- dim, 16/04/2017 - 08:36
Notre pays a néanmoins deux talons d’Achille…
C’est une Vérité de la Palisse: trop de médias tue les médias. On ne peut communiquer sur une sphère hypermédiatisée. La com’ ne sera que noyée dans un vacarme assourdissant surtout quand ces médias n’obéissent à aucune règle, à aucune éthique, vont, viennent au gré des vagues, pour tenter d’être.
NOTRE TALON D’ACHILLE.
Les toutes récentes récriminations faites à un nombre incalculable de médias congolais par l’instance de régulation nationale CSAC (Le Conseil supérieur de l’Audiovisuel et de la Communication désigne à la vindicte publique ses moutons noirs, KIN’S n°3, lundi 30 mars 2017) montrent à la fois le chaos éthique et déontologique dans lequel gît le secteur et le danger politique encouru par le pays. Dès lors que la presse concourt à la démocratie, il lui appartient d’être professionnelle en respectant ses propres règles et responsable face à la société. En France par exemple, il arrive que la presse unanime fasse bloc pour défendre des règles et des valeurs en refusant de publier ou de diffuser tel ou tel aspect pervers de l’actualité.
Tant que ce secteur restera loin des missions de ses pères fondateurs dont le plus illustre est le Français Emile de Girardin, il faillira.
N’est-ce pas ce père fondateur qui nous a laissés ces belles phrases qui, près de deux siècles plus tard, n’ont reçu aucune moindre petite ride depuis? Telle celle-ci: «la routine, cette préface des révolutions». Ou: «gouverner c’est prévoir». Ou: «la popularité est plus communément un écueil qu’une récompense». Ou encore - et précisément: «la liberté n’est pas à craindre tant qu’elle n’a pas à craindre pour elle-même»...
Or, qui dit liberté dit démocratie. La presse qui donna son titre au premier journal moderne renforce-t-elle la démocratie dans notre pays, elle qui est à la merci de tous les dérapages et se vend à qui veut?
C’est précisément ce fait qui lui ôte toute crédibilité et le report que l’on observe du public national vers les médias internationaux. Ce qui explique qu’en peu de mois de présence dans notre pays, la française Sonia Rolley de Rfi culmine sur son compte Twitter près de 160.000 abonnés quand des officiels congolais n’en atteignent pas 20.000 même s’ils peuvent être la source officielle d’information.
La presse est, c’est vérité de la Palisse, notre talon d’Achille. Qui sauvera le secteur en lui imposant ses propres règles sauvera la démocratie au Congo, et, du coup, sauvera le Congo.
CE PETIT VILLAGE.
Mais ce n’est pas notre seul talon d’Achille. Il en existe un autre. Disons-le tout de go: la diplomatie.
Le Congo a beau proclamer sa souveraineté nationale - et il a raison et devrait le faire à chaque fois que c’est nécessaire, autant mourir pauvre et libre plutôt que riche et esclave - il n’oublie guère que le monde est un petit village, que le monde est une jungle où les gros mammifères règnent en monarques absolus et imposent leur loi implacable, dévorent sans ménagement les plus petits. Ils suffirait qu’ils le décident... S’ils ont créé les Nations Unies, les véritables décisions se prennent ailleurs: dans un cercle restreint, le Conseil de Sécurité où ils se neutralisent par un droit de veto qu’ils se sont octroyés eux seuls, les cinq membres fondateurs permanents, vainqueurs de la dernière guerre mondiale, Etats-Unis, Royaume-Uni, France, Russie, Chine - la grande Chine communiste qui a retrouvé le 23 novembre 1971 ses droits au détriment de Taïwan trop petit, trop faible même si c’est sur l’île que se sont réfugiés tous les nationalistes non communistes.
Mais voilà que le pragmatisme a conduit l’ONU à cesser de reconnaître Taïwan et à reconnaître comme seule Chine légitime la Chine communiste dotée comme les autres quatre puissances, de l’arme nucléaire...
Ces pays ont pouvoir de bloquer toute décision ou toute résolution quelle que soit l’opinion majoritaire exprimée au Conseil.
Voilà que notre pays veut assumer sa souveraineté, ce que certains puissants lui contestent...
EXPLIQUER ET CONVAINCRE.
Il lui restent à expliquer et à convaincre ailleurs afin de calmer des appétits. C’est la mission que conduit le Vice-premier ministre en charge des Affaires étrangères Léonard She Okitundu à la tête d’une délégation composée de l’ambassadeur Me Norbert Nkulu Mitumba Kilombo et du Vice-premier ministre honoraire Adolphe Lumanu Mwana Nsefu. Après Conakry où ils ont rencontré le président de l’UA, Alpha Conté, ils étaient à Addis Abeba où ils ont conversé avec le président de la Commission de l’UA, Moussa Faki Mahamat et celui de la Commission Paix et Sécurité Smaël Chergui. Sans compter des visites à Brazzaville, Bruxelles, Paris Moscou, Beijing, de même qu’en Afrique australe, etc. Il s’agit de faire le point des appuis sur lesquels le pays pourrait compter, de compter ses amis quand le monde devient imprévisible et dangereux. Vous avez beau ne rien vous reprocher, il y a toujours quelqu’un qui vous cherche noise. Parce qu’il vous déteste pour ce que vous êtes, non pour ce que vous faites...
T. MATOTU.