Espoir ou désespoir pour l'économie congolaise
  • lun, 22/07/2024 - 14:48

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1614|LUNDI 15 JUILLET 2024.

Espérer et donc dormir sur ses lauriers ou désespérer et donc baisser les bras ?

Ministre de l'Économie du Gouvernement du IIème mandat du Président de la République Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo que dirige Mme Judith Suminwa Tuluka avec titre de Vice-premier ministre, Daniel Mukoko Samba est avant tout professeur d'Université. Master en Économie à l’Université de Kinshasa et à l’Université d'Oita au Japon, il a aussi un diplôme de docteur en Développement urbain et régional de l’Université de Tsukuba, Japon. Dix ans auparavant, il était ministre du Budget avec titre de Vice-premier ministre nommé le 28 avril 2012 dans le Gouvernement Matata I qu'il quitte trente mois plus tard, le 7 novembre 2014 avant d'être nommé plus tard Directeur général de l'ex-Onatra, SCTP, qu'il quitte le 26 octobre 2018. Le 6 juillet 2024, il a animé sur la Colline Inspirée, l'Université de Kinshasa, une conférence devant ses étudiants et des membres du corps professoral.
Question centrale : « l’économie congolaise se porte à merveille ?» Réponse : non ! Pourquoi ? Le système économique congolais basé sur la production minière « n’a pas généré les changements structurels attendus ». Or, explique Daniel Mukoko Samba, citant « les théories économiques les plus éprouvées», « le transfert des facteurs de production (notamment le travail) des secteurs moins productifs vers des secteurs plus productifs est la condition nécessaire pour que la productivité globale augmente. La réduction de la pauvreté dépend de cette transformation structurelle».
Au Congo, poursuit-il, « comme dans la plupart des pays d’Afrique subsaharienne, surtout ceux dépendant des ressources naturelles, les changements structurels observés ont plutôt réduit les perspectives de croissance économique durable ».
Or, explique Daniel Mukoko Samba, «le revenu réel d’un Congolais ne s’est accru que de 0,7 % l’an sur la période 2016-2021, passant de 492,8 $US en 2016 à 512,9 $US en 2019 et 517,9 $US en 2021.
Comment partir de 580 $US aujourd’hui au seuil de 1.085 $US à l’horizon 2030 ou 2035 ? La Guinée Conakry est rentrée dans la catégories des PRITI (Pays à Revenu Intermédiaire de la Tranche Inférieure) en 2022, partant d’un RNDB (Revenu National Disponible Brut) réel par habitant de 480 $US en 1994 à 1190 $US en 2022».
Que faire ? Quels choix stratégiques opter qui déterminerait « le sentier de croissance» susceptibles de sortir le Congo « des pièges de la pauvreté et de la fragilité » ?
Puisque la croissance du potentiel de main-d’œuvre est alimentée par la jeunesse de la population et par une forte fécondité, il n’est donc pas surprenant que le Président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, ait classé la création de plus d'emplois au premier rang de ses Engagements pour son deuxième mandat, explique le professeur Daniel Mukoko Samba qui ne doit pas avoir été loin dans la conception de cette stratégie. Puis, l'économie congolaise étant «dominée par l’industrie minière qui a tendance à créer des enclaves technologiques connectées à l’économie mondiale et qui n’exhibent que très peu d’effets d’entraînement en aval, ces caractéristiques ne favorisent pas la création massive d’emplois», le Congo, plus que jamais, fait « face à la nécessité de développer les infrastructures (transport, énergie, système d’eau et technologies de l’information et de la communication) et de transformer l’agriculture tout en demeurant attractif aux investissements directs étrangers pour jouir d’un taux de croissance annuel moyen de 10 %».

En intégralité et en exclusivité, «Économie nationale de la RDC, de 2024 à 2028 : Espoir ou Désespoir ?».
Ci-après :

L’intitulé de la présentation qu’il m’est demandé de faire à ces assises peut laisser penser que la question de l’évolution de l’économie congolaise peut se résumer en un choix simple : soit espérer et donc dormir sur ses lauriers, soit désespérer et donc baisser les bras.

La question est beaucoup plus complexe.
En réalité, si l’on se référait uniquement aux agrégats macroéconomiques, on serait tenté de croire que l’économie congolaise se porte à merveille.
Depuis 2002, le Produit Intérieur Brut, PIB, s’est accru de manière continue, sans enregistrer une seule année avec un taux négatif.

Les taux de croissance les plus faibles sont ceux de 2008 et 2020.
Le fléchissement de la croissance économique au cours de ces deux années est expliqué, respectivement, par les effets de la grave crise économique mondiale de 2008-2009 et ceux de la crise de Covid-19. Quel est alors le vrai problème qui se pose de manière structurelle dans l’économie congolaise ?

◗ Le problème.
L’évolution de la croissance annuelle du PIB au cours des vingt dernières années révèle que l’économie congolaise est l’une de celles ayant enregistré des niveaux de croissance parmi les plus élevés en Afrique. Cependant, étant essentiellement tirée par le secteur minier (cuivre et cobalt), cette croissance est volatile, avec des variations de grandes amplitudes.

La croissance économique hors-secteur minier est généralement plus faible que celle des industries extractives.
À la suite du Code minier de 2002 révisé en 2018, la RDC est redevenue l’un des plus grands producteurs mondiaux du cuivre. Le pays a produit 2,360 millions de tonnes de cuivre en 2022 et 2,840 millions en 2023.
Comme on peut le voir sur la Fig. 1 (Évolution comparée du PIB et des cours mondiaux de cuivre), la croissance de l’économie congolaise est étroitement corrélée avec le cours mondial de son principal produit d’exportation, le cuivre.
Cette croissance n’a toutefois pas généré les changements structurels attendus. Selon les théories économiques les plus éprouvées, le transfert des facteurs de production (notamment le travail) des secteurs moins productifs vers des secteurs plus productifs est la condition nécessaire pour que la productivité globale augmente. La réduction de la pauvreté dépend de cette transformation structurelle.

En RDC, comme dans la plupart des pays d’Afrique subsaharienne, surtout ceux dépendant des ressources naturelles, les changements structurels observés ont plutôt réduit les perspectives de croissance économique durable. L’adoption des techniques de production grandes consommatrices du facteur capital dans les secteurs porteurs de croissance (dans notre cas, le secteur minier) a engendré des mouvements du facteur travail dans le sens opposé à celui qui aurait contribué à l’accélération de la croissance économique.

En effet, en s’adaptant à la nouvelle frontière technologique imposée par les multinationales qui ont afflué dans le pays après 2002, les firmes nationales se sont débarrassées du surplus de main-d’œuvre qui, malheureusement, a été absorbé par les secteurs les moins productifs et par le secteur informel. C’est ce qui explique le fait que la croissance économique s’est accompagnée d’une contraction des taux d’emploi.
Et, pourtant, la proportion des jeunes dans la population totale est élevée et elle va le demeurer pendant une très longue période encore.

Les effets de la démographie et d’autres mouvements qu’elle génère (notamment l’urbanisation) se font déjà pressants.
La population d’âge actif (15 à 64 ans) devrait atteindre 65 millions de personnes en 2030 (54 % de la population totale), soit une augmentation de 62 % par rapport à 2016 (Fig. 2, Évolution des données démographiques et de l’emploi, 1998-2018 et projections, en milliers).

La croissance du potentiel de main-d’œuvre est alimentée par la jeunesse de la population et par une forte fécondité.
Dans ces conditions, il aurait fallu créer 14,7 millions de nouveaux emplois entre 2016 et 2025, et 10,3 millions entre 2025 et 2030, soit un total de 25 millions d’emplois sur quatorze ans. Une telle capacité de création d’emplois ne peut être réalisée sans que l’économie se transforme radicalement par le jeu d’une productivité accrue. Comparé à d’autres pays africains et d’Asie du Sud-Est affichant des conditions initiales quasi similaires (Éthiopie, Nigeria, Botswana, Vietnam), la RDC est le seul pays qui affiche des parts négatives du taux de participation, de la composante démographique et du taux d’emploi.

Propres à une économie dominée par l’industrie minière qui a tendance à créer des enclaves technologiques connectées à l’économie mondiale et qui n’exhibent que très peu d’effets d’entraînement en aval, ces caractéristiques ne favorisent pas la création massive d’emplois.
Dans l’état actuel des choses, les gains de productivité restent condamnés dans les secteurs qui les crée (le secteur minier).

Il en découle immanquablement une faible capacité d’emplois.
Les gains de productivité étant très faibles dans le secteur agricole, il est évident que la main-d’œuvre non employée dans les services se retrouve dans le secteur informel.
Les hordes de travailleurs venant gonfler les rangs d’un secteur informel peu productif créent des incitations à une urbanisation dont le rythme ne correspond pas à l’évolution du revenu par habitant.

Pour un pays qui est à l’entrée de la transition démographique, le Congo a un besoin urgent d’un changement structurel, seul susceptible de le sortir de cette situation peu reluisante.
Il n’est donc pas surprenant que le Président de la République ait classé la création de plus d'emplois au premier rang de ses Engagements pour son deuxième mandat.

◗ Notre ambition.
Dans l’ensemble, le revenu réel d’un Congolais ne s’est accru que de 0,7 % l’an sur la période 2016-2021, passant de 492,8 $US en 2016 à 512,9 $US en 2019 et 517,9 $US en 2021. Or, la RDC aspire à devenir un Pays à Revenu Intermédiaire de la Tranche Inférieure, PRITI, à l’horizon 2030, ce qui se traduit par un Revenu National Disponible Brut, RNDB, réel par habitant plancher de 1.085 $US.

Loin des polémiques politiciennes et de spéculations de divers ordres, la question qui se pose à la RDC est celle de partir de 580 $US aujourd’hui au seuil de 1.085 $US à l’horizon 2030 ou 2035. La Guinée Conakry est rentrée dans la catégories des PRITI en 2022, partant d’un RNDB réel par habitant de 480 $US en 1994 à 1190 $US en 2022.
Lorsque l’on compare les deux pays, la RDC se trouve sur une trajectoire en-dessous de celle de la Guinée sur toute la période 1994-2022.

Le Plan National Stratégique de Développement, PNSD, a fait de l’atteinte du statut de PRITI son objectif prioritaire. Les simulations faites dans le cadre des travaux d’élaboration du PNSD pour la période 2024-2028 montrent que la RDC doit se détacher des tendances actuelles qui la condamneraient à demeurer un pays à faible revenu pour des décennies à venir.

Le poids de notre démographie, la jeunesse de notre population, les menaces à nos portes, tout nous oblige à changer de sentier de développement. Le scénario de long terme préféré dans le PNSD postule que la RDC puisse tirer profit de la valorisation de ses ressources naturelles (développement des chaînes de valeurs minières, découverte de nouvelles mines, exploitation des blocs pétroliers et gazier, etc.), ce qui implique la nécessité de développer les infrastructures (transport, énergie, système d’eau et technologies de l’information et de la communication) et de transformer l’agriculture tout en demeurant attractif aux investissements directs étrangers pour jouir d’un taux de croissance annuel moyen de 10 %.

Sur le graphique (Fig. 4. RDC : Simulations du RDDB par habitant à l’horizon 2050), il apparaît qu’alors qu’un pays placé sur la trajectoire-type d’un PRITI africain devient un Pays à Revenu Intermédiaire de la Tranche Supérieure, PRITS, vers 2040, la RDC n’atteint le palier de pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure que tardivement (en 2037) si elle garde son modèle économique actuel et un peu plus tôt si elle change de modèle.
L’ambition de la RDC est donc clairement affichée. Elle n’est pas irréalisable.
Elle impose toutefois des choix stratégiques majeurs.

Ces choix stratégiques détermineront le sentier de croissance qui va nous sortir des pièges de la pauvreté et de la fragilité.
Ne désespérons pas, ne nous contentons pas non plus d’espoirs vains. Répondons plutôt aux questions fondamentales ci-après :

a. Comment développer le capital humain (éducation-formation-qualification) ?
b. Quel modèle de gestion durable des ressources naturelles la RDC entend-elle mettre en place au bénéfice de l’ensemble de la population?
c. Comment structurer le territoire national au service du développement en créant des pôles de développement et en articulant les relations entre les villes et les campagnes ?
d. Quels grands équipements structurants, notamment les infrastructures de transport doivent être mis en place prioritairement pour améliorer l’attractivité du pays ?
e. Comment faire émerger en RDC des entreprises, publiques ou privées, capables de jouer dans la compétition internationale ?
f. Sur quels vecteurs la RDC peut-elle construire son attractivité et différencier son output de ceux de ses concurrents dans la région ?
g. Comment la RDC peut-elle créer des effets de levier national à partir des corridors commerciaux dans les zones transfrontalières ?
h. Quelle stratégie adopter pour la défense et la promotion des intérêts vitaux de la RDC ?

Ces questions touchent, respectivement, aux problématiques de la diversification de l’économie congolaise, de l’aménagement du territoire, du développement des infrastructures structurantes, du développement du capital humain, et de la sécurité nationale. Le PNSD 2024-2028 qui est censé être la boussole de l’action du gouvernement pour les cinq années à venir apporte des réponses précises pour sortir la RDC de son sentier de croissance actuel qui ne peut lui permettre de devenir un Pays à Revenu Intermédiaire de la Tranche Inférieure, PRITI, à l’échéance convenue.
Mais, il nous faut vaincre nos démons.

◗ Nos démons.
La RDC a engagé de nombreuses réformes depuis 2002. Ces réformes ont touché plusieurs domaines à la fois: le Code minier et le Code forestier, 2002; la révision du Code des investissements, 2002 ; la transformation des entreprises publiques, 2008 ; l’introduction de la taxe sur la valeur ajoutée, 2010; la réforme du Code des douanes, 2010 ; la refonte de la gestion des finances publiques, 2011 ; la passation des marchés publics, 2010 ; la libéralisation des secteurs des assurances, de l’électricité et de l’eau, 2014-2015.

Le Code minier de 2002 ouvrit les concessions minières oisives à des investisseurs étrangers attirés par les avantages offerts.
Les lois sur les entreprises publiques de juillet 2008 posèrent le principe du désengagement de l’État des activités marchandes.

Les entreprises publiques exerçant ces activités furent transformées en sociétés commerciales, ce qui devait permettre aux investisseurs privés d’y acquérir des parts sociales ou d’obtenir des concessions d’exploitation sous différents types d’arrangement juridique. Les secteurs des assurances, de l’électricité, de l’eau furent libéralisés par les lois 15/005 du 17 mars 2015, 14/011 du 17 juin 2014, et 15/026 du 31 décembre 2015, respectivement.

L’adhésion au Traité de l’OHADA (l'Organisation pour l'Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires qui compte 17 États membres, ndlr) permit de tourner la page du Décret du Roi-Souverain du 27 février 1887 relatif aux sociétés commerciales qui jusqu’en 2012 était la pièce maîtresse du droit des affaires au Congo.
Par ailleurs, des efforts ont été accomplis pour simplifier les procédures de création des entreprises et de cession des propriétés.

Cet impressionnant arsenal législatif n’a pas pu débarrasser la RDC des démons qui hantent la maison Congo.
Ces démons sont :

a. Le coût élevé de la vie, alors que les revenus de la majorité des Congolais sont bas ;
b. La dépendance envers les importations des biens alimentaires ;
c. La séquestration des principales infrastructures publiques par l’État alors que ses performances en la matière sont mauvaises;
d. L’état infantile du système financier national ;
e. L’incomplétude des services au commerce extérieur (faiblesse des plateformes logistiques, coût élevé du commerce extérieur) ;
f. La multiplicité des taxes ;
g. La dollarisation avancée de l’économie nationale.

À regarder de plus près, tous ces démons sont liés à la manière dont l’État exerce ou n’exerce pas son pouvoir régalien et de la manière dont le secteur privé contribue ou ne contribue pas à faire converger . Examinons deux de ces démons : le coût élevé de la vie et la faiblesse du tissu des infrastructures de base.

Prenons le premier démon. La RDC est un pays cher, comparé à d’autres pays africains qui s’approvisionnent auprès des mêmes fournisseurs des biens de grande consommation, notamment les biens alimentaires. Qu’est-ce que l’État impose à un importateur de biens alimentaires ?

◗ Le droit de douane à l’importation ;
◗ La redevance rémunératoire informatique ;
◗ Les frais de manutention bateau-quai ;
◗ La taxe sur la promotion de l’industrie;
◗ La commission OGEFREM ;
◗ Les frais de contrôle OCC ;
◗ Les frais de laboratoire OCC ;
◗ La rétribution des partenaires de la DGDA ;
◗ Les retenues ANAPI;
◗ La taxe sur les denrées alimentaires ;
◗ Les charges de transit (stevedoring);
◗ Les taxes provinciales ;
◗ Les commissions CVM ;
◗ La commission LMC ;
◗ Les honoraires du transitaire ;
◗ Les frais bancaires.

Tous ces prélèvements font passer le coût du bien alimentaire importé du simple au double avant même que l’importateur n’ait supporté le coût de transport entre le port de débarquement (ou la porte d’entrée sur le territoire national) et le lieu de vente des marchandises.

Par ailleurs, à cause de la forme du secteur des transports et le fait que les containers rentrent généralement vides, les tarifs de transport au kilomètre sont parmi les plus élevés, comparé à d’autres pays africains.
Ainsi, par exemple, le tarif au km sur le segment Matadi-Kinshasa était de 10,31 $US en 2013 comparé à une moyenne de 3 $US pour les couloirs de commerce de l’Afrique de l’Est et de l’Ouest et 1,4 $US pour le corridor Maputo-Johannesburg.

Cet exemple montre que l’État doit faire plus d’efforts pour alléger la structure des prix des biens de grande consommation de manière à protéger le pouvoir d’achat des Congolais.
Le même effort est attendu de l’État en ce qui concerne la structure des prix des biens alimentaires locaux qui sont alourdis par plusieurs taxes provinciales et les nombreuses barrières le long des routes commerciales.
Concernant le réseau des infrastructures, il faut rappeler que reconstruire l’économie congolaise passe inéluctablement par la reconstruction de l’espace national pour en faire un marché unique.

Pendant la période coloniale, l’immense territoire de notre pays était économiquement organisé.
Ce schéma distinguait clairement deux grandes zones du Congo utile au sein desquelles étaient concentrées les activités économiques. Ces zones d’activités étaient tenues entre elles par un réseau de transport constitué de 5000 km de voies ferrées ne formant pas un réseau unique, le fleuve Congo, et un réseau de près de 150.000 km de routes rurales. La caractéristique la plus notoire de ce schéma était la prééminence accordée à la voie nationale qui reliait le Katanga minier au port de Matadi à l’aide d’un réseau multimodal (voies ferrées, voies fluviales).

Le schéma colonial s’est désintégré au gré des événements politiques, économiques et sociaux qui ont émaillé l’histoire de la RDC depuis l’accession à l’indépendance. Les rédacteurs du Schéma national d’aménagement du territoire édition 2004 ont estimé que ces événements ont laissé exploser les forces centrifuges sur les forces de concentration. Le fleuve Congo a cessé de jouer son rôle intégrateur. La voie nationale s’est brisée. Les guerres ont fini par connecter de larges zones du territoire national aux espaces économiques des pays voisins.

La RDC est donc devenue un ensemble hétéroclite de marchés intérieurs aux dimensions inégales qui ne sont pas reliés entre eux de manière harmonieuse. Les rédacteurs du Schéma national d’aménagement du territoire notent : « Dans son état actuel, le système de transport ne contribue donc pas à la cohésion du pays et à la constitution de l’unité nationale. Les complémentarités régionales ne peuvent s’exprimer que très difficilement alors que les liaisons avec l’extérieur, à l’Est et au Sud-est, sont considérablement facilitées par des réseaux routiers et ferroviaires en bon état de fonctionnement dans les pays voisins ». (p. 15)

Les priorités du ministère de l’Économie nationale.
◗ 1. Le redressement productif visant trois objectifs stratégiques:
i. la sécurité alimentaire (autosuffisance en manioc, maïs, riz, haricot, poissons, volailles), en collaboration avec les ministères de l’Agriculture et de Pêche et Élevage ;
ii. la transformation des produits locaux (chaînes de
valeurs agricoles, minières), en collaboration avec le ministère de l’Industrie et PME;
iii. la diversification des exportations, en collaboration avec les ministères du Commerce Extérieur et de l’Industrie et PME.
◗ 2. La levée des entraves à l’amélioration du pouvoir d’achat grâce au démantèlement de certains prélèvements sur le commerce (extérieur et intérieur) et d’autres barrières au commerce.
◗ 3. L’économie informelle. Il s’agit de la transition de Très Petites Unités informelles vers des entreprises formalisées. En collaboration avec le ministère de l’Industrie et PME, le ministère de l’Économie nationale donnera une forme précise à cette niche d’emplois considérée dans le programme électoral du Chef de l’État comme l’un des principaux viviers d’emploi.
◗ 4. Le financement de l’économie. L’économie congolaise ne peut se développer sensiblement que grâce à un secteur financier mature composé de tous les segments nécessaires et reposant sur des institutions financières capables de soutenir la politique nationale de développement. En collaboration avec le ministère des Finances et la Banque Centrale du Congo, le ministère de l’économie nationale jouera activement le rôle qui lui revient pour que l’accès au financement soit allégé pour la plupart des producteurs nationaux des biens et services.


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