- ven, 30/09/2022 - 13:57
KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1562|VENDREDI 30 SEPTEMBRE 2022.
Les tueries de masse qui se déroulent dans l’espace Grand Bandundu sont au centre de toutes les inquiétudes dans le monde. Après le chef de la délégation de l’Union Européenne, Jean-Marc Châtaigner, qui s'y est rendu en appelant les différentes ethnies du Grand Bandundu à la paix, c'est au tour de l'archevêque de Kinshasa, le cardinal Fridolin Ambongo Besungo, de retour d’une mission pastorale de quatre jours dans cet espace, de tirer la sonnette d’alarme. «L’autorité du pays doit faire quelque chose pour que cette situation puisse se débloquer», a-t-il déclaré le 27 septembre, appelant à l’intervention d’urgence du président de la République. Ambongo Besungo ne mâche pas ses mots. Il craint le pire pour la ville de Kinshasa.
Le cardinal redoute que ce conflit se transporte dans la capitale : «N’oubliez pas que Kwamouth, c’est la porte d’entrée de Kinshasa.
Tout ce qui est comme navigation sur le fleuve, toutes les eaux du pays passent par Kwamouth. Soit par le fleuve venant dedans, soit à la rivière qui ramasse toutes les eaux venant du Kasaï, du Kwilu, du Kwango, etc., ou du Maï-Ndombe. Tout ça passe à Kwamouth. Et s’il y a insécurité à cet endroit aussi stratégique, ça peut avoir des lourdes conséquences sur Kinshasa».
Lors de sa mission pastorale, le cardinal a échangé avec les fidèles catholiques ainsi qu’avec des victimes des actes de barbarie perpétrées à Kwamouth.
L’appel de l’archevêque de Kinshasa intervient au lendemain de l’arrestation des six suspects au village Fatundu, chef-lieu du secteur de Wamba, dans le territoire de Bagata, province du Kwilu, avec des armes blanches. Parti du territoire de Kwamouth dans le Maï-Ndombe, le conflit meurtrier affecte les provinces du Kwilu et du Kwango.
PANIQUE GENERALE DANS LE KWILU.
Le chef de secteur de Wamba, Martin Gabia affirme qu'une panique générale a été observée ce même lundi dans ce village qui a accueilli le samedi 24 septembre, des déplacés venus du village Bukusu.
Après le territoire de Kwamouth dans le Maï-Ndombe, le conflit meurtrier qui déchire les ethnies Téké et Yaka a ainsi atteint le Kwilu. Plusieurs sources ne parlent plus de conflit Teke et Yaka. Selon elles, cette insécurité prend des proportions très inquiétantes au point de ne plus savoir qui en sont les vrais instigateurs. « Les agresseurs sont passés par le village de Bukusu. Ils ont cherché le chef.
Ils sont allés le capturer dans la forêt et ils l’ont tué dans son propre carré. Ils ont incendié toutes les maisons. Alors, c’est comme ça que toute la population de ce rayon d’action, de Misia, de Fayala et consorts ont pris fuite ici à Fatundu. Alors, ce matin, on a vu une pirogue qui montait entre le village Kingalakiana et le port de Fatundu, la police est allée avec les éléments de bureau 2 des FARDC.
Les forces de l’ordre ont capturé six suspects qui sont aux arrêts au niveau de la police et que la force est en route pour venir les récupérer. Ils avaient des machettes, des bandeaux et des banderoles qu'ils ont mis sur leurs corps, sur la tête et au bras, ils montaient vers Fatundu », a indiqué Martin Gabia.
Le conflit qui, à l'origine, opposait les communautés Teke et Yaka à Kwamouth depuis le mois d'août, s'approche en effet de Kinshasa, selon le témoignage d'un rescapé cité mercredi 28 septembre 2022 par le site 7SUR7.CD.
D'après ce quinquagénaire, un fermier originaire du groupement de Manzengele, secteur de Kibunda, territoire de Kasongo-Lunda, province du Kwango, qui a trouvé refuge dans la capitale depuis plus d'une semaine, des massacres se déroulent également sur le plateau des Bateke, à presque 100 kms de Kinshasa.
« Avec nos frères Teke, nous vivons en parfaite cohésion dans le village Mbomo, sur le plateau des Bateke. Au début du mois, on commençait à avoir des murmures sur des choses pas bien mais on s'en méfiait. Dans la journée du 19 septembre, des assaillants débarquant de nulle part, ont mis la main sur plusieurs personnes, notamment sept membres de ma famille proche.
Tous ont été assassinés en public », a témoigné l’homme sous le sceau de l'anonymat, craignant pour sa vie. Puis : « Il s'agit de mon neveu Kabeya et de ses deux fils assassinés. Un autre neveu du nom de Mabembula Mabes, qui est l'homonyme de mon père. Ses deux enfants ont été également tués.
Il y a enfin mon frère Cléophas Mitasi qui a aussi été tué et son fils a reçu deux balles. Nous ne savons pas pour l'instant où il est parce que tout le monde a fui. Est-il mort ? Je ne peux rien confirmer ». « A Bunchele, Kwamouth et partout ailleurs, nos frères Teke et leurs frères Yaka avons toujours cohabité pacifiquement.
Pour preuve, certains de ceux qui ont été tués sont nés là-bas. D'ailleurs, l'un d'eux venait d'obtenir son diplôme d'État et s'apprêtait à venir à Kinshasa pour s’inscrire à l'université. Que les autorités traitent ce problème de toute urgence.
C'est vraiment un problème sérieux qui mérite de capter toute l'attention du gouvernement. Sinon ça risque de dégénérer bien que les dégâts déjà enregistrés ne sont pas les moindres», a-t-il dit. Selon le témoignage de ce fermier, la situation est trop complexe dans les villages qui se trouvent loin de la grande route Kinshasa-Bandundu.
« Il y a une grande précision : les villages et les fermes dans lesquels se passent les atrocités ne sont pas sur la grande route de Bandundu. C'est vraiment trop loin. Les gens, en fouillant, ne peuvent pas joindre la grande route par crainte de croiser au passage d'autres assaillants.
Ils sont obligés de reculer davantage où ils sont difficilement localisables. C'est seulement nous qui avons des fermes pas trop loin de la grande route qui avons réussi à atteindre Kinshasa».
D. DADEI.