La raclée
  • ven, 08/11/2013 - 07:31

Le Président de la République a misé sur nos amis d’Afrique australe pour vaincre une hostilité ambiante.

Souvent chez les grands du monde, le hasard n’existe pas.
Dans son discours à Kinshasa devant les deux Chambres parlementaires réunies en Congrès, le président Jacob Zuma a insisté sur la date du 29 octobre.
Le 29 octobre 2006 - ce fut un dimanche - eut lieu le deuxième tour de la Présidentielle qui vit Joseph Kabila Kabange triompher de Jean-Pierre Bemba Gombo. L’Afrique du Sud était déjà à nos côtés et avait fourni la logistique après que le pays Arc-en-ciel eut financé et abrité le Dialogue inter-congolais à Sun City et à Pretoria.
C’est ce même jour qu’eurent lieu les provinciales.
C’est le 29 octobre 2013 - un mardi - qu’un président sud-africain effectuait sa première visite d’Etat dans notre pays et s’adressait au Peuple congolais via ses représentants.
Dans son discours, Jacob Zuma eut un moment d’émotion - observant un temps d’arrêt - quand il expliqua devant les Députés et Sénateurs qu’avant de se rendre à l’hémicycle, il s’était trouvé à un endroit - au Palais de la Nation, désormais siège de la Présidence de la République en compagnie de son homologue congolais - où le Premier ministre Patrice-Emery Lumumba avait prononcé son discours historique le 30 juin 1960 devant Baudouin 1er et qui avait scellé sa mort... Le Palais de la Nation, siège de la Présidence de la République était alors le siège du Parlement où furent organisées les cérémonies de l’indépendance du pays.
Du discours de Jacob Zuma devant les parlementaires congolais, on retiendra ces mots, un vrai ultimatum adressé aussi bien aux rebelles qu’à leurs soutiens étrangers, le Rwanda et l’Ouganda: «Enough is enough. Time for peace is now» (Trop c’est trop. C’est maintenant le temps de la paix). Puis, Zuma de poursuivre: «La souffrance du peuple congolais est aussi notre souffrance. De même sa prospérité. La misère ne peut plus continuer et ne sera plus tolérée».

UNE VISITE PORTE BONHEUR.
Dès le jour suivant, mercredi 30 octobre, le lendemain de cette visite, alors que l’avion du Chef de l’Etat sud-africain avait à peine décollé de l’aéroport de N’Djili pour Pretoria, les événements s’accéléraient dans le conflit qui opposait depuis un an et demi l’armée FARDC aux rebelles du M23.
Les FARDC venaient de faire sauter le dernier verrou du M23 - la cité de Bunagana, à la frontière ougandaise - et, le jour même à 20 heures, au Jt de la télévision nationale Rtnc, le Chef de l’Etat, en Commandant en Chef des armées, s’adressait à la Nation et adressait un ultimatum aux rebelles, aux bandes armées et aux pays voisins.
A ceux-ci, le Président déclarait: «Je tiens à redire que la voie royale pour la paix et la stabilité dans la région réside dans la mise en ouvre, effective et de bonne foi, de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba, ainsi que de la Résolution 2098 du Conseil de Sécurité des Nations-Unies».
Puis, de «les exhorter à remplir leurs engagements aux termes de cet Accord» et de «réaffirmer la détermination, à ce jour non démentie, de la République Démocratique du Congo à remplir les siens».
Les 29 et 30 octobre 2013, un événement important venait de se produire. Pour la toute première fois depuis que ce pays est indépendant, l’armée venait d’enregistrer une victoire militaire indiscutable. Rien décidemment ne serait plus jamais comme avant, avait prédit le président de la République dans son discours sur l’état de la Nation au lendemain des Concertations nationales. Le passage de Zuma à Kinshasa aura été porte-bonheur.
Coup sur coup, nos soldats vont pousser les rebelles vers les collines, puis des collines vers les pays voisins - l’Ouganda et le Rwanda d’où ils recevaient les appuis. Le résultat, on le connaît. Depuis Kampala où son énième chef politique a trouvé refuge, le M23 va dire toute sa bonne foi à signer tout accord négocié avec le Gouvernement (page 3) mais, trop tard, face à la forte pression exercée par les FARDC, il va trouver son salut dans l’annonce de la capitulation (page 4).
La rébellion a été belle et bien vaincue sur le terrain militaire qu’elle-même avait choisi. Elle a reçu une belle raclée dont elle se souviendra longtemps après. Sultani Makenga et Bertrand Bisimwa tout comme Roger Lumbala ont trouvé un asile temporaire en Ouganda...
Une victoire au prix du sang versé par nos soldats mais aussi versé par des contingents étrangers.
Comment ne pas signaler qu’au cours des combats de ces derniers jours, la brigade d’intervention de la Monusco a perdu trois hommes. Trois hommes du seul contingent tanzanien!
Etait-il particulièrement visé par le M23 afin de décourager la Tanzanie dans son engagement?
La question peut se poser quand on sait l’état actuel des relations entre la Tanzanie et le Rwanda. On sait comment le président Paul Kagame a pris les déclarations du président tanzanien Jakata Mrisho Kikwete appelant chacun des pays de la région à dialoguer avec ses rebelles (la RDC avec le M23, le Rwanda avec les FDRL, l’Ouganda avec les ADF-NALU).
Il reste qu’à l’heure du bilan, il faut noter que plus qu’aucune autre région d’Afrique, l’Afrique australe aura été aux côtés de notre pays.
Dans sa stratégie de reconquête, le Congo aura misé sur ses amis d’Afrique australe d’où il rencontre une meilleure écoute.
Il est d’ailleurs un fait que jamais Joseph Kabila ne s’est autant déplacé qu’en Afrique australe et jamais il n’a manqué un seul sommet de la SADC.
Cet engagement aux côtés de nos frères d’Afrique australe a fini par payer. La Brigade d’intervention de la Monusco qui appuie les FARDC est composée des seuls contingents des pays de la SADC (Afrique du Sud, Tanzanie, Namibie). Au Congo de s’en féliciter.
D. DADEI.

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