- dim, 07/12/2025 - 23:20
KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1650 | LUNDI 8 DÉCEMBRE 2025.
Les Congolais n'ont pas eu tort. En se présentant massivement debout en chants et danses le long de la trajectoire empruntée vendredi 5 décembre, dans la capitale, par l'escorte officielle du président de la République à son retour de Washington, ils ont montré que le président congolais Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo venait d'ouvrir, une fenêtre d'opportunités - et donc de grand espoir - pour le Congo tant humilié, des années durant, par le régime rwandais.
Même si les combats se poursuivaient vendredi 5 décembre dans la province du Sud-Kivu, que des localités congolaises continuaient d'être occupées par la coalition pro-rwandaise, M23-AFC-RDF telles Luvungi et Rurambo, que des «bombardements à l'artillerie, à partir de Bugarama au Rwanda, visant les localités congolaises densément peuplées situées sur l'axe Kamanyola-Uvira, dans la plaine de Ruzizi (se multiplient), détruisant (...) écoles, centre de santé et maisons d'habitation des civils», selon un communiqué de presse n° 36 daté du 6 décembre 2025, signé par le Général Major des FARDC, Sylvain Ekenge Bomusa Efomi, nul ne pariait gros dans la poursuite de cette guerre.
S'il est vrai que « qui veut la paix prépare la guerre », et que le temps est venu pour le Congo de s'investir dans la puissance militaire, il fallait au pays entrevoir un arrêt des combats - et donc signer un accord de paix - avec le Rwanda et avec les pays de la sous-région des Grands lacs pour espérer se reconstruire.
Il faut au Congo réinventer son élite politique, reconstruire le pays, impulser une nouvelle mentalité de «l'être congolais».
Mais cela ne se fera pas du jour au lendemain dès lors que ces guerres qui frappent le Congo et qui n'ont jamais cessé depuis une trentaine d'années sont rien d'autre que la malédiction de ses terres tant convoitées par les puissances étrangères. Combien d'hommes existent sur terre capables de résister à une offre de pouvoir ? Seule la puissance inspire le respect, dit-on.
Le temps est venu pour le Congo de mettre le cap sur la puissance s'il veut se faire respecter, et donc exister comme pays souverain.
Et l'accord signé le 4 décembre à Washington, à l’Institut des États-Unis pour la paix, bâtiment renommé la veille en son honneur par le département d’État « Institut Donald Trump pour la paix », par les trois présidents congolais Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, rwandais Paul Kagame et américain Donald Trump, donne espoir, sinon grand espoir.
CES MOTS QUI EN DISENT TOUT.
Nul ne verrait Kagame dont le pays vit quasiment de l'aide extérieure - et donc occidentale - tergiverser face à une instruction qui viendrait d'un Donald Trump dont la parole ou le geste appelle la docilité de la part des puissants tellement il menace quiconque sur terre qui lui résiste de lui tordre le bras.
« Cela va être un grand miracle», a déclaré le 4 décembre Donald Trump, en vantant un accord «puissant et détaillé». Les mots ne viennent pas au hasard. Ils sont choisis.Les deux dirigeants congolais et rwandais vont à l’avenir « passer beaucoup de temps à se donner des accolades et se tenir la main », a prédit le président américain, avec son emphase habituelle, en assurant aussi que « tout le monde allait gagner beaucoup d’argent » grâce à ces « accords de Washington », qui comportent une dimension économique.
« C’est un grand honneur », s’est réjoui Donald Trump, qui se présente d’être un grand pacificateur. Paul Kagame a salué sa médiation « pragmatique », tout en avertissant qu’il y aurait « des hauts et des bas » dans l’application de l’accord.
Le président Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo a remercié le président républicain pour avoir amené les deux pays à un « tournant », et a salué « le début d’un nouveau chemin », en avertissant toutefois que celui-ci serait « exigeant » et « assez difficile ».
Les accords signés comportent trois volets.
Le premier porte sur la cessation des hostilités, avec l’instauration d’un cessez-le-feu, un programme de désarmement, un processus de retour des personnes déplacées et des mesures de « justice » contre les responsables d’exactions, a déclaré le président américain.
Le second volet est un cadre d’intégration économique régionale. Le dernier pan porte sur la conclusion d’accords bilatéraux des États-Unis avec chacun des deux pays sur l’exploitation de minerais stratégiques, indispensables aux industries de pointe et dont le Congo en particulier regorge.
Sur son compte X (ex-Twitter), le président français Emmanuel Macron a salué «l'engagement des parties».
«Je salue la signature d'un accord de paix à Washington entre la République démocratique du Congo et le Rwanda. L’engagement des parties et les efforts diplomatiques des États-Unis et du Qatar aux côtés du Togo, médiateur de l’Union africaine, ont permis cette avancée. J'appelle chacun à respecter ses engagements pour une paix durable pour les populations de l'Est de la RDC et des Grands Lacs. À l'image de la conférence que nous avons accueillie le 30 octobre, la France restera engagée pour atteindre cet objectif».
Une signature qui est le résultat d'une «forte pression» exercée par les États-Unis, selon Reagan Miviri, chercheur à l'institut congolais Ebuteli. « Pour eux, l'essentiel est peut-être moins le contenu de l'accord que l'événement lui-même». À Kinshasa, les réactions dans l'opposition sont diverses. «C’est un désaccord», Prince Epenge, le porte-parole de la coalition Lamuka.
« La partie qui ne le respecterait pas n’aurait donc rien à craindre. L'accord aurait dû faire du retrait des troupes rwandaises un préalable (...)! ». Autre son de cloche chez les Katumbistes. Dieudonné Bolengetenge Balea, secrétaire général du parti politique Ensemble pour la République, le parti de Moïse Katumbi Mwanke, estime que le texte constitue «une première avancée».
ALUNGA MBUWA.





