- ven, 21/04/2017 - 01:05
Ses déclarations constituent un tournant politique majeur, un message adressé à celui qui passe sinon pour un mentor politique, tout au moins, pour un soutien financier de taille.
Il n’existe aucune autre explication de la sortie toute récente du fils d’Etienne Tshisekedi wa Mulumba sur un média audiovisuel alternatif qui connaît un succès d’audience auprès des Congolais et dont un extrait est partagé des milliers de fois sur les réseaux sociaux. On entend dans cet extrait Félix Antoine Tshilombo Tshisekedi parler en lingala, la langue de la Capitale, la plus parlée du pays - et c’est fait sciemment -, s’expliquer laborieusement sur ses relations avec l’ancien gouverneur tycoon du Katanga, Moïse Katumbi Chapwe, candidat déclaré à la Présidentielle.
Ce n’est pas aujourd’hui qu’il le connaît et qu’ils se parlent. Cela remonte à 2014 avant que Moïse Katumbi Chapwe ne claque la porte de la Majorité Présidentielle.
Lui, le fils Tshisekedi, savait que le gouverneur PPRD s’apprêtait à quitter la Majorité Présidentielle. Leurs relations ne sont donc pas conjoncturelles, liées à un adoubement du fils Tshisekedi par l’ancien gouverneur crésus!
UN TOURNANT.
De poursuivre: «Finalement, je n’aime pas parler comme je le fais maintenant mais laissez-moi vous dire très clairement: qu’est-ce que Moïse me donnerait que je n’aie pas eu dans mon enfance? C’est vrai que je ne suis pas à proprement riche mais j’ai de quoi pour vivre avec ma femme et mes enfants...».
En clair, il se suffit à lui-même et n’en a cure des «millions de $US de Moïse Katumbi Chapwe»!
Puis: «les grosses cylindrées? J’en ai conduit des plus belles et des plus luxueuses... depuis mon enfance. Je n’aime pas parler comme je le fais maintenant mais laissez-moi vous dire très clairement: Les maisons? J’ai logé dans les plus beaux palaces du monde...
Et ce n’est pas Moïse Katumbi Chapwe qui me ferait vaciller devant sa fortune».
«J’ai connu l’Europe avant même que Moïse Katumbi Chapwe sache qu’il existe un Continent européen... Pourquoi voulez-vous que je puisse hypothéquer mon identité, ma dignité?»
Conclusion: ce qui lie le fils Tshisekedi au tycoon n’est point une affaire d’argent, de maison, de voiture. Le fils Tshisekedi ne saurait jamais vendre son âme pour un héros de pacotille! Ce qui lie les deux hommes c’est un accord adulte qu’ils ont conclu mais qui ne prive en aucun cas le fils Tshisekedi de son indépendance, ni de son jugement.
Ces déclarations constituent un tournant politique majeur, un message - un avertissement - adressé à celui qui passe sinon pour un mentor politique, tout au moins, pour un soutien financier de taille.
A moins que cela ne soit de la com’ - de la consommation intérieure - pour des «Combattants déchaînés»...
Une sortie tournée en dérision sur les réseaux sociaux. Hormis les années d’après le coup d’état de Mobutu et du Manifeste de la N’Sele, du parti unique, le Sphinx de Limete - le géniteur - n’a jamais été qu’un opposant. Comment et d’où son fils a-t-il tiré les moyens de mener un train de vie de pacha?
ARRETER LE BIBERON.
On l’imagine au volant de l’un de ces véhicules de luxe, italien, allemand ou britannique (une Maserati, une Porsche ou une Bentley) ou habitant dans le luxe absolu d’un appartement du VIIIè ou du XVIè arrondissement de Paris ou un château dans l’une de ces banlieues cossues flamandes de Bruxelles, Rhode-Saint-Genèse ou d’Anvers, Brasschaat...
Or, personne ne se souvient de Félix vivant dans un tel luxe. Au contraire, des témoignages affluent sur une vie de précarité. On explique que pour passer des rudes hivers, s’il n’était pas avec son père en réclusion administrative à Kabeya Kamwanga, dans le Kasaï, il se livrait à certains petits métiers.
En réalité, plus qu’un baroud d’honneur, cette sortie annonce une indépendance prochaine, l’arrêt d’un allaitement sinon réel, du moins virtuel. Accablé par les militants du parti de son père UDPS qui font chaque jour monter les enchères comme par sa famille et par un oncle paternel Martin Tshisekedi qui, très actif sur les réseaux sociaux, ne cesse de se lamenter du sort réservé à son frère aîné mort le 1er février 2017 à Bruxelles, contraint de séjourner dans un frigo dans un funérarium en Belgique plutôt que de recevoir une digne sépulture, Félix Antoine Tshilombo Tshisekedi paraît avoir voulu avant tout montrer qu’il ne doit rien à l’ex-gouverneur richissime, qu’il est tout sauf un servile compagnon, le lèche-cul de Moïse Katumbi Chapwe, qu’il peut à tout moment revendiquer son indépendance voire couper le lien ombilical.
Si personne ne doute de cette capacité des Tshisekedi - l’imprévisibilité - peu d’observateurs paieraient cher l’idée que l’UDPS sans moyens financiers aujourd’hui généreusement livrés par Moïse Katumbi Chapwe, hors de l’exercice du pouvoir d’Etat, saurait survivre à la disparition de celui qui avait fait de ce parti une affaire privée, personnelle.
Des sources expliquent que reçu par le Président de la République, appelé à faire montre d’indépendance, Félix Antoine Tshilombo Tshisekedi aurait dit que la seule façon de se sevrer de l’ancien gouverneur du Katanga est précisément de prendre les rênes du Gouvernement et que seule cette prise du pouvoir d’Etat serait susceptible de le délester de l’ambitieux tycoon. Une condition qui n’aurait pas offert assez de garantie...
ALUNGA MBUWA.