Au Portefeuille et à la SCTP, Alingete gagne son bras de fer
  • jeu, 17/02/2022 - 16:44

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1546|JEUDI 17 FÉVRIER 2022.

Il attendait depuis le 31 janvier 2022 une action ferme de la ministre d’État en charge du Portefeuille, Princesse Adèle Kahinda Mahina contre les mandataires de l’État. Quatre étaient particulièrement visés : ceux de SONAHYDROC ex-COHYDRO, de COBIL, de la Régideso et de la SCTP, ex-ONATRA. En cause : une «gravité d'actes de mauvaise gestion» notamment, s'agissant de la SCTP, de surfacturations. Dix jours d’attente... en vain. Face à l’inaction de la ministre et les intrusions de la Primature, ayant établi une mauvaise foi manifeste, l’Inspecteur en chef de l’IGF, Jules Alingete Key décide d’un passage en force. Nommés mi-juillet 2021, le Directeur général de la SCTP, Jean Masumboko Mukengerwa et son PCA Emmanuel Mbo sont interpellés, le 10 février 2022, sur la plainte de l’IGF, par le procureur général de la Cour d’appel de la Gombe. Et, depuis, placés sous map, le mandat d'arrêt provisoire.

«Ou bien vous payez illico presto, ou bien vous payerez avec des intérêts moratoires!».
L’ukase à l’encontre de Jean Masumboko Mukengerwa est signé Valéry Mukasa Mwanabute, conseiller principal du Premier ministre Jean-Michel Sama Lukonde Kyenge, invoquant le nom du DirCab du Premier ministre Paul-Gaspard Ngondankoy.

Pour le chef de l'Inspection Générale des Finances, le DG de la SCTP ne doit pas obéir à un ordre qui «alloue une prime à la prédation». Bras de fer en perspectives.
Du temps du Premier ministre Matata Ponyo, la SCTP Sa, la Société commerciale des ports et des transports avait conclu, avec la société IMD, International Marketing Distributing company, le marché de fourniture des profilés métalliques pour la réhabilitation de deux de dix quais du port de Matadi, à savoir, Fuka-Fuka (525 m) et Matadi (650 m) qui, respectivement, existent depuis 1935 et 1940.

Mais le paiement de la facture va poser problème au point que mi-novembre 2021, la firme IMD s’en est remise au Premier ministre. Dans sa lettre (n°IMD/AG/054/MB/021 du 11 novembre 2021), la firme sollicite «le paiement et la confirmation de votre autorisation préalable».

LE DEAL EST UN DOL SURFACTURE.
Le mois suivant, le conseiller principal Mukasa, agissant au nom du Directeur de cabinet en mission, adresse une correspondance (n°CAB/PM/CTS/DPM/RTB/2021/1479 du 17 décembre 2021) au Directeur général de la SCTP dont les termes ci-après : «Par la présente, et s’appuyant sur la position de son prédécesseur contenue dans sa lettre CAB/PM/CCPG/MIR/2017/0689 du 3 avril 2017, son Excellence Monsieur le Premier ministre vous demande de procéder au paiement de la société IMD sur les ressources issues de la RLT (ndlr, Redevance logistique terrestre) tel que prévu par la certification de la décision du Conseil d’administration».

Le conseiller principal de poursuivre : «Le défaut de paiement (...) donne lieu au paiement des intérêts moratoires au bénéfice du titulaire. (...) Le règlement des factures du fournisseur ne peut faire l’objet d’un blocage». Selon la mouvance syndicale de l’ex-ONATRA, la correspondance lapidaire de la Primature est venue en réaction à la lettre (réf. n° 1952/PR/IGF/IG-CS/JAK/NMM/2021 datée du 17 décembre 2021) de l’Inspecteur en chef Jules Alingete Key, parvenue quelques heures plus tôt au ministère du Portefeuille et à la SCTP.

L'Inspecteur Général des Finances-Chef de Service recommande à la ministre d’État Adèle Kahinda Mahina, «de surseoir à l’exécution dudit contrat» pour «de graves irrégularités qui frisent la dilapidation des ressources de la SCTP, entreprise du Portefeuille de l’État, notamment, l’usurpation du pouvoir de l’Assemblée générale par le président du conseil d’administration a.i. (ndlr, José Makila Sumanda, actuellement sénateur) et le Directeur général a.i. (ndlr, Franklin Mabaya) lors de la signature de l’avenant ainsi qu’une variation injustifiée du montant du marché passant de 2.497.134, 27 $US à 7.939.900,28 $US en violation flagrante de l’article 13.1 du cahier des clauses dudit marché».

Outre cela, les recettes RLT, environ 100 millions $US sont destinées à moderniser le réseau ferroviaire de l’ex-ONATRA.
Le Premier ministre Matata avait, en catimini, soutiré une dizaine de millions de $US en vue de créer la compagnie aérienne Congo Airways. Mais depuis la création de cette compagnie, la SCTP ne tire pas un dividende.
En légistique, actes et décisions pris par la Primature priment (sur) ceux de l’IGF qui n’est qu’un service de la Présidence. Sauf que l’Institution Président de la République a accordé à l’IGF les pleins pouvoirs de contrôle de toutes les dépenses à l’initiative des ministres ou des mandataires publics.

A qui le D-G de la SCTP va obéir? Face à la cacophonie qui s’installe, Jules Alingete se résout à écrire directement au DirCab du Premier ministre Paul-Gaspard Ngondankoy dans des termes rocailleux.
Il dénonce ceux qui cherchent à «donner l’impression de naviguer à contre-courant dans la lutte contre l’impunité dans la gestion publique décrétée par le Chef de l’État», en cherchant à «allouer une prime à la prédation» (n°0088/PR/IGF-CS/JAK/NMM/2022, lettre datée du 24 janvier 2022).

Et, sans fioriture, l’Inspecteur en chef Alingete exige de Paul-Gaspard Ngondankoy «de reconsidérer instamment (son) instruction dans la mesure où les inspecteurs généraux des Finances chargés de l’encadrement des opérations financières de cette entreprise (SCTP) n’ont pas encore approuvé l’exécution de ce paiement».
Jusqu’au 7 février 2022, soit deux semaines plus tard, le Directeur de cabinet du Premier ministre n’a pas donné suite à la lettre de l'Inspecteur Général des Finances, Chef de Service.

Et, pour marquer sa fermeté, dans une nouvelle correspondance (n°0086/PR/IGF/IG-CS/JAK/NMM/2022, datée du 31 janvier 2022) avec copie au Président de la République, Jules Alingete Key prend soin de rappeler - une nouvelle fois - à la ministre d’État Adèle Kahinda Mahina «de prendre des dispositions au vu de la gravité des faits constatés sur le contrat n°46F036/D SCTP SA ex-ONATRA-Société IMD».

ADELE KAHINDA N’EN FERAIT QU’A SA TETE!
Alors que le dossier se corse, la ministre d’État échafaude un autre dossier aussi sujet à caution. Elle presse la SCTP à verser près de 10 millions de $US à AGEMI, une société de ... Mboyo Ilombe alias Pélé Mongo, 65 ans, tantôt belge depuis 2002, tantôt congolais, candidat malheureux aux législatives de 2006 sur la liste MLC de Jean-Pierre Bemba Gombo.

Très connu dans le milieu du foot congolais, il est le fils Ilombe Mboyo dit « Petit Pelé », joueur de football international belge - ex-Diable rouge et actuel attaquant de La Gantoise - mis aux arrêts, il y a quelques années, pour viol collectif et avait pu relancer sa carrière mais arrêté le 15 janvier 2022. «Petit Pelé» en était venu aux mains avec une jeune femme, une Française de 26 ans, dans un hôtel de luxe - «Le Louise Hotel Brussels» - de l’avenue de Toison d’Or, à Ixelles.
« La victime présentait notamment des traces au niveau du cou », selon une source proche de l’enquête.

Alors que Jules Alingete attendait de la ministre une suite sur les mandataires incriminés dans sa lettre datée du 31 janvier 2022, le même jour, Adèle Kahinda écrit notamment au Directeur général Jean Masumboko Mukengerwa en ces termes : «J’ai demandé à AGEMI de revoir à la baisse le montant convenu. Ce qui fut fait. Ainsi, les astreintes judiciaires sont passées de la somme initiale de 47.000.000 $ US respectivement 5.755.000 $US et 4.075.000 $US», écrit la ministre dans une note (réf. n°0119/MINPF/MKA/KTL/AKM/2022), parvenue au bâtiment administratif de la SCTP, le 8 février 2022. Adèle Kahinda se félicite d’avoir aidé la SCTP à épargner 42.925.000 $US dans une affaire des sacs de ciment qui seraient périmés au port de Matadi.

C’est la bonne foi de Pélé Mongo qui veut se contenter du menu fretin qui suscite suspicions. Combien de sacs de ciment qui seraient périmés? Pourquoi ne pas contester les DI en instance supérieure? «Ce litige a fait l’objet de plusieurs séances de travail entre les parties, certaines présidées par moi-même. (...)

Dans le but de défendre les intérêts de la SCTP SA condamnée à payer les astreintes judiciaires qui avaient atteint des montants exorbitants et s’alourdissaient chaque jour (...). À l’issue des débats contradictoires, j’ai instruit le PCA de la SCTP SA de traiter ledit dossier sur base de l’arrangement à l’amiable. Le résultat de ma décision avait été coulé sous forme de la résolution n°D16/SB22/CA/2021 du Conseil d’administration du 01 et 02 décembre 2021».

Le 19 janvier 2022, l’ONG ACAJ, Association congolaise pour l’accès à la justice, soutenait, dans sa lettre n° 06/ACAJ/SEC-ADM/JMT/GK/22 adressée à la ministre que la créance était «controversée»...
POLD LEVI.


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