Malgré leur pardon réciproque, Bijoux Goya ne lâche pas prise
  • mar, 12/05/2020 - 05:19

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1485|MARDI 12 MAI 2020.

Bijoux Goya Kitenge avance à fleurets mouchetés mais déterminée. Jeudi 30 avril, le jour de l’affrontement verbal avec Alexis Thambwe Mwamba, la sénatrice a laissé parler son président de chambre jusqu’au moment où celui-ci casse, à ses yeux, la baraque.
«J’ai présenté votre candidature au FCC comme je l’ai fait pour beaucoup d’autres candidatures. Les autorités du FCC l’ont rejetée considérant que vous n’aviez pas la compétence nécessaire pour cette fonction et que vous n’avez pas la moralité qu’il faut pour cette fonction».
Là, la sénatrice a retourné la table et cassé les bouteilles, retirant la parole au président du Sénat, l’empêchant de poursuivre l’agression.

Katangaise et fière, elle réussit son coup...
Sans lever la séance, la chambre s’est vidée de son monde. L’outrage. Mais qui envers qui?
«Honneur perdu au perchoir du Sénat de la RDC où le Chairman s’est lâché dans les poubelles d’1 sexisme violent & nauséabond face à 1 question simple. Indignons-nous tous et surtout «Autorités morales», sans Respect pr la Femme, la morale est en pièce & la République se meurt» cogne Isabel Machik R. Tshombe @IsabelMachik épouse rayonnante, mère tendresse, amie de grands chemins, Ambassadeur, Sherpa de la RDC à la Francophonie.

EVE FAIT REPARTIR LES ARMES.
Plus tard, quand elle accorde à son domicile une interview, Goya Kitenge fond en larmes, pensant à ses enfants qui, depuis la lointaine France, venaient de suivre sur les réseaux sociaux ces injures publiques.
Et la sénatrice d’annoncer sur le banc une action en justice en vue de réparer l’affront...
Ce qu’elle fait quelques jours plus tard alors que les réactions en sens divers étaient enregistrées de toutes parts. Mais voilà qu’à la reprise des travaux, dans cette même salle dont la réfection par l’homme d’affaires indien Harish Jagtani avait coûté une bagatelle de 4 millions de $ (ou 11 millions, selon des sources) sans suivre la voie légale, une phrase et pas plus d’ATM fait passer un bol d’air, appuyé par un bouquet de fleurs.

«Pour prouver à tous nos collègues et à l’opinion que la sérénité est rentrée à la chambre haute, je demande à notre collègue Bijoux Goya de bien vouloir accepter les fleurs que le bureau offre», déclare le président du Sénat. C’est au tour de Goya de remercier et de jurer que «jamais un tel incident ne se reproduira».
D’aucuns en concluent que la page est tournée...
Un bouquet de... tulipes peut-il clore un débat de fond? C’est l’intraitable Secrétaire générale du MLC Eve Bazaïba qui fait repartir les armes : «A nos filles: aucun bouquet de fleurs, ni des chocolats ni l’argent ne pardonneront les coups, humiliations et insultes. Les fleurs, on les dépose même au cimetière. Eduquons nos filles et nos garçons à respecter les droits humains! Je soutiens la Sénatrice Bijoux Goya».
Et, en effet, la Sénatrice a maintenu intacte sa plainte.

L’ACTE NE PEUT RESTER IMPUNI.
Vendredi 8 mars, le jour d’après cet échange de bons procédés, elle comparaît devant un magistrat du Parquet Général près la Cour de Cassation.
Selon le président de l’ACAJ, l’Association pour l’accès à la justice Georges Kapiamba, la sénatrice a confirmé sa plainte contre Alexis Thambwe Mwamba. Chefs d’accusation: imputations dommageables et injures publiques.
«Il ne faut pas confondre l’action de la justice avec celle du Parlement. La justice va continuer à faire son travail. Elle a porté plainte avant les excuses. Il faut dissocier les deux affaires», explique un proche.
La plainte avait été déposée quatre jours auparavant.

Une avocate, Me Joséphine Lombela, elle aussi sénatrice, est du même avis.
Elle explique que l’incident de la plénière «ne peut rester impuni et constitue une violation flagrante de l’article 14 alinéa 3 de la Constitution de la République. Il va à l’encontre des dispositions de l’article 92 du Règlement Intérieur du Sénat qui stipule que «sont interdites, toute imputation, toute attaque personnelle, toute interpellation d’un Sénateur, toute manifestation ou interruption troublant l’ordre de la séance».
On attend la suite.
D. DADEI.


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