Dans Kwamouth, les Mobondo recrutent des mineurs et tuent
  • jeu, 06/02/2025 - 17:43

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1628|LUNDI 3 FEVRIER 2025.

Alors que la guerre à l'Est fait rage, à l'Ouest, chez les Yaka et les Teke, les Mobondo qui n'avaient jamais disparu, refont parler d'eux avec violence.

Vendredi 31 janvier, cinq miliciens Mobondo ont été tués, au village Nkomakiro, territoire de Kwamouth, province de Maï-Ndombe, dans le Grand Bandundu, deux autres capturés, lors des affrontements avec les soldats des FARDC, l'armée nationale.

Ce bilan a été livré par le porte-parole de l’opération Ngemba (paix) de la XIème région militaire, le capitaine Anthony Mualushayi.

L'officier militaire a expliqué que assaillants étaient les premiers à attaquer les positions des FARDC au village Nkomakiro, au Sud du territoire de Kwamouth, précisant qu’au cours de leur incursion, ces miliciens ont décapité deux personnes dans cette localité.

Les FARDC ont alors riposté en limitant les dégâts. En début de semaine, les autorités locales avaient annoncé un bilan d'une dizaine de morts après une incursion des miliciens au village Nkomankiro, avec des enseignants décapités et jetés dans le fleuve Congo.

« La situation jusqu’à présent est relativement calme, malgré le déplacement de la population du village Nkomakiro vers les agglomérations jugées sécurisées. L’armée continuait les patrouilles des combats dans l’ensemble du village et ses environs en vue de mettre hors état de nuire ces ennemis de la paix », a poursuivi le capitaine.

Le commandement des opérations Ngemba demande à la population du Maï-Ndombe de collaborer avec l’armée en vue d'instaurer la paix et l’autorité de l’État dans cette zone.

Si, au total, la situation sécuritaire dans le Grand Bandundu, reste «relativement calme», «quelques poches d'insécurité» persistent à Kwamouth, a noté le capitaine Anthony Mualushayi. Il a particulièrement alerté sur le recrutement de mineurs par les miliciens Mobondo, qui ne cessent de renforcer leurs rangs.

Ce porte-parole des FARDC dans le Grand Bandundu a expliqué que «ces enfants sont armés et drogués pour commettre des exactions en toute inconscience». Une déclaration faite après que les FARDC aient constaté «un afflux d'enfants parmi les miliciens arrêtés lors des différentes vagues d'arrestations».

DES FIGURES DEPUIS KINSHASA.
« Ces miliciens ne cessent de recruter dans certains villages pour traumatiser, attaquer la population et incendier des villages. Ils recrutent en majorité des enfants, des mineurs.

À chaque fois que nous procédons à des arrestations, nous constatons qu'il y a beaucoup de mineurs dans les rangs des insurgés. Ils sont armés, drogués et, parfois, ils commettent des actes contre la population civile de manière inconsciente», a poursuivi le porte-parole.

Mais l'armée reste déterminée à éradiquer ce phénomène Mobondo.

« Des opérations de combat sont en cours dans certains territoires pour mettre hors d'état de nuire ces insurgés. Il faut également noter que la majorité d'entre eux ont été arrêtés par l'armée congolaise et transférés à Kikwit et à Kinshasa», a-t-il ajouté.

Dans la région du Bandundu, la milice Mobondo reste active depuis le début des atrocités en juin 2022.
À en croire un rapport du Conseil Norvégien pour les Réfugiés, NRC, datant du 24 mai 2024, «le phénomène Mobondo puise sa force dans les valeurs traditionnelles qu'il valorise, associées à un fort sentiment de communautarisme.

Des accusations ont été portées contre cette milice concernant des attaques perpétrées contre les villages Tékés et des expulsions de leurs habitations. Ces incidents ont des répercussions significatives sur la dynamique politique et socio-économique locale.

Selon les témoignages collectés, certaines figures politiques semblent jouer un rôle dans la manipulation et le soutien aux groupes ethniques impliqués, ce qui contribue à attiser les tensions et à prolonger les conflits. Les discussions avec les leaders communautaires indiquent que certains politiciens auraient obtenu des titres de propriété pour des terres qu'ils auraient acquises, une situation déplorée par certaines communautés, en particulier les Tékés».

Puis : «Il est allégué que ces responsables politiques, présumés agir depuis Kinshasa, auraient profité des troubles et des déplacements forcés pour s’accaparer des terres et obtenir des documents officiels de propriété pour des parcelles qui n'ont jamais été légalement mises en vente.

Ces acquisitions liées à des exploitations agricoles, qui datent d'avant la récente crise, contribuent à intensifier les tensions au sein des communautés locales, du fait que la plupart des nouveaux acquéreurs ne sont pas des membres des communautés autochtones concernées. L’on note également le changement des noms de certaines localités contrôlées par la milice Yaka.

Les miliciens ont changé les noms des villages Miboro qui est devenu le village «Feshi», Engweme a été rebaptisé «Bumba», et le village anciennement Machambe est dénommé «Bulungu». Dans les villages Likanda ya Kala et Tomo, les miliciens y exigent le paiement de frais comme droit d’entrer et de sortir dans ces localités».
avec AGENCES.


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