- mar, 09/06/2020 - 04:14
KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1487|MARDI 9 JUIN 2020.
Ne nous trompons pas. En pleine crise sanitaire mondiale de la COVID-19, un avion européen de la compagnie belge SN Brussels Airlines atterrit à l’aéroport de N’Djili. Tout ça alors que ni l’aéroport Charles de Gaule à Paris, ni celui de Zaventem à Bruxelles n’ont rouvert. Comment expliquer cette urgence?
Le Français Jean-Yves Le Drian, ministre des Affaires étrangères cité notamment par les macronistes en remplacement à Matignon du Premier ministre Edouard Philippe et dont le rôle en Centrafrique est connu pour ce spécialiste du Continent dans le départ en exil de François Bozize à l’époque où il fut ministre de la Défense de François Hollande, Philippe Goffin, ministre belge de la Défense, et le Slovène Janez Lenarcic, ancien ambassadeur de la Slovénie auprès de l’Union Européenne aujourd’hui en charge de la Gestion des crises à la Commission Européenne, tous trois reçus à Kinshasa en audience commune lundi 8 juin par le Président de la République Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombe.
Officiellement, ces trois Européens forment une délégation humanitaire. Ils sont porteurs d’un important lot en équipements et produits médicaux. Deux avions au moins se sont posés ce week-end sur le tarmac de N’Djili. L’un avait à son bord des officiels et l’autre, du personnel, 340 personnes, et du matériel humanitaire. A l’audience assistaient côté congolais, son directeur de cabinet a.i Eberande Kolongele et la ministre des Affaires étrangères Marie Ntumba Nzeza qui avait réceptionné le premier lot de ce matériel. Un troisième avion est annoncé.
L’audience, a-t-on annoncé, a porté autour de la pandémie à Covid-19 et des efforts fournis par le gouvernement congolais pour juguler la crise. Philippe Goffin et Jean-Yves
Après les mots de bienvenue du Président de la République qui a salué l’aide apportée par l’Union européenne, le Commissaire Européen a, au titre de chef de délégation, remercié le Chef de l’État pour l’accueil qui leur a été réservé et les facilités de ce vol humanitaire en cette période de confinement.
La visite de ces trois personnalités européennes est consécutive à la situation humanitaire jugée préoccupante par l’Union Européenne.
«Plus de 15 millions de Congolais ont besoin d’une aide humanitaire et la situation risque de s’aggraver avec cette pandémie», explique le diplomate slovène.
L’ARBRE QUI CACHE LA FORET?
«Vaincre à terme le coronavirus signifie travailler de concert, en particulier avec les pays africains qui sont nos principaux partenaires. Nous livrons au total 40 tonnes de fret humanitaire à bord des trois vols à destination du Congo. Il est dans notre intérêt commun d’œuvrer dans un esprit de solidarité», poursuit-il. Mais les Européens ne seraient pas seulement inquiets de la crise de la COVID-19. Plusieurs défis sanitaires font partie des sujets discutés, la rougeole et la maladie à virus Ebola. Depuis 2014, l’UE contribue à la recherche sur le virus Ébola, y compris le développement de vaccins. Elle a consacré des fonds à hauteur de plus de 230 millions de €. Compte tenu de la faiblesse du système de santé du pays, l’UE a débloqué des fonds de développement, sur plusieurs années, pour soutenir le secteur de la santé national du pays, 180 millions de € au total, dans le cadre du 11e programme FED pour la période 2014-2020.
L’autre raison de cette visite est, selon le Slovène Janez Lenarcic, le souci de permettre l’acheminement du personnel et de l’aide humanitaire en cette période compte tenu des restrictions sur le transport aérien.
Il a été annoncé un pont humanitaire entre l’UE et le Congo en vue d’acheminer le reste des 40 tonnes d’aide à venir. Le «colis» européen est composé de purificateurs d’eau, du matériel médical, de laboratoires, des gans, des masques et des équipements de protection individuelle.Mais l’humanitaire serait-il l’arbre qui cache la forêt? Face aux médias, Janez Lenarcic qui poursuit sa mission à l’Est, à Goma, a déclaré avoir également eu «des entretiens très approfondis sur des questions politiques, économiques, sécuritaires et sociales». A quoi penser quand des informations font état aux frontières, de plusieurs bruits de bottes. La Zambie aurait des visées sur le Sud minier côté Zambie quand à l’Ouest, la puissante armée angolaise s’est installée et exploite impunément le pétrole dans les eaux congolaise, cela depuis des années et au Nord incroyablement, le Sud-Soudan est entrain de nous mordre. Quant à l’Est, qui ignore les convoitises des voisins?
Selon nombre d’analyses, l’alternance démocratique pacifique en janvier 2019 avait été vue par l’Occident comme une occasion pour le Congo de retrouver son leadership régional naturel. Nombre de diplomates pensent que le poids qu’exerce l’ancien pouvoir bloque le nouveau président dans ses ambitions. A en croire des sources bien introduites, des fonctionnaires américains auraient été les premiers à visiter le Congo ces derniers jours. Ils auraient rencontré secrètement l’ancien président Joseph Kabila. Pour lui transmettre quel message? Celui, semble-t-il, transmis lundi 8 juin au Président Tshisekedi par les plénipotentiaires européens.
D. DADEI.