Le retour des véhicules de plus de 10 ans ou le grand retour de «l’Esprit de mort»
  • sam, 22/04/2017 - 05:29

Cela faisait débat depuis plusieurs mois déjà. Sinon plusieurs années. Le décret pris par l’ancien Premier ministre Augustin Matata Ponyo Mapon interdisant l’importation au Congo des véhicules de plus de dix ans vient d’être abrogé par un acte contraire pris par le Premier ministre sortant Samy Badibanga Ntita daté de 4 avril, soit la veille de l’annonce de son éviction par le Président de la République devant le Congrès.

PENALISER SA POPULATION?
Dans d’autres pays, ces types de véhicules ne sont pas autorisés. A l’époque, le ministre en charge du dossier Justin Kalumba avait expliqué qu’«interdire des véhicules de plus de dix ans n’était pas une décision; ce que le gouvernement aurait dû interdire, ce sont des véhicules de plus de 5 ans; cela aurait dû alors être une vraie décision».
Point de vue qui n’est pas partagé par son successeur. Le nouveau ministre en charge du secteur, le vice-premier ministre en charge des Transports et Voies de communication José Makila Sumanda appuie en effet le décret du Premier ministre Samy Badibanga affirmant que la levée du décret Matata «vise à aider la population».
Cité par la radio onusienne Okapi, José Makila Sumanda explique: «L’Etat n’est pas là pour pénaliser sa population mais pour l’aider à subvenir à ses besoins». Pour le vice-premier ministre en charge des Transports et Voies de communication, certains véhicules de moins de 10 ans ne peuvent circuler dans certaines villes du pays.
«C’est le cas de ceux qui sont fabriqués sur base de l’électronique. Ils ne peuvent rouler sur des routes en terre à Matadi, Boma, Kasindi, etc. Où il n’y a plus d’activités» du fait du défaut de circulation de ces véhicules.
Pour José Makila, cette mesure va aussi booster l’économie du pays le secteur des Transports et Communications.
Si ce nouveau décret interdit l’importation des véhicules de plus de vingt ans, il «est entouré de plusieurs mesures, notamment le contrôle technique à effectuer au départ du pays d’importation.
D’autre part, une agence se chargera à l’arrivée de la conformité des véhicules importés.

UN RECUL DANS LA MODERNITE.
Certes, le décret du Premier ministre Augustin Matata Ponyo Mapon aurait dû être accompagné d’autres mesures notamment pour redéployer les ports congolais contraints d’enregistrer une baisse d’activités.
De ce point de vue, on comprend l’incompréhension et la colère du secteur comme des élus locaux.
Mais le spectacle des véhicules «en mille morceaux» circulant sur nos routes n’est pas signe de gouvernance. De ce point de vue, le changement de régime dans le secteur des importations des véhicules est un recul dans la politique de la révolution de la modernité. Il n’est pas acceptable, en dépit des difficultés du pays, de faire de nos villes un dépotoir de vielles carcasses.
Le phénomène de véhicules d’occasion est très récent quand il s’agit de ceux qui, aussitôt rendu au u port, viennent rendre l’âme le lendemain sur les routes du Bandundu et encombrer sinon verrouiller le trafic. Le système du contrôle technique paraît difficile à assurer.
A la suite de la précarité des conditions de vie des populations, aucune police ne saurait s’assurer, comme ailleurs, que chaque véhicule en circulation dispose d’un certificat de circulation délivré par le service du contrôle technique.
L’abolition du décret Matata est un certificat délivré au retour de «l’esprit de mort» sur nos routes. L’Etat a certainement mission de donner du travail à ses habitants, il a aussi mission de leur garantir la pleine sécurité. Le retour de l’esprit de mort fait craindre le pire dans un secteur trop émaillé par des accidents mortels.
D. DADEI.


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