- lun, 30/10/2017 - 01:57
KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Deux heures de vérités.
Il n’y a que eux deux qui savent ce qu’ils se sont dits pendant ces deux heures d’échange en tête-à-tête, face à face, à huis clos à la Présidence de la République au Palais de la Nation peu après 15h30’ locales vendredi 27 octobre. Immédiatement après cette rencontre avec le Chef de l’État, l’Envoyée Spéciale du Président américain a pris le chemin de son hôtel, le Kempinski Fleuve Congo à trois minutes de la Présidence.
Arrivée mercredi 25 octobre dans la soirée de l’Éthiopie en ayant été d’abord au Sud-Soudan du Président Salva Kir Mayardit, Nikki Haley s’est rendue dès le lendemain jeudi au matin à Goma, à Kitchanga, au Nord-Kivu où elle a visité un camp de déplacés internes. Kitchanga d’où partent toutes les rébellions dont celle du M-23... Elle a rencontré des femmes en extrême détresse. Selfies à l’appui, l’une d’elles en sanglots a fait le tour du monde détruisant encore plus l’image d’un pays «capitale mondiale du viol» et d’un Continent où, avoue le Président Trump lui-même, ses «amis viennent faire fortune». Coachée par des ONG, cette dame a expliqué que son retour à la maison était lié à la tenue de la Présidentielle...
Sujet de controverse aux Nations Unies, le Kasaï de Kamwena Nsapu n’a pas présenté un intérêt particulier aux yeux des Américains. Ni le Katanga qui permit aux États-Unis et à l’Occident de mettre le Japon à genoux grâce à la mine de de cobalt de Tshinkolobwe, ni une autre partie du pays!
Le Kivu oui... Mais le Nord, qui abrite la base la plus importante de la mission onusienne, celle qui engloutit les fonds du contribuable américain. Donc pas le Sud. Le réparateur des femmes, le Dr Mukwege et l’hôpital de Panzi, avaient rêvé d’une visite de la Représentante de Donald Trump aux Nations Unies. Ce n’est pas l’avis de l’administration américaine... Revenue à Kinshasa jeudi soir, elle entamait le deuxième volet politique de sa visite avec des rendez-vous au pas de charge, millimétrés, hormis cet incident provoqué par l’entarteuse, l’ex-DGA de la Snél Bernadette Tokwaulu qui s’est invitée au petit déjeuner dans le hall du Kempinski Fleuve Congo Hotel au point de provoquer bousculade, vent de panique jusqu’à susciter un déploiement des forces de sécurité...
Qu’importe! Nikki Haley en a vu pire. C’est la démocratie... S’être mise sous la protection d’une unité armée américaine et des forces onusiennes est le minimum qu’elle ait pu faire sur un Continent et dans un monde où les attaques jihadistes et surtout contre «les croisés» ou «les Satans» sont monnaie courante.
«MAGNIFIQUE».
Qui s’étonnerait que le cœur du Continent où se trouve ce Congo, objet de toutes les convoitises, soit dans l’œil du cyclone? Le Congo et le Sud-Soudan étaient les pays que Donald Trump, complété par Nikki Haley, avait cité le 20 septembre lors d’un déjeuner offert à un groupe de neuf Chefs d’État africains (Afrique du Sud, Nigeria, Éthiopie, Ouganda, Ghana, Sénégal, Guinée, Côte d’Ivoire, Namibie).
C’est ce jour-là qu’il fit l’annonce de cette visite en Afrique de sa représentante aux Nations Unies afin de s’informer sur ce qui s’y passe. Visite d’information. Deux heures de tête-à-tête et à huis clos avec Kabila qui parle la langue de Shakespeare et n’avait pas besoin de traducteur pour donner l’information la plus précise et dans tous les moindres détails à l’Envoyée du Chef de la puissance planétaire. Qui, à tout moment, quand il veut, peut faire et défaire qui il veut, où il veut. Il serait critiqué par la suite, condamné par l’histoire; il aura posé l’acte. Connaît-on un président américain qui ait été poursuivi après qu’il eût posé un acte à l’étranger?
Selon des indiscrétions, Nikki Haley a estimé que ce voyage «au cœur du problème» lui a appris beaucoup.
Un déplacement «nécessaire». Elle sait qu’un «politicien en prison» peut ne pas être «un prisonnier politique», tout comme les «questions techniques complexes des scrutins» au Congo qui appellent tout de même un «délai le plus court possible», l’effort «que toutes les parties doivent consentir pour la tenue de ces scrutins».
Avant de se rendre chez Kabila, elle avait consacré, au pied de l’immeuble de l’ex-BCE, face à un team de la CÉNI à la mine défaite, un glissement. Elle a confié sa grande surprise de constater «une opposition dispersée sans leader», réclamant à tue-tête une «transition irréaliste sans Kabila». De là le message de sursaut diffusé par le plus futé de tous, Vital Kamerhé sur les réseaux sociaux: «Divisés, nous allons faire le jeu de l’ennemi. Unis, nous vaincrons à coup sûr et franchirons ces obstacles qui renferment le peuple congolais dans un univers de misère».
Sauf que l’union n’est pas le fait d’une génération spontanée si tant que cette notion aristotélicienne ait jamais existé, celle selon laquelle des souris pouvaient naître spontanément d’un tas de chiffons et des asticots sortir d’un morceau de viande…
Un des Missi Dominici de Kabila qui s’est trouvé ce samedi 28 octobre au petit matin au pied du Boeing 737/800 d’American Air Force au moment du décollage en direction de Washington, nous confie: «après qu’elle a vu en trois jours du pays et du monde - elle a dîné chez l’Italien Casa Mia, avenue Uvira, à la Gombe, non loin de l’ex-InterContinental Hotel - on peut résumer cette visite en un mot: «Kitoko» (magnifique).
T. MATOTU.