- lun, 29/07/2024 - 18:52
KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1616|LUNDI 29 JUILLET 2024.
Quatre sujets au cœur de son séminaire : gouvernance, économie, diplomatie, sécurité.
Depuis déjà plusieurs années, un protocole gouvernemental paraît de rigueur au Congo au lendemain de la nomination d'une équipe gouvernementale. Il s'agit de la tenue d'un séminaire de mise à niveau des membres d'un nouveau Gouvernement. Une coutume érigée en institution.
La nouveauté après les élections du 20 décembre 2023 est cependant de taille : le nouveau Premier ministre du pays nommé le 1er avril 2024 par le Président de la République est une Première ministre.
C'est tout sauf une sinécure. L'avènement au 5, avenue Roi Baudouin, à l'Hôtel du Conseil, siège du Gouvernement, d'une femme est un événement historique. C'est la toute première fois que cela arrive dans ce pays depuis que ce pays est pays. Il existe des défis de reconnaissance ou d'acceptation qui prennent leurs racines dans des préjugés millénaires ou sociétaux.
Ancienne Experte Senior du PNUD, Judith Suminwa Tuluka avait appartenu à l'équipe gouvernementale précédente.
Ses proches vantent « une force de caractère », font état d'«une carrure de femme capable de conduire les réformes difficiles dont le pays a besoin», mettent en avant « sa longue carrière dans le développement et les finances publiques». Dans l'équipe gouvernementale Sama Lukonde Kyenge II, elle avait dirigé pendant quatorze mois, du 24 mars 2023 au 12 juin 2024, le ministère du Plan.
DU RÉSULTAT À l'ARRIVÉE.
Elle avait observé les forces, les faiblesses, les failles d'une équipe pour les corriger en responsabilité par un séminaire conçu par elle-même. Y est-elle parvenue ? Y parviendra-t-elle ? Attendons les résultats à l'arrivée.
«Résultat (s) ». Le mot a été entendu et répété nombre de fois à ce séminaire. Dans un court texte au fort contenu à l'ouverture, dans cette grande salle du Palais de la Nation, siège de la Présidence de la République, où le Premier ministre Patrice-Émery Lumumba avait affronté le roi des Belges, Baudouin 1er, un 30 juin 1960, jour de la proclamation de l'Indépendance, en signant son arrêt de mort, le Président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, l'a prononcé quatre fois.
« Nos concitoyens attendent des résultats tangibles, des changements concrets dans leur quotidien, et nous devons être à la hauteur de leurs aspirations» ; « travailler sans relâche et avec un sens profond de dévouement pour atteindre les résultats attendus par nos concitoyens»; «lors de la première réunion du Conseil des ministres de ce Gouvernement, j’ai (...) annoncé que des évaluations périodiques seront effectuées pour mesurer la performance de chaque membre du gouvernement par rapport aux résultats attendus » ; « chacun sera jugé sur la base des résultats concrets obtenus, en accord avec les objectifs et les actions prioritaires définis dans le Programme d'Actions du Gouvernement » ; « votre rôle est crucial pour assurer une gouvernance efficace, efficiente et orientée vers les résultats».
Même récurrence dans le texte de clôture le 23 juillet, lu par la Première ministre (le Président de la République étant retenu à une réunion stratégique): « Je vous invite à emporter avec vous les enseignements que vous avez tirés de ces échanges et à les appliquer dans vos responsabilités quotidiennes. Le pacte d’engagement citoyen que nous scellons aujourd’hui est celui de mettre en œuvre des politiques qui améliorent la vie de chaque Congolaise et de chaque Congolais, sans exception. Soyez pragmatiques et obtenez-moi des résultats. C’est le mandat que le peuple nous a donné ».
Un texte revenu sur d'autres aspects. « Ce séminaire a été un moment de réflexion, de partage et d'engagement, et je suis convaincu qu'il aura un impact significatif sur notre action collective (…). Aujourd'hui, après ces jours de réflexion intense et d'échanges fructueux ou vous avez pris le temps d'examiner en profondeur les défis qui nous attendent et d'affiner votre compréhension des engagements que j'ai pris envers nos concitoyens, il est temps de tirer les premiers enseignements et de vous préparer à mettre en œuvre le Programme d'Actions du Gouvernement avec le dévouement, la rigueur et le sérieux requis.
L'intérêt que vous avez accordé dans vos échanges à la problématique de la sécurité et de la sauvegarde de l'intégrité territoriale de notre pays ainsi que les diverses recommandations que vous avez présentées à cet effet, feront l'objet d'une attention minutieuse de ma part. Car, en effet, la paix demeure la condition sine qua non de la réussite de notre agenda de transformation et de diversification de l'économie congolaise, de création d'emplois et d'amélioration d'accès à l'éducation, à la santé et aux autres services sociaux de base tels que l'eau et l'électricité sur toute l'étendue de la République. Ce séminaire n'est que le début d'un processus continu de renforcement de notre gouvernance ».
Puis : « Nous sommes à un tournant de notre histoire. Le monde regarde vers l'Afrique et vers notre pays, avec espoir et attente. Nous avons l'opportunité de montrer au monde ce que signifie pour la République Démocratique du Congo être un « pays solution ». Plus que jamais, donnons un sens à notre hymne national, « Debout Congolais ! ».
Le séminaire Suminwa dont le thème était « sceller le pacte d’engagement citoyen par la promotion de la performance dans la gouvernance et l’implémentation efficace des réformes en exécution du Programme d’actions du gouvernement (PAG) 2024-2028 », avait pour objectif de promouvoir une nouvelle approche de gestion basée sur la performance et à diffuser les bonnes pratiques de la gouvernance publique, en misant sur la cohésion et la solidarité gouvernementales pour susciter l’engagement, la responsabilité et la redevabilité des membres du Gouvernement dans la mise en œuvre du Programme d'Actions du Gouvernement (PAG) 2024-2028.
Lors de deux jours de travail où experts et intervenants ont défilé, les thèmes ont tourné autour de la gouvernance, de l’économie, de la diplomatie et de la sécurité.
À la fin du séminaire, même protocole comme naguère : signature par chaque ministre d'un acte d’engagement éthique, lettre de mission remise à chaque ministre, recommandations, en l'espèce, treize points ci-après :
◗ 1. Chaque membre du Gouvernement doit fonder ses initiatives sur le programme d'action du Gouvernement et savoir que ces initiatives s'exécutent sous la coordination et la direction de la Première ministre ;
◗ 2. Dans le processus de préparation et l'élaboration des dossiers et projets de textes à soumettre aux instances gouvernementales, les membres du Gouvernement sont tenus d'associer les différents services et ministères impliqués;
◗ 3. L'adoption par les membres du Gouvernement d'une conduite morale compatible aux résultats escomptés ;
◗ 4. Privilégier la compétence et l'expérience dans la nomination des Ambassadeurs et Chefs des missions diplomatiques ;
◗ 5. La transmission régulière et systématique à la Cour des Comptes des documents ci-après et dans le respect des délais légaux :
◗ La loi de Finances promulguée dès sa mise en exécution ;
◗ Les situations des dépenses engagées, liquidées et ordonnancées ainsi que des recettes constatées, liquidées et ordonnancées ;
◗ Le projet de loi portant reddition des comptes du dernier exercice clos ;
◗ Les contrats des marchés publics dans le mois de leur signature ;
◗ 6. L'instruction aux comptables publics principaux de produire leurs comptabilités mensuelles et leurs comptes de gestion à la Cour des Comptes ;
◗ 7. L'adoption par le Conseil des ministres du nouveau découpage des ministères en programme ;
◗ 8. L'adoption de stratégies sectorielles;
◗ 9. La désignation des acteurs de gestion du programme et l'adoption de la feuille de route de la mise en œuvre dudit programme ;
◗ 10. La mise en place du système intégré de gestion des finances publiques ;
◗ 11. La nécessité de doter les membres du Gouvernement d'un certain nombre d'outils et instruments en vue de la formulation de leurs plans stratégiques sectoriels, la planification, la programmation, la budgétisation et le suivi-évaluation des politiques et stratégies sectorielles pour la mise en œuvre du PAG 2024-2028 avec l'appui du SENAREC;
◗ 12. La nécessité de formaliser l'engagement des membres du Gouvernement par la signature des Lettres de Mission en vue d'améliorer la performance de la mise en œuvre du PAG 2024-2028, avec le suivi du Secrétaire Général à la Primature et du Cabinet de la Première Ministre et l'appui du Gouvernement ;
◗ 13. La signature d'un décret par la Première ministre pour la mise en place d'un cadre de dialogue entre les ministères du Plan, Budget, Finances et Genre sur la planification et la budgétisation sensible au Genre.
D. DADEI.