Pairs, dont Je salue la nombreuse présence, ainsi que la décision de tenir successivement deux Sommets de la Francophonie en Afrique, remercier chaleureusement le Président Macky Sall, le Gouvernement et le peuple sénégalais, pour cet accueil mémorable, et pour toutes les dispositions prises pour rendre notre séjour agréable.
J’associe à ces remerciements les experts de tous les Etats et Gouvernements membres, le Secrétariat de notre organisation, les opérateurs directs de la Francophonie et tous ceux qui, deux années durant, ont œuvré à l’organisation des présentes assises. Sans leur précieux concours, la fête n’aurait pas été parfaite. Mention spéciale au plus éminent d’entre eux, notre Secrétaire Général, le Président Abdou Diouf, à qui je rends un hommage appuyé, pour l’élan sans précédent qu’il a imprimé à la Francophonie durant son mandat, et pour sa contribution insigne au rayonnement de plus en plus fort de notre organisation.
Nous sommes nombreux, francophones de tous horizons qui, si nous pouvions arrêter le temps, aurions souhaité retarder son départ. Faire, à cet égard, le constat de notre impuissance, c’est aussi prendre conscience du défi immédiat qui nous interpelle: celui de lui trouver, non un remplaçant, car on ne remplace pas Abdou Diouf, mais un successeur à même d’incarner les valeurs de la francophonie et l’espérance qu’elle porte.
Mesdames et Messieurs les Chefs d’Etat et de Gouvernement,
Mesdames et Messieurs les Chefs de Délégation,
Monsieur le Secrétaire Général,
Mesdames et Messieurs,
Forte de sa spécificité, à savoir, la langue française et les valeurs qu’elle véhicule, et après les avancées remarquables qu’ont représenté les conclusions des précédentes Conférences des Chefs d’Etat et de Gouvernement, singulièrement les Déclarations de Saint Boniface, de Bamako et de Hanoï, socles de sa philosophie politique, notre Organisation a poursuivi sa mue en ouvrant, à Kinshasa, l’ambitieux chantier d’une francophonie économique en phase avec les exigences du développement durable. Nous sommes heureux d’annoncer qu’au terme de deux longues années de maturation, à la faveur tant des réunions statutaires de ses organes que des concertations ministérielles ad hoc consacrées à des thématiques spécifiques, dont les changements climatiques, la francophonie dispose aujourd’hui d’une stratégie économique, qui fait la part qu’elle mérite à l’économie verte, et dont le projet va être soumis à la sanction des Chefs d’Etat et de Gouvernement à l’occasion de ce Sommet. Les efforts déployés à cet effet ne l’ont pas été au détriment de ceux normalement requis pour la défense de la langue française et de la diversité culturelle, la promotion de l’Etat de droit et des droits humains, la prévention des conflits et la gestion des crises dans les Etats membres de notre espace. Ainsi, au chapitre des questions relatives à la paix, à la démocratie et aux droits de l’Homme, méritent d’être notés, au cours de ces deux dernières années, les multiples efforts d’accompagnement déployés par notre Organisation, en signe de solidarité, au Mali, en Guinée, en Côte d’Ivoire, en Tunisie, en République Centrafricaine, à Madagascar, en Egypte, en République Démocratique du Congo, et tout récemment au Burkina-Faso.
Dans un monde en perpétuelle mutation, la paix, le bien-être et le développement sont des quêtes permanentes. Quel que positif qu’il soit, un bilan ne devrait donc pas être vécu comme une fin dont on se satisfait, mais plutôt comme un tremplin pour des nouvelles conquêtes.
C’est le sens du vœu exprimé à Kinshasa par les Chefs d’Etat et de Gouvernement de voir, à l’occasion de leur Conférence bi-annuelle, d’instaurer entre eux des débats sur les questions internationales d’actualité et sur celles qui engagent l’avenir.
Ce XVème Sommet s’inscrit précisément dans cette optique. D’abord en nous invitant à focaliser nos réflexions sur un thème à la fois pertinent et interpellateur: «Femmes et Jeunes en Francophonie, Vecteurs de Paix, Acteurs de Développement».
Ensuite, en nous proposant une résolution sur la lutte contre la maladie à virus Ebola, qui a endeuillé certains de nos Etats membres, et qui représente une menace pour l’espèce humaine partout à travers le monde.
Mais aussi en soumettant à notre examen et sanction le cadre stratégique de notre action commune pour la période 2015-2022, ainsi qu’une programmation des projets concrets à mettre en œuvre au cours des quatre prochaines années. Je voudrais espérer que nous sortirons de ce Sommet mieux outillés pour garantir, dans les domaines de la préservation de la paix, de la bonne gouvernance, de la sécurité alimentaire, de la protection de l’environnement et de la biodiversité, de la valorisation des femmes et des jeunes, de l’éducation et de l’innovation, ainsi que du développement local, une ère de solidarité francophone plus renforcée et plus efficace.
Plein succès à nos travaux!
Mesdames et Messieurs, Je vous remercie.

Dakar, 29 novembre 2014.


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