- jeu, 29/12/2016 - 00:48
Forte de son statut d’autorité morale, l’Eglise catholique veut fortement peser dans le débat politique et invite le Pape François.
L’Église catholique mobilise ses réseaux extérieurs et ses ressources pour permettre sa fumée blanche longtemps attendue et chaque fois repoussée aux pourparlers du Centre interdiocésain.
SOUTIEN NET ET SANS AMBIGUÏTE.
Depuis lundi 19 décembre, le pape François multiplie gestes et discours en direction du Congo. Annoncé en visite au Congo et dans le Kivu à Beni l’année prochaine, il a reçu ce jour-là le président de la conférence épiscopale nationale du Congo, CENCO, Mgr Marcel Utembi, archévêque de Kisangani et son vice-président Fridolin Ambongo, archévêque de Bokungu Ikela qui conduisent les «pourparlers directs» entre les signataires de l’accord de la Cité de l’UA (pouvoir et une part de l’opposition) et les non-signataires constitués de l’opposition dure en tête l’UDPS d’Etienne Tshisekedi wa Mulumba très liée à l’ancien gouverneur du Katanga en exil, Moïse Katumbi Chapwe.
Mercredi 21 décembre, lors de son audience générale, le Pape a appelé les responsables politiques congolais à écouter «la voix de leur propre conscience» et à servir «le bien commun». Quatre jours plus tard, lors de sa bénédiction de Noël urbi et orbi, dimanche 25 décembre, il a demandé la paix pour le Congo, souhaitant que «toutes les personnes de bonne volonté mettent tout en œuvre pour entreprendre un chemin de développement et de partage, en préférant la culture du dialogue à la logique de l’affrontement».
«L’ACCORD EST A PORTEE DE MAIN».
Le soutien du Vatican à la CENCO est net et sans ambiguïté.
Ce n’est en effet pas rien dans un pays très majoritairement chrétien-catholique et dans lequel l’Église catholique jouit, depuis les années Mobutu, d’une autorité morale incontestée.
Du côté de la CENCO, on espère trouver un accord prochainement, et cela malgré les ajournements dûs aux déplacements des évêques eux-mêmes, les blocages et les dates limite tant de fois dépassées.
Si l’on en croit le président de la Conférence épiscopale qui prenait la parole samedi 24 décembre, «l’accord est à portée de main». Pris par les célébrations de Noël, évêques et délégués aux négociations sont convenus de se retrouver vendredi 30 décembre pour la signature de ce compromis. Du côté de l’opposition comme du pouvoir, tout le monde s’en félicite. Mais quels en seraient les termes?
DE MOÏSE KATUMBI CHAPWE?
* Le président de la République Joseph Kabila Kabange resterait en place (l’opposition du Rassemblement pro-Tshisekedi aurait donc cédé sur ce point, ce que stipule la Constitution de la République) jusqu’à l’élection présidentielle.
* Qui aurait lieu quand? Cette transition serait d’un an, à en croire la délégation de l’opposition mais rien n’est encore décidé. Les discussions étant toujours en cours en comité restreint.
* Cette transition devrait se dérouler sous le contrôle d’une Haute Autorité de transition (un Conseil de transition, le débat sémantique a encore cours) présidée par un membre du Rassemblement qui ne serait autre que le président de l’UDPS Etienne Tshisekedi wa Mulumba.
* Mais le Rassemblement réclame également la Primature qu’il confierait bien au fils Tshisekedi, Félix Tshilombo ou à un membre du G-7 mais la majorité n’aurait pour l’heure rien cédé, outre la moitié de membres du Gouvernement central (signe qu’un remaniement est en vue), comme du portefeuille de l’Etat, ou des exécutifs provinciaux.
C’est une avancée importante, même si tout n’est pas réglé, tel le sort de Moïse Katumbi Chapwe, l’une des figures de l’opposition et candidat annoncé à la présidentielle, qui s’est mis à l’exil à la suite d’une condamnation par un juge de Lubumbashi. Au fond, les évêques usent du bâton et de la carotte en même temps. Ils adressent des sommations à la classe politique quand le Cardinal Laurent Monsengwo Pasinya, membre du «C9» et proche du pape François, qui l’a désigné en 2013 pour faire partie des neuf cardinaux chargés de le conseiller pour réformer la curie, est entré directement dans la danse avec à la Noël une homélie incendiaire.
Il préside successivement, entre 1991 et 1996, la Conférence nationale souveraine, puis le Haut Conseil de la République, le parlement de transition. Cela n’empêchera malheureusement pas le pays de basculer dans la guerre civile la plus meurtrière de l’Afrique contemporaine (1998-2002). L’Église congolaise reste cependant, depuis, la seule institution « debout » dans un pays dépourvu de structures solides et où elle tient près de 70 % des écoles et des hôpitaux.
ALUNGA MBUWA.