Dilemme congolais
  • ven, 19/02/2016 - 04:33

Tenir ou pas le Dialogue?

Voilà que pour la énième fois, la... Communauté internationale a parlé! Puisque sur le dossier Congo seule compte la parole de la Communauté internationale... Mais pour une rarissime fois, cette parole n’est pas du goût des opposants, du moins d’une partie d’elle.

EST PRIS QUI CROYAIT PRENDRE?
Communauté internationale? Comme à chacun des enjeux majeurs, elle s’est exprimée d’une seule et même voix.
- L’UN (Nations Unies) qu’appellent de tous leurs vœux l’UDPS et Etienne Tshisekedi wa Mulumba!
- Mais aussi l’UE (Union Européenne) jamais détestée, à ce que l’on sache, par l’opposition!
- L’UA (Union Africaine), notre union continentale hautement suspectée - sinon détestée - par l’opposition.
- L’OIF (Organisation Internationale de la Francophonie) s’est jointe à ce consensus international sinon planétaire.
Que disent ces quatre Organisations internationales? Rien de plus - ni de moins - de ce que dit et répète le Président de la République.
En clair:
- Les élections doivent se tenir mais de bonnes élections.
Pour cela,
- la classe politique nationale toutes tendances doit se retrouver autour d’un dialogue national et l’ensemble des acteurs politiques apporter une entière coopération à Edem Kodjo, l’émissaire de l’UA qui consulte les acteurs politiques et sociaux en vue d’un dialogue que l’opposition elle-même a réclamé.
Cette classe politique réunie dans un dialogue a pour mission de:
- se mettre d’accord sur un calendrier électoral crédible - les scrutins se tenir «à bonne date» - et débattra librement et démocratiquement de toute autre question qui lui tiendrait à cœur.
Il faut noter que tôt, l’opposition a fait état d’un corps électoral inexistant basé sur un fichier électoral vicié, donc entaché de nullité. Du coup, il faut faire exister ce corps électoral en revisitant le fichier. De même, c’est l’opposition qui a estimé que pour être légitimes, les prochaines élections doivent prendre en compte ceux de nos compatriotes qui ont atteint l’âge de voter - les «nouveaux majeurs» - tout comme nos compatriotes de l’étranger - la diaspora congolaise légale. Interpellée, la centrale technique électorale CENI déploie la faisabilité - les contraintes...
- Toute publication de calendrier électoral est liée à un accord de la classe politique étant donné que toutes ces demandes déplacent les scrutins au-delà des dates constitutionnelles.
Est pris qui croyait prendre?

AUCUNE VACANCE A LA TETE DE L’ETAT.
Il est temps que l’opposition - tout au moins sa frange dure - UNC, ECIDé, MLC, Dynamique de l’opposition, G-7, Front Citoyen Goréen 2016, etc. - dise au pays ce qu’elle veut exactement.
Si elle conditionne toute participation au Dialogue qu’elle a elle-même réclamée à une déclaration préalable du Président de la République, Chef de l’Etat annonçant et garantissant qu’il n’irait pas au-delà de son mandat et qu’il remettrait celui-ci à son terme, il faut craindre qu’elle n’y parvienne pas dès lors que cela n’est inscrit nulle part dans nos lois; qu’au contraire, en l’espèce, la Constitution est explicite.
Le Président de la République en fonction ne remet le pouvoir qu’à un Président légalement élu.
En clair, la Constitution du pays ne prévoit nullement de vacance à la tête de l’Etat.
«A la fin de son mandat, le Président de la République reste en fonction jusqu’à l’installation effective du nouveau Président élu» (art 70, al. 2, Constitution de la République Démocratique du Congo, Kinshasa, février 2011).
Or, ce Président «veille au respect de la Constitution». Il l’a juré. «Il assure, par son arbitrage, le fonctionnement régulier des pouvoirs publics et des Institutions ainsi que la continuité de l’Etat» (art. 69).
Si le refus de l’opposition d’aller au Dialogue est maintenu, l’émissaire international, le Togolais Edem Kodjo se trouve face à un dilemme: confirmer le Dialogue en faisant publier son Comité préparatoire en prononçant la mise à l’écart d’une frange des Congolais légitimes ou faire rétropédaler l’Etat en prononçant la révocation du Dialogue? Il lui en faut du génie créateur!
Reste aux services de police d’aider à ce que chaque Citoyen libre vaque en toute tranquillité à ses occupations, que l’Etat assure ses prérogatives régaliennes. C’est le lieu de saluer la police pour la journée de mardi 16 février qui a été en réalité une provocation mais qui s’est déroulée sans la moindre bavure policière. Signe de responsabilité. La veille, lors d’une parade, le commissaire de la police Ville de Kinshasa, le général Célestin Kanyama, avait insisté sur l’apolitisme de son corps. «Ce mardi est un jour comme tous les autres. Et les gens doivent travailler […] Malgré que nous [policiers] travaillons 24 heures sur 24, mais je sais que nous n’avons pas reçu une instruction particulière pour dire que demain, on ne va pas travailler. Demain, on doit travailler. Tout le monde doit aller au travail puisque la journée n’est pas décrétée fériée». Il a annoncé le déploiement de ses hommes à travers la ville. Mission: interpeller toute personne qui tenterait d’enfreindre la liberté de mouvement des autres Congolais. Un point de gouvernance.
T. MATOTU.


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