Kitenge Yesu s’empare du leadership du Grand Kasaï
  • dim, 17/02/2019 - 02:15

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Cela a fait très grande impression. Il faut l’avouer... Un choc chez certains. Voici qu’on sortait à peine des affrontements électoraux fratricides avec des deuils dans certains foyers que la Cité de l’Union Africaine hérissée sur le toit de la Capitale, sur le Mont-Ngaliema, réunissait autour du... tout nouveau Chef de l’Etat dimanche 3 février, 19 heures, du beau monde voire du très beau monde, trié sur les volets, de pied en cape élégant.
L’homme qui, sous Mobutu, a marqué son nom dans de l’acier autour de Gérard Kamanda wa Kamanda et de Mandungu Bula Nyati, s’est retrouvé avec Kengo sans rien renier de ce qu’il est fondamentalement - un homme de justice, de droiture, de rectitude, de vérité - pour, ces dernières années, jouer un rôle décisif autour du Sphinx de Limete dans le cadre du Conclave de Genval et du Rassemblement, Henri Kitenge Yesu venait de regagner le pays au lendemain des joutes électorales et de l’annonce des résultats qu’il battait le rappel des troupes kasaïennes. Nul avant lui ne s’était laissé traverser par cette idée. Lui, le concepteur, l’initiateur, l’organisateur de ce premier dîner officiel offert par les siens à l’un des leurs, le tout frais et émoulu Président de la République.
Ce dimanche-là, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo s’était rendu le matin, comme à l’accoutumée, au culte dominical d’une église du Réveil, avait rencontré l’homme qui lui conteste sa victoire, Martin Fayulu Madidi de la coalition Lamuka. Qu’importe! Il lui fait une tape, puis une accolade avant de voir le pasteur l’adouber et le consacrer Président. Puis de demander aux fidèles de prier pour le nouveau Chef de l’Etat. Intenable pour Martin Fayulu Madidi qui pique une crise, sent l’envie de quitter les lieux... Lui, «l’élu légitime...», lui faire ça! Une véritable descente en enfer! Qu’importe...! Pour le pasteur, il n’y a pas d’autre élu, il n’y a pas d’autre Président de la République. C’est Fatshi.

DES MOTS QUI PARLENT.
Dans la soirée, le Président congolais est reçu par les siens du Grand Kasaï, dans la salle non loin de la petite villa qui lui sert (provisoirement) d’habitation. Les siens, ce sont «les personnalités représentatives des entités du Grand Kasaï». En tête: Cathérine Nzuzi wa Mbombo, Evariste Mabi Mulumba, Evariste Boshab Mabudj, Adolphe Lumanu Mulenda Bwana Nsefu, Léonard She Okitundu, Tshimbombo Mukuna, etc. Des personnalités politiquement diverses mais qui se reconnaissaient une origine commune, le Grand Kasaï. Wolf Kimasa, un ex-PALU, originaire du Grand Bandundu est admiratif: «Les autres nous donnent des leçons. A peine élu, il reçoit tous les Kasaïens, nouveaux ou anciens Kabilistes, qu’importe! Qu’avons-nous fait lorsque nous étions nommés Premiers ministres. Nous avons rejeté et combattu nos frères. Nous les avons méprisés. Quelle leçon du Pouvoir viennent-ils de nous administrer!»
A ce dîner, plusieurs barons kasaïens ont pris la parole. Cathérine Nzuzi wa Mbombo, la Mobutiste éternelle. Des Kabilistes Mabi, Boshab, Lumanu, Okitundu. Et, pour clôturer la liste, le Mobutiste Tshimbombo, dernier patron des services de sécurité du Maréchal aujourd’hui sénateur... Tous introduits par cet ancien ministre de l’Information de Mobutu, Kitenge Yezu, altruiste politique, qui dit vouloir «faire quelque chose de ce pays, pour ce pays, se met à la disposition pleine et entière du Président de la République, dit ne pas se voir lui, mais voir Félix», et dont les mots prononcés à ce dîner, parleront longtemps dans les oreilles de ces dîneurs grandkasaïens...
Petit florilège.
«Monsieur le Président de la République, Chef de l’Etat, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo. Je cite le nom, j’appuis sur le surnom et ensuite le prénom (...). C’est cette répétition que les Ancêtres aiment entendre en écho». «Je m’adresse à celui qui nous permet de nous retrouver en fête ce soir. Celui sans qui nous ne serions pas ici en train de savourer cette victoire, ce bonheur. Rien qu’à nous regarder, les visages en disent plus que les mots».
«Puisque suivant nos croyances ancestrales, les morts ne sont pas morts, puis-je vous demander, en lieu et place de l’habituelle minute du silence, de vous mettre debout et d’applaudir notre héros national, Patrimoine de la RDC et, aussi, pourquoi pas, du Grand Kasaï, le très estimé Etienne Tshisekedi wa Mulumba, d’heureuse mémoire. Nous souffrons de votre absence. Mais, nous avons retenu de vous une grande leçon: dans l’obscurité, une étincelle pourrait être ta lumière. Mais sachez, très respecté Président Etienne Tshisekedi, comme je vous l’avais promis, il y a deux ans, tous désormais nous sommes autour de Félix. Ne craigniez donc rien, nous tenons et nous maintiendrons notre promesse (...). Les enfants d’une même famille se ressemblent comme des jeunes bananiers, impossible de distinguer la banane plantin de la banane pomme».
«Le Grand Kasaï est ici réuni dans sa diversité et dans son unité pour vous exprimer son appui, non pas du bout des lèvres, mais du fond du cœur. Henry de Montherlant disait, la fidélité n’est pas dans les actes mais dans le cœur. Et le fond du cœur, dit un proverbe chinois, est plus loin que le bout du monde. Monsieur le Président de la République, avant, Vous aviez Votre base, Vos militants. Aujourd’hui, Vous avez tout un pays, toute une Nation dont le Grand Kasaï qui célèbre ce soir Votre succès, mais aussi une réussite collective». (...)
«Nous Vous savons à l’écoute de l’opinion. «Un chef, disait Paul Valéry, est un homme qui a besoin des autres». «Un chef écoute les avis d’un imbécile». «Vous êtes celui qui ne court pas derrière la chance, mais qui l’appelle. Vous êtes aussi un homme de surprises qui a pratiqué cet adage: Votre sort ne doit pas être entre vos mains, mais dans votre cœur, afin qu’il ne passe d’une main à l’autre». «Vous avez rêvé mais haut: «Il faut rêver très haut pour ne pas réaliser trop bas».
T. MATOTU.


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