- lun, 06/03/2017 - 06:08
L’ex-richissime gouverneur du Katanga se pose en véritable chef de l’opposition.
Dans un message d’une rare violence appelée «Déclaration publique» datée de samedi 4 mars à Bruxelles, Moïse Katumbi Chapwe se pose en chef de l’opposition congolaise tout comme en successeur d’Etienne Tshisekedi dont il dit poursuivre et faire aboutir «l’œuvre» - l’alternance et la démocratie. L’ancien gouverneur de l’ex-Katanga, transfuge de la Majorité Présidentielle présente Tshisekedi comme son «modèle». Il appelle «compagnon de lutte» le fils Tshisekedi, François Antoine Félix Tshisekedi Tshilombo qu’il dit être «le digne successeur de son père» dont il a hérité, écrit-il, talents, énergie et abnégation. Katumbi «met en garde le pouvoir».
Les «manœuvres basses et méprisables (du pouvoir) restent sans effet», écrit l’ex-gouverneur qui proclame: «Notre mouvement - le Rassemblement - est et demeurera à jamais un et farouchement déterminé à faire accomplir le destin démocratique de la RdCongo».
Il appelle à l’application «immédiate» de l’accord de la Saint-Sylvestre qui donne, explique Moïse Katumbi Chapwe, toute légitimité aux institutions électives du pays - Présidence de la République, gouvernement, assemblées nationales et provinciales, gouverneurs de province. Et «si l’accord n’est pas rapidement mis en application notamment par la nomination d’un nouveau gouvernement dont le Premier ministre sera présenté par le «Rassemblement», l’ex-gouverneur du Katanga décrète que «toutes ces institutions électives perdront leur légitimité, le peuple ne les reconnaîtra plus».
«POIDS MARGINAL».
Il minimise les contestations qui ont lieu au sein du Rassemblement après les désignations de son Président et du Président du Conseil des sages, attribuant celles-ci à des «tentatives de manipulation par le régime au pouvoir», expliquant que «ceux qui cèdent (aux tentatives du pouvoir) doivent savoir qu’ils jouent le jeu d’un régime cynique qui va à l’encontre de l’expression du peuple» avant de contester «le poids de ces dissidents» au sein du Rassemblement, l’estimant «marginal, tout comme leur rayonnement au sein de la population». Parmi ceux dont il fait allusion, il y a le président des FONUS Joseph Olenghankoy Mukundji, le secrétaire général adjoint de l’UDPS Bruno Tshibala Nzenze «autoexclu» le même samedi 4 mars pour «comportement rebelle» à la suite d’une déclaration politique de son secrétaire général Jean-Marc Kabund-A-Kabund, signant «pour la présidence du parti». Un autre UDPS Valentin Mubake tout comme «l’allié» Jean-Pierre Lisanga Bonganga et Martin Fayulu, candidat malheureux, modérateur de la Dynamique de l’opposition. Katumbi explique que «les plateformes auxquelles ces dissidents appartiennent ont toutes validé et pris acte des nominations de Félix Tshisekedi et Pierre Lumbi».
Puis: «Je rappelle ici que le «Rassemblement» est un regroupement de plateformes et non de personnalités politiques». Et, «si certains s’opposent aux nominations, ils sont libres de quitter le mouvement», tranche le chef de l’équipe de football TP Mazembe. Les nominations du 2 mars sont «d’excellentes nouvelles pour l’opposition congolaise», écrit Moïse Katumbi Chapwe. Il explique: «Nos nominations résultent d’un large consensus qui a démontré l’unité des différentes plateformes qui composent le Rassemblement».
«Nous avons montré notre capacité à nous réorganiser rapidement et efficacement contrairement à la Majorité Présidentielle». Il vante l’ancien conseiller spécial du Président de la République en charge des questions de sécurité Pierre Lumbi Okongo nommé Président du Comité des sages qu’il présente comme «un infatigable défenseur de l’Etat de droit» dont les «grandes capacités humaines et politiques seront précieuses pour relever le défi démocratique de notre pays».
TRES VAGUE SUR SON RETOUR.
Il appelle «tous les Congolais à compter sur un «Rassemblement» solide, uni, déterminé à conduire la RdCongo sur le chemin de l’alternance».
Et le peuple à «refuser d’être tenu en otage», l’invitant à être vigilant, à réclamer avec force et constance les élections et de s’opposer à toute tentative de changement constitutionnel notamment par voie référendaire.
Il rappelle qu’il est «candidat à l’élection présidentielle» et pour ce faire, il annonce qu’il sera «bientôt de retour dans mon pays pour mener cette lutte aux côtés de mes compatriotes et la faire triompher car il n’existe nul avenir en RdCongo en dehors de l’alternance et de la démocratie».
MKC oublie de dire s’il fera ou non partie de la délégation qui doit rapatrier les restes d’Etienne Tshisekedi en principe samedi 11 mars, selon un communiqué de la famille biologique.
Il faut rappeler que le 9 février, sur les marches de la Basilique de Koekelberg à Bruxelles lors de la messe de requiem célébrée en grandes pompes en mémoire de Tshisekedi, Moïse Katumbi Chapwe avait fait sensation en annonçant qu’il regagnerait le Congo «avec la dépouille» de son héros. «Je vais rentrer avec la dépouille à Kinshasa. C’est clair et définitif».
Nombre d’observateurs avaient en son temps présenté cette annonce comme celle émanant d’un homme désireux de revenir sur les devants de la scène médiatiques après l’éclipse du 19 décembre, date présentée comme la fin du monde au Congo.
T. MATOTU.