- jeu, 05/12/2013 - 21:37
La dépouille mortelle de l’artiste-musicien Pascal Emanuel Sinamoyi Tabu, connu sous le nom de scène de «Tabu Ley Rochereau», décédé le 30 novembre à Bruxelles, est attendue samedi dans la Capitale pour son inhumation sera l’occasion d’un hommage national et international. Plusieurs personnalités du monde des arts sont en effet annoncées à Kinshasa.
Le ministre de la Jeunesse, Sports, Culture et Arts, Beaudouin Banza Mukalay, a donné la nouvelle lors d’une conférence qu’il a tenue mercredi marquant le début des obsèques nationales en hommage à l’artiste.
Banza a dévoilé le programme de ces obsèques élaboré par le comité d’organisation mis en place pour la circonstance et dirigé par le président de l’Assemblée nationale, Aubin Minaku Ndjalanjoku. Selon le programme, le corps du disparu, après son arrivée à l’aéroport de N’Djili, sera conduit au Palais du peuple, en passant par la Place des artistes (Rond-Point Victoire entre les communes de Kalamu et de Kasa-Vubu).
Il s’en suivra dimanche une procession et le dépôt de gerbes de fleurs par des membres de sa famille, des artistes, des représentants des forces vives de la nation, des membres des institutions de la République et des délégations étrangères. La cérémonie solennelle aura lieu lundi avec une messe d’action de grâces au Palais du peuple, des dépôts de gerbes de fleurs par des hautes autorités nationales et le gouverneur de la ville de Kinshasa ainsi que l’inhumation au cimetière «La Nécropole entre ciel et terre», dans la commune de N’Sele. Il était, après le décès de Wendo Kolosoy, en 2008, l’un des derniers survivants de la génération qui a inventé la rumba congolaise, à la fin des années 1950. Le chanteur Tabu Ley Rochereau, père du rappeur français Youssoupha, est mort, samedi 30 novembre, à l’hôpital Saint-Luc de Bruxelles. Né Pascal Emmanuel Sinamoyi (nom du village de ses parents) Tabu, à Bagata, une localité de la province du Bandundu, dans le Kwilu, il était âgé de 76 ans. Il tenait son surnom, «Rochereau», d’une blague de potaches. `
PREMIER
ARTISTE AFRICAIN À L’OLYMPIA.
Lors d’une interrogation, lui seul s’est souvenu du nom de ce héros de la guerre franco-allemande de 1870. Les copains n’ont pas loupé le bon élève. Le voilà rebaptisé. Sous ce surnom, il deviendra l’une des deux plus grandes stars de la rumba congolaise, avec Franco (mort en 1989).
«Tabu Ley, c’est le Congolais qui nous a mis le plus de mélodies dans la tête», dit au Monde le pianiste et chanteur Ray Lema, qui l’a accompagné au Festac 77 (le deuxième Festival des arts et de la culture négro-africains) à Lagos, en 1977. Plus tard, il reprendra l’un de ses succès, Africa Mokili Mobimba. «Lui et Franco sont les pères de la musique congolaise moderne, affirme Ray Lema. Pour nous, Tabu Ley représentait la rumba mélodique et Franco, la rumba groove». Le chant, Tabu Ley l’a commencé, comme beaucoup de gosses de son âge, dans les chorales d’églises et celles des écoles.
En 1956, il se fait recruter pour une séance d’enregistrement par Grand Kallé (Joseph Kabasele), auteur du premier tube pan-africain Indépendance Cha Cha (1960).
Content de lui, le boss l’engage dans son groupe, l’African Jazz. La jeune recrue compose ses premiers titres, dont Kelya, et, en 1963, forme avec le guitariste Docteur Nico, le groupe African Fiesta qui, plus tard, se scindera en deux. En 1969, il monte un groupe de danseuses qu’il appelle Les Rocherettes (l’une deviendra l’une des clodettes de Claude François).Tabu Ley qui revendiquera la paternité de quelque 2.000 titres, peut se vanter d’avoir été le premier artiste africain à s’être produit à l’Olympia. C’était en 1970. Quand, l’année suivante, Mobutu rebaptise le pays Zaïre et exige que chacun prenne un nom «authentiquement» zaïrois, Rochereau se fait appeler Tabu Ley. Il change aussi à cette époque le nom de son groupe, qui devient Afrisa International.
Pendant un temps patron d’une boîte de nuit à Kinshasa, le Type K, il se brouille avec Mobutu et s’exile aux Etats-Unis, puis en Belgique. «J’ai toujours été en controverse avec lui, déclare le musicien en 2003, lors d’un entretien à Rfi, à l’occasion de la sortie de son album Tempelo. Moi, j’étais républicain, eux, conservateurs.On ne s’entendait pas vraiment. J’étais d’inspiration lumumbiste. Du côté, donc, de ceux qu’on prenait - à tort - pour des communistes. J’étais en revanche défenseur des valeurs républicaines et démocratiques. Mes façons de voir, les chansons que je faisais, défendaient ces aspirations, quelque peu contraires à celles de Mobutu. Donc, de temps en temps, on m’arrêtait. J’ai connu la prison politique deux fois».
IL EST NOMME MINISTRE
DE KINSHASA.
En 1993, sa chanson Le glas a sonné est censurée. A la chute du régime de Mobutu, il rentre au Congo et s’investit dans la vie politique tout en gardant un pied dans le monde artistique. Co-fondateur du Rassemblement congolais pour la démocratie, il devient ministre, Député et, en 2005, vice-gouverneur de la ville de Kinshasa.
En juillet 2008, il est victime d’un accident vasculaire cérébral. Une rumeur annonçant sa mort dans une clinique bruxelloise circule alors, suscitant une vive émotion sur le continent et parmi la diaspora congolaise. La fausse nouvelle est démentie par ses proches, images à l’appui diffusées sur le Net de l’artiste dans son lit. Tabu Ley Rochereau ne s’est jamais remis de cet AVC et son état de santé s’était détérioré récemment.