Comme Pablo Escobar, Atou Matubuana arrêté, traîné dans la rue, exposé au mépris populaire
  • sam, 18/12/2021 - 22:28

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1542-1543|SAMEDI 18 DÉCEMBRE 2021.

Des images insoutenables, des vidéos postées sur les réseaux sociaux montrent un homme en vêtements de sport, veste à capuche, exposé dans la rue, en sandales, menotté, traîné à pied, tenu par trois agents de l'ordre habillés en civil, et des passants interloqués qui accourent pour en savoir plus et ceux qui tiennent l'homme solidement au corps, le présentent au public, au mépris populaire - «c'est le gouverneur du Kongo Central...» - avant de le faire monter de force à bord d'une moto qui démarre aussitôt...

AU POUVOIR JUDICIAIRE DE COMMUNIQUER.
Que donc Atou Matubuana Nkuluki, cet homme qui disparaît, réapparaît, disparaît avant de réapparaître, le 13 décembre dernier, à l'hémicycle du Palais du peuple, montré à la télévision avec des gouverneurs de province, au discours du président de la République sur l'état de la nation, a fait samedi 18 décembre 2021 dans la Capitale, pour être arrêté comme le chef du cartel de Medellín, le Colombien Pablo Escobar?

Quel crime Atou a commis qui lui vaut ce sort ? A-t-il été pris la main dans le sac, dans une chambre d'hôtel ? Est-ce un cas de viol, de vol, de crime de sang ? Est-il à la tête d'un groupe de criminels ?

Au minimum, et en extrême urgence pour la crédibilité de État, c'est au pouvoir judiciaire qu'il revient de parler, de justifier cet acte, de communiquer, face au Congo et au monde, une arrestation aussi spectaculaire d'un homme public ou d'un individu quelconque...

Jean-Claude Vuemba Luzamba, le président de l’Assemblée provinciale du Kongo Central, proche de l'ancien gouverneur, a immédiatement réagi, en produisant une vidéo, usant de termes forts pour dénoncer une arrestation qui, à ses yeux, rappelle celle de Simon Kimbangu interpellé le 6 juin 1921 par une colonne de la Force publique coloniale. Vuemba disant sa «déception», sa «honte», sa «tristesse», sa «colère noire», en appelle «au peuple Ne Kongo de se soulever contre cette humiliation».

Puis : «Et ça ne se passera pas ainsi» s'agissant du «gouvernement de la province du Kongo Central, représentant personnel du président de la République (...), arrêté comme un vulgaire bandit, un vulgaire chien». Avant de conclure : «S'ils veulent destabiliser la province du Kongo Central, c'est la bonne manière de la faire», alors que le gouverneur n'est, à ce jour, condamné par aucun tribunal.

«Nous avons vu des assassins, des gens qui ont trahi la République, ont détourné 500 millions ou 600 millions de $US mais jamais nous les avons vus être acheminés vers un parquet ou un centre de police à pied au vu et au su de tout le monde. Nous nous rendons compte que cette humiliation est pour tout le peuple Ne Kongo. C’est inacceptable ».

MANDAT D'ARRET DE LA COUR DE CASSATION.
Selon des informations recueillies peu après, c'est le Parquet général près la Cour de cassation qui aurait émis un mandat d'arrêt. Recherché pour détournement des deniers publics, les agents de l'ordre auraient fait face, dans la matinée de samedi, à un important groupe armé, déterminé, commis pour sa protection.

Plusieurs décisions judiciaires couvrent le cas de ce gouverneur. Un arrêt de la Cour constitutionnelle et, récemment, un arrêt du Conseil d'État réhabilitant l'ex-gouverneur dans ses fonctions sans qu'il n'ait repris celles-ci, se butant au refus d'exécution du Vice-premier ministre en charge de l'intérieur, Daniel Aselo Okito wa Koyi.
ALUNGA MBUWA.


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