- jeu, 18/03/2021 - 11:37
KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1521|JEUDI 18 MARS 2021.
Trois messages font le buzz sur les réseaux sociaux en lien avec le procès qui a lieu en chambre foraine, à la Prison Centrale de Makala. Il s’agit du détournement de plusieurs millions de US$ par une maffia organisée solidement installée au sein de l’Inspection Générale de l’Enseignement Primaire et Secondaire et du Service de Contrôle et de Paie des Enseignants.
Selon ces textes, une tombe aurait été creusée «ces derniers jours» pour accueillir plusieurs malles d’argent. L’argent était destiné à quitter le pays mais, avec le procès ouvert à Makala, il aurait pris la direction de Mbangi, village natal de Delon Delphin Kampany Mbwel, à 20 kms de la cité d’Idiofa, province du Kwilu.
Il s’agirait d’une «tombe construite à la hâte, gardée nuit et jour», témoignent des lanceurs d’alerte qui supposent que l’homme dont on dénonce des accointances avec des caciques tribaux, membres de l’ex-parti présidentiel PPRD n’aurait jamais agi seul.
En interne, l’étau se resserre autour de l’un des principaux parrains de cette maffia qui pourrait s’agir du ministre de tutelle Willy Bakonga Wilima qui a perdu toute la confiance du Premier ministre sortant Sylvestre Ilunga Ilunkamba qui aurait projeté, à plusieurs reprises, sa suspension et sa mise à disposition de la justice étant donné l’ampleur du détournement.
L’autre prévenu dans cette affaire est l’Inspecteur général de l’Enseignement Primaire et Secondaire, Michel Djamba Kaombe qui a justifié plusieurs sorties des fonds - un total de 560.040.080 de CDF destinés à l’organisation de l’Examen d’Etat et du Tenafep (Test National de Fin d’Etudes Primaires) - par des ordres verbaux reçus de son ministre.
Il a donné la même explication pour les marchés de gré à gré conclus, selon lui, sous le bénéfice de l’urgence, en violation flagrante de la loi, qui a prévu des procédures précises pour la passation de ce type de marchés.
Quant à Delon Delphin Kampany Mbwel, il pointe du doigt son ministre comme donneur d’ordres dans la sélection des fournisseurs et la conclusion des contrats d’achat des intrants auprès des fournisseurs aux adresses souvent inconnues et exerçant des activités commerciales dans l’informel.
Willy Bakonga Wilima est aussi cité comme responsable de l’agrément de plusieurs écoles fictives ainsi que le recrutement de nouvelles unités, soit fictives, soit ne remplissant pas les critères requis pour prester comme enseignements.
L’ECHEC PLANIFIE DE LA GRATUITE.
C’est Willy Bakonga Wilima qui aurait déversé, dans le fourre-tout de l’EPST, des milliers des vrais-faux fonctionnaires n’ayant rien à voir avec la carrière enseignante. C’était pour justifier l’utilisation de 13,216 millions de CDF.
Le gonflement des effectifs était tel que pour l’exercice scolaire 2019-2020, le ministère de l’Enseignement Primaire et Secondaire affichait 600.000 agents, soit la moitié de l’ensemble de l’administration publique, estimée l’année dernière à environ un million deux cents mille cadres et agents par le ministère de la Fonction Publique.
Avec un tel gonflement d’enseignants et fonctionnaires fictifs, la gratuité de l’enseignement de base décrétée par le Chef de l’Etat en 2019 n’avait aucune chance de réussir, des milliards de CDF étant aspirés par ces réseaux. D’où la colère de la Banque mondiale qui avait suspendu des millions de US$ destinés à l’aide à la gratuité.
Comme indices graves de la maffia opérationnelle à l’Inspection Générale de l’Enseignement Primaire et Secondaire et au Service de Contrôle et de Paie des Enseignants, le ministère public a épinglé de faux arrêtés ministériels, de fausses factures, de faux reçus, des doublons, des mineurs, de nouvelles unités recrutées les dimanches et les jours fériés, de fausses listes de paie, etc.
Le procès actuellement en cours à la Cour d’Appel de Kinshasa/Gombe et que des millions de Congolaises et Congolais ont la chance de suivre à la radio et à la télévision nationales, est en train de lever un pan de voile sur le modus operandi des saboteurs de la gratuité de l’enseignement de base. En dépit des efforts des prévenus et de leurs avocats de tenter de défendre l’indéfendable, les actes délictueux posés au détriment de la jeunesse les prédestinent à de lourdes peines de prison et à de fortes amendes.
DAH DADEI.