Comment une part de terre du Congo aida à la victoire des Occidentaux
  • dim, 07/12/2025 - 23:00

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1650 | LUNDI 8 DÉCEMBRE 2025.

Un texte signé par Marc Ballion, louvaniste qui effectua une brillante carrière dans le Groupe bancaire Banque Commerciale du Congo-Belgolaise.

Mgr Gillon, jeune et brillant scientifique destiné à une carrière académique, fut le premier Recteur de l'Université Lovanium en 1954 àce qui était alors Léopoldville, Kinshasa. Il se consacrera à cette tâche avec ténacité et efficacité, jusqu’en 1972. Il dota son Université d'un réacteur nucléaire expérimental dès 1959.

Dans la partie de ce texte, il relate l'histoire de l'uranium, la saga de l'énergie atomique qui s’est déroulée en un demi-siècle, une ébauche du livre L’Atome et l'Homme qu'il publiera en mai 1998. Un temps très court par rapport à l'humanité, un temps essentiel par rapport au devenir de cette humanité. La deuxième partie mettra l'accent sur le rôle stratégique que joua le Congo belge dans la course à l'uranium des États-Unis pour disposer de la bombe atomique.

***
L'effort fourni par le Congo Belge pour aider les alliés durant la guerre 1940-1945, fut important. Dès l'arrivée à Londres de l'un ou l'autre ministre du Gouvernement belge en juin 1940, le Gouvernement britannique chercha à y attirer l'ensemble du Gouvernement belge en exil afin de s'assurer du soutien du Congo belge en matière d'approvisionnements stratégiques et spécialement en métaux nécessaires à l'effort de guerre.

Ce soutien se concrétisa de 1940 à 1944 notamment par la fourniture de quelque 800.000 t de cuivre, 100.000 t de zinc, 10.000 t de cobalt, etc.

Mais l'aide que le Congo belge a apportée aux alliés en leur fournissant l'uranium de Shinkolobwe, qui leur permit d'arriver rapidement à développer l'énergie atomique, est restée longtemps secrète et toujours mystérieuse.

IL FUT UNIQUE AU MONDE.
C’est le voile de ce mystère que nous voudrions lever dans cette saga de l’uranium congolais.
L’uranium fut découvert en 1789 par le chimiste allemand Martin Klaproth dans de la pechblende en provenance de la mine de Joachimsthal en Bohême.

Il fut, pendant le XIXe siècle, employé simplement comme matière colorante pour les verres et les céramiques leur donnant une belle teinte rouge-orange : quelque 300 t d’uranium furent extraites et utilisées à cette époque. L’uranium, le plus élevé en poids atomique des éléments, est généralement présent en très faible teneur et des gisements concentrés sont exceptionnels.

En 1896, H. Becquerel découvrit la radioactivité naturelle de l’uranium qui émettait spontanément des particules ionisantes. Deux ans plus tard, Pierre et Marie Curie purent extraire de la pechblende, un sous-produit très hautement radioactif : le radium, émetteur de particules a très énergétiques et de rayons y utilisables pour les applications médicales dans le traitement du cancer.

Le radium (Ra226), qui possède une demi-vie radioactive de 1.600 ans, provient de la désintégration de l’uranium (principalement 238) qui possède une demi-vie de 4,5 milliards d’années : il se trouve donc à raison de 1 g pour 3 t d’uranium (1600/4,5.109).En dehors du gisement de Joachimsthal connu depuis le XVIIIe siècle, des gisements importants furent découverts au Colorado, au États-Unis vers 1910, ainsi qu’au Canada en 1931. Au Congo Belge, l’uranium fut découvert au Katanga en 1913 dans le gisement de Luiswishi.

En 1915, Sharp l’identifie à Shinkolobwe, gisement situé à 25 km environ à l'ouest de Likasi (anciennement Jadotville). En 1917, du Trieu de Terdonck reconnaît ce gisement comme très important. En 1918, Edgar Sengier, directeur de l'Union Minière séjournant en Afrique, obtient du Comité spécial du Katanga la concession du gisement !

Le gisement de Shinkolobwe était unique au monde par la concentration de son minerai, qui contenait de l'uraninite ayant plus de 80 % de U,0. Il fut exploité à ciel ouvert (en carrière) jusqu'à une profondeur de 56 m.
Après 1930, il fallut poursuivre par l’exploitation souterraine qui descendit progressivement par un puits creusé jusqu'à 150 m en 1937. Après 1945, l'exploitation descendit jusqu'à la base du gisement située à la profondeur de 255 m et atteinte en 1958.

Lorsque les chantiers d'exploitation se situèrent en-dessous du niveau hydrostatique du massif (-79 m), des quantités très importantes d'eau s'infiltrèrent dans les galeries et il fallut pomper jusqu'à 1.500 m2 d'eau à l'heure pour poursuivre l'exploitation. Celle-ci se faisait par campagnes de 4 à 6 mois durant lesquels on stockait en surface le minerai nécessaire à alimenter durant un certain temps l'usine de radium de Olen, en Belgique. Entre ces campagnes, la mine fut fermée parfois durant plusieurs années.

La très haute teneur du minerai extrait du gisement de Shinkolobwe permit, jusque 1943, de le trier à la main en séparant les morceaux d'oxyde d'uranium des matières stériles.
Le résultat de ce tri expédié vers la Belgique contenait en moyenne de 60 à 70 % de U3,O8. qui, lui-même, contient 74% d'uranium (714/970).

Quelques 6 t de minerai brut étaient nécessaires pour pouvoir produire 1g de radium.
En 1898, Pierre et Marie Curie reçurent de l'Académie des Sciences autrichienne un chargement de déchets de la mine de Joachimsthal dont ils extrayèrent les premiers milligrammes de radium.
Dès 1904, du radium fut produit en France à partir de minerais importés.

Entre 1904 et 1913, quelques 25 g de radium furent produits dont une moitié à partir des minerais de Joachimsthal.
Des gisements intéressants furent exploités aux États-Unis à partir de 1910. Les États-Unis devinrent rapidement le principal producteur du monde ayant mis sur le marché, entre 1910 et 1923, près de 200 g de radium alors que l'Europe n'en produisait durant cette période qu'une vingtaine de grammes. Le prix moyen de vente des Américains se situa à 120.000 $US/g jusqu'en 1919, date à laquelle il chuta à 85.000 $US/g.

En 1921, l'Union Minière, après avoir proposé aux producteurs de radium des États-Unis de leur vendre du minerai de Shinkolobwe, décida de construire à Olen une usine d'extraction du radium dans le cadre de la Société Générale Métallurgique de Hoboken, en Belgique, qui raffinait depuis plusieurs années le cuivre provenant du Katanga.

Cette usine devint opérationnelle en 1922. Elle atteindra rapidement une capacité de production de 3 g de radium par mois.
Au moment où l'usine d'Olen produisait son premier gramme de radium, il y eut à Tervuren, le 13 novembre 1922, une cérémonie officielle en présence du Roi Albert au cours de laquelle Edgar Sengier fit une communication sur «la découverte du minerai de radium au Katanga».

Mais il ne suffisait pas à l'Union Minière de posséder le plus riche gisement d'uranium du monde : il fallait encore pouvoir vendre le radium produit. Cela s'avéra plus difficile que prévu, car le marché, essentiellement limité à la thérapie du cancer, pouvait facilement se saturer et, bien que la production de l'usine d'Olen atteigne 40 g de radium par an, l'Union Minière n'arriva à en vendre qu'une vingtaine de grammes par an entre 1923 et 1927, période durant laquelle le prix descendit de 85.000 $US/g à 65.000 $US/g. Les années 1928 à 1931 furent meilleures avec une vente moyenne d'une cinquantaine de grammes par an à des prix descendus vers les 50.000 $US/g.

Pour commercialiser le radium, l'Union Minière avait installé à Bruxelles au Département Radium, une équipe de scientifiques et de techniciens qui, à partir du bromure de radium fourni en tube de verre par l'usine d'Olen, va, d'une part, le transformer en composés chimiques adéquats à la commercialisation et, d'autre part, le conditionner dans des cellules en platine enfermées dans des aiguilles ou dans des tubes aptes aux applications médicales.

Les chercheurs du Département Radium s'efforcèrent de multiplier et de préciser les usages thérapeutiques et d'en développer d'autres : peintures phosphorescentes de cadrans de montres, etc. Quant à l'uranium lui-même, sous-produit de la production du radium, l'Union Minière en vendait annuellement quelque 80 t destinées à la coloration des céramiques.

La crise boursière mondiale de 1932 voit le marché du radium s'effondrer. De plus, les Canadiens exploitent le gisement de Great Bear Lake. Le prix du radium baisse de 50.000 $US/g à 30.000 $US/g en 1936, puis à 15.000 $US/g en 1938. En 1938, l'Union
Minière conclut un accord avec les Canadiens pour se répartir le marché mondial : 60 % pour l'Union Minière, 40 % pour les Canadiens.

Les stocks s'accumulent, l'Union Minière prête du radium aux universités belges et même à l'étranger : l'Institut du Cancer à Louvain dispose de 50 g. En 1937, l'Union Minière arrête l'exploitation de la mine d'uranium; elle avait en stock 6.000 t de concentré d'U3 O8, 2.500 t de composés divers d'uranium et plus de 180 g de radium.

La production mondiale totale de radium était restée inférieure à 2.000 g. Après la guerre, l'Union Minière reprit la production de radium en partie avec les tailings récupérés de la fourniture d'uranium au Royaume-Uni. En 1947, l'Union Minière fêta la production du 2.000 g de radium.

Mais le marché mondial du radium s'effondra presque complètement sous la concurrence des isotopes radioactifs produits dans les réacteurs nucléaires et, en particulier, du cobalt qui remplaça le radium pour la thérapie du cancer.
Les sources de neutrons (Ra, Be) restèrent demandées pour la prospection pétrolière. Quant aux peintures lumineuses au radium, elles furent strictement interdites.

La propriété des tailings, résidus du traitement des minerais pour en extraire l'uranium, exigée par Edgar Sengier lors des fournitures de minerais d'uranium durant et après la guerre, aurait pu tourner à la catastrophe financière si l'Union Minière avait été effectivement obligée de les rapatrier des États-Unis vers la Belgique après 1970.

Fort heureusement, certains se souvenaient encore à Washington des services rendus du temps de la guerre et une solution à l'amiable fut trouvée avec l'Atomic Energy Commission qui avait repris les obligations et droits du Manhattan Project. Des essais de diversification du radium, tel le programme actinium pour des applications spatiales, n'aboutirent à aucun rendement commercial.

LA GRANDE DÉCOUVERTE.
En 1932, James Chadwik, physicien anglais travaillant à Cambridge, découvrit le neutron. Proton et neutron sont les particules fondamentales de la structure des noyaux atomiques. Le neutron est une particule de masse voisine de celle du proton mais qui ne porte pas de charge électrique: il entre donc facilement dans le noyau atomique où il provoque d'importantes modifications. Un nouvel usage du radium se développa immédiatement : un mélange de radium et de poudre de béryllium produisait, par réaction des particules alpha émises par le radium avec le béryllium, un intense faisceau de neutrons.

Les physiciens se mirent immédiatement à bombarder de très nombreux corps avec les neutrons émis par cette source. Beaucoup de ces Corps se transformaient en isotopes radioactifs souvent voisins du corps bombardé et contenant un proton de plus que l'élément primitif. L'uranium est l'élément le plus élevé en poids atomique existant dans la nature.

Il contient 92 protons. On espérait, en le bombardant avec des neutrons, arriver à créer un nouvel élément transuranien qui contiendrait 93 ou même 94 protons suite à l'émission d'électrons négatifs. Des physiciens, tels que Fermi à Rome, Mme Joliot Curie à Paris et Otto Hahn à Berlin, s'étaient mis à la recherche de cet élément. À ce moment, une chimiste allemande, Mme lda Noddack, écrivit, le 10 septembre 1934, La possibilité de fission.

« À la place d'un transuranien, on peut penser que, sous l'action des neutrons, les éléments lourds puissent se casser en plusieurs gros fragments qui seraient des isotopes de corps connus sans être des voisins de l'uranium ».
Mais lda Noddack ne faisait pas partie de la Nomenklatura des physico-chimistes de l'époque. Elle avait déjà fait certaines erreurs. Personne ne prêta l'attention voulue à sa prédiction.

Et c'est probablement pourquoi Hitler n'eut pas la bombe atomique. Car si Otto Hahn avait pris au sérieux la suggestion d'lda Noddack, il aurait pu découvrir la fission dès 1935, bien des années avant que les États-Unis ne soient motivés pour développer le Manhattan Project. Frédéric Joliot, en recevant le prix Nobel en 1935 avec Inès Joliot-Curie, annonça, d'ailleurs, dans son discours que «l'homme pourrait réaliser des réactions en chaîne explosives libérant une énorme énergie». En 1938, on en était toujours à chercher les transuraniens.

Cependant, il devint de plus en plus évident que le bombardement de l'uranium par des neutrons cassait ces noyaux en morceaux. En janvier 19396, Otto Hahn à Berlin publia l'annonce de la découverte de cette fission. Il avait mis en évidence que, parmi les produits résultants de l'action des neutrons sur l'uranium, il y avait du baryum et d'autres morceaux de noyaux lourds. Il ne fallut pas longtemps au monde scientifique pour reproduire ces expériences et montrer que, lors de la fission de l'uranium, il y avait non seulement de gros morceaux de noyaux mais également plusieurs neutrons qui étaient émis ainsi qu'une grande quantité d'énergie.

C'était la première réalisation par l'homme de la transformation de la matière en énergie, annoncée par Einstein dès 1912 dans une fameuse équation : Amc2 = - Aw.

Très rapidement, l’Union Minière fut informée de l'importance que pourrait prendre l'uranium - jusqu’à présent simple sous-produit de la production du radium - non seulement en application énergétique, mais même en application militaire.
Le 8 mai 1939, Frédéric Joliot, après avoir déposé le 4 mai des brevets secrets couvrant l'utilisation de l'énergie atomique, vint trouver Edgar Sengier à Bruxelles pour lui proposer une association avec I‘Union Minière pour le développement de cette énergie nouvelle.

Le 10 mai, Sengier est à Londres chez Lord Stonehaven. Directeur de l'Union Minière en Angleterre, où il rencontre le physicien britannique Sir Henri Tizard de I'Imperial College. Conseiller scientifique du gouvernement anglais, Tizard demande à Sengier une option pour le Royaume-Uni sur l‘uranium disponible à l'Union Minière. Sengier ne s'engage pas et poursuit ses contacts avec Joliot. Le 13 mai, son directeur de la section radium, Lechien, paraphe un contrat entre l'Union Minière et la Caisse Nationale Française de la Recherche Scientifique, détenteur des brevets secrets de Joliot, pour une exploitation en commun de toutes les applications de la fission de l'uranium.

L'Union Minière s'engage à fournir le minerai nécessaire. Mais la signature de ce contrat ne se fera pas : Joliot veut créer une société civile (privée) qui signerait le contrat avec l'Union Minière à la place de la Caisse Nationale de la Recherche Scientifique.

Joliot se demande s’il pourrait faire une masse critique, si pas une bombe, avec le stock de minerai en possession de l'Union Minière.
Dès le 23 mai 1939, l'Union Minière expédie à Paris 4.800 kg d'oxyde d'uranium, alors qu'une promesse était faite d'en fournir 50 tonnes.

Mais la guerre entre l'Allemagne hitlérienne et l'Europe de l'Ouest se prépare. Edgar Sengier quitte la Belgique pour s'installer à New-York en octobre 1939. Avant son départ, il donne ordre d'évacuer les stocks de radium se trouvant en Belgique vers le Royaume Uni, puis les États-Unis. Plus de 120 g de radium prendront ainsi le chemin de New-York.

La volonté de Sengier d'évacuer l'uranium vers les États-Unis n'est pas certaine, car il négocie encore en avril 1940 avec Joliot la constitution d'une société d'exploitation de l'énergie nucléaire : l'uranium reste en grande partie en Belgique.

Les stocks d'Olen furent partiellement dispersés en France (72 t), aux Pays-Bas, (quelques wagons) et 1.200 t tombèrent en Belgique aux mains des Allemands qui les réquisitionnèrent en 1941. Vers la fin de la guerre, les Américains, anxieux de savoir où en étaient les Allemands dans leurs recherches nucléaires, organisèrent une opération appelée ALSOS, traduction grecque du mot cave c'est-à-dire Groves du nom du général américain dirigeant le Manhattan Project.

Cette opération retrouvera 30 t de sels d'uranium à Toulouse et surtout, en avril 1945, 1.100 t dans une usine près de Strassfurt dans le Sud de la Bavière. Cette découverte prouva aux alliés que les nazis avaient abandonné l'espoir de développer l'arme atomique après avoir essayé de construire des réacteurs avec de l'eau lourde de Norvège.

Mais en dehors de l'uranium se trouvant en Belgique, il y a la mine de Shinkolobwe au Congo. Son exploitation a été arrêtée en 1937 mais il reste sur le carreau de cette mine toute une production qui n'a pas encore été expédiée. En 1940, Sengier, qui se trouve à New-York, donne instruction à l'Union Minière d'expédier, du Katanga aux États-Unis, un stock de minerai à plus de 65% de U,0,.

Quatre cents tonnes métriques sont embarquées à Lobito Sur le navire West Humhaw le 25 septembre 1940 et 669 t y sont embarquées sur le West Lashaway le 21 octobre 1940. Ces 1.139 t de minerai sont stockées dans un hangar à Port Richmond dans Staten Island, près de New-York. Personne, en 1941 et jusqu'en septembre 1942, ne s'intéresse à ce minerai malgré des offres de Sengier au Département d'État à Washington. Tant et si bien que Sengier voulut, vers juillet 1942, en expédier 100 t au Canada pour en extraire le radium.

LA FUITE DES CERVEAUX.
La grande découverte de la fission a été faite par Otto Hahn à Berlin le 22 décembre 1938. L'Europe est chavirée par une succession de guerres voulues par Adolphe Hitler pour dominer le monde et établir un troisième Reich qui devait être millénaire. Pour réaliser cette domination nazie, Hitler estimait indispensable d'éliminer le peuple Juif. Dès 1934, il sévit contre les Juifs. Il va chasser d'Europe une pléiade de physiciens juifs de renom qui, les uns après les autres, iront s'installer aux États-Unis.

Einstein, le plus célèbre, est brimé dès le début du nazisme, mais il est trop célèbre pour pouvoir être persécuté. Il quittera l'Europe fin 1933 pour s'établir à Princeton, après un séjour à Coq-surmer (De Haan), en Belgique.
Léo Szilard, né à Budapest en 1898, se forme surtout à Berlin dans les années 1920-1930. Il côtoie Einstein. En 1932, après la découverte du neutron, il est fasciné par le livre de H.G. Wells, The world set free.
Bien que fiction à cette époque, la bombe atomique pourrait changer le monde. Szilard quitte l'Allemagne pour l’Angleterre. Il passera ensuite aux États-Unis.

Eugène Wigner, né à Budapest en 1902, se forme à Berlin ; il partira pour Princeton dès 1930. Edward Teller est aussi né à Budapest mais en 1908. Il fuira le nazisme en 1934. Il deviendra plus tard le père de la Bombe H. Enrico Fermi est italien. Il devient, après 1932, le meilleur spécialiste du neutron. Il n'est pas juif mais sa femme est d'origine juive. Il s'installe définitivement aux États-Unis, en janvier 1939.

Tous ces scientifiques allemands, hongrois et italien ont fui l'Allemagne hitlérienne et l’Italie fasciste.
Ils sont effrayés de la sauvagerie des régimes totalitaires. Dès le 15 janvier 1939, ils ont été avertis de la découverte de Hahn. Ils ont répété l'expérience, mesuré les neutrons de fission, calculé l'énergie libérée : ils entrevoient la possibilité d'applications explosives.

Ces émigrés de récente date sont terrifiés à l'idée que les nazis pourraient développer l'arme atomique. Ils veulent alerter le président des États-Unis pour que l'Amérique puisse être la première à posséder cette arme, avant qu'Hitler ne puisse en disposer pour asservir le monde entier.
Du coup, les États-Unis déploient d'incroyables efforts pour disposer des premières bombes atomiques grâce à l'uranium du Congo-Belge. À lire dans le prochain article.
MARC BALLION.

avec Mgr Luc Gillon,
Dr en sciences physiques (énergie nucléaire),
premier recteur de Lovanium.
Communication faite à Louvain-la-Neuve en décembre 1990, revue Mémoires du Congo, du Rwanda et du Burundi, Bruxelles, n°74, septembre 2025, meoiresducongo.be.


Related Posts