Comment être considéré comme politiquement compétent
  • jeu, 26/09/2024 - 12:03

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1619|JEUDI 26 SEPTEMBRE 2024.

Un groupe ethnique, une entité linguistique, une province, une confession religieuse, a beau disposer d'une intensité de qualités, de capacités et de compétences politico-idéologiques et techniques, il n’existe, dans aucune République démocratique au monde, une ethnie, une entité, une province ou de confession religieuse, qui ait reçu la mission d’occuper majoritairement ou exclusivement toutes ses institutions politico-politiques, politico-juridiques, politico-administratives, politico-économico-financières et politico-socio-culturelles.

Ces qualités, capacités et compétences politico-idéologiques et techniques indispensables à l’exercice de toutes les hautes fonctions publiques, à la répartition juste et équitable des investissements tant publics que privés et à la sélection adéquate des meilleurs sites d’implantation des programmes et projets de développement sont plutôt trouvables chez quelques très rares citoyens dotés de la vertu politique et systématiquement identifiables au sein de diverses ethnies, entités linguistiques, provinces et confessions religieuses de la République.

Le contraire découlerait d’une justice inique ou des traditions humaines corrompues. D’où, parmi les principales stratégies politiques les plus fiables, les plus viables et les plus rentables auxquelles recourent les véritables hommes d’État pour construire laborieusement et progressivement un État de droit ou une nation, et ce, surtout à partir d’un État de peuplement composite tel que le Congo pour lequel la large intégration nationale, l’esprit de convivialité entre ses citoyens et la protection de son intégrité territoriale doivent être en permanence promus, cultivés et défendus, s’impose nécessairement, en plus des qualités, des capacités et des compétences politico-idéologiques et techniques requises, l’établissement des équilibres géopolitiques entre ses diverses communautés, mieux, entre ses différentes régions en matière de gouvernance publique.

La République désigne la chose publique, mieux, une société gouvernée par l’intérêt public et uniquement dans cet intérêt. Elle appartient, indistinctement, à tous ses citoyens. Mais, seuls ceux de ces derniers qui sont particulièrement dotés de la vertu politique, qui sont donc foncièrement attachés à l’intérêt collectif, font à l’État un sacrifice continuel d’eux-mêmes, de leurs répugnances, de leur égoïsme, de leur avidité, de leur indiscipline, bref, de tous leurs appétits personnels, sont éthiquement appelés à la diriger à tous les niveaux de l’appareil de l’État.

ÉQUILIBRES GÉOPOLITIQUES.
Ces qualités, capacités et compétences politico-idéologiques et techniques, indispensables à la bonne conduite des affaires de l’État et de ses divers entreprises, établissements et services publics, à la sélection juste et équitable des meilleurs sites d’implantation des programmes et projets de développement et à la répartition juste et équitable des investissements tant publics que privés ne se trouvent jamais, mais alors jamais, concentrées dans une seule et même ethnie, dans une seule et même entité linguistique, dans une seule et même province ou dans une seule et même confession religieuse.

Ces qualités, capacités et compétences indispensables à l’exercice de toutes les hautes fonctions publiques sont plutôt trouvables chez quelques très rares citoyens dotés de la vertu politique et provenant de toutes ces différentes composantes sociopolitiques d’un pays donné.

Cependant, pour parvenir à dénicher ces très rares citoyens indispensables au bon fonctionnement de l’État, de ses différents établissements, services et entreprises publics, leur demandeur doit être profondément et farouchement imbu, lui-même, de la vertu politique, principe politique fondamental duquel relèvent l’intégrité morale, la justice, l’équité, le courage et la volonté politique.

Il s’agit là des éléments essentiels qui obligent tout leader ou chef politique de rechercher objectivement, activement, méticuleusement et méthodiquement ces oiseaux très rares dans toutes les composantes sociopolitiques précitées. Pour réussir cette tâche très difficile et très compliquée, il doit préalablement passer par de très rares honnêtes, justes et équitables chasseurs des meilleures têtes politiques et techniques, par de très rares honnêtes, justes et équitables sélectionneurs des sites appropriés d’implantation des programmes et projets de développement et par de très rares honnêtes, justes et équitables distributeurs des investissements tant publics que privés à travers le pays.

Les leaders et chefs politiques qui s’adonnent consciencieusement et allégrement à ce genre d’exercice préalable à la constitution des équipes dirigeantes de différentes institutions publiques d’une République démocratique et qui parviennent à faire le meilleur casting national, peuvent être considérés comme étant politiquement compétents. Car, en tenant à impliquer dans la conduite des affaires de l’État les meilleurs talents politiques et techniques de leur parti politique, de leur regroupement politique ou de leur coalition politique provenant de différentes communautés et surtout de toutes les provinces du pays, il démontre qu’effectivement la République est la chose publique, qu’elle appartient à tous ses citoyens, mais que seuls ceux de ces derniers qui sont foncièrement dotés de la vertu politique sont éthiquement appelés à la diriger à tous les niveaux de ses différentes institutions.

Par contre, il faudrait tenir à l’œil les leaders et chefs politiques qui brandissent d’illusoires prétextes de communautés possédant les meilleures compétences politico-idéologiques et techniques en vue de justifier leur comportement sociopolitique pourtant injuste et inéquitable.

Car, il se pourrait qu’il s’agisse là de dangereux promoteurs et défenseurs du népotisme, du tribalisme, de l’ethnocentrisme, du chauvinisme linguistique, du régionalisme, du fondamentalisme religieux, etc. Ces tares, congénitales ou socialement acquises, sont en réalité des constructions spirituelles et humaines négatives et rétrogrades. Sentiments foncièrement xénophobes et ultraconservateurs, ils enferment ceux qui les portent et les véhiculent dans des carcans communautaristes.

Ils les poussent à exclure les «étrangers» à leurs divers milieux d’origines. Ils conduisent parfois soit à d’intenses et d’inextricables tribulations tels que les conflits intercommunautaires ou les rébellions, soit à la dislocation ou à l’implosion de certains États.

Trois exemples concrets, puisés à travers le monde.
◗ La Nouvelle Calédonie, un minuscule territoire français du Pacifique peuplé de diverses races et ethnies, vit, depuis près de cinq décennies, de graves tribulations dues à la domination géopolitique inqualifiable des Caldoches, les descendants des immigrés européens, en l’occurrence français, sur les Kanaks, les premiers occupants millénaires de cet ensemble de petites îles.
◗ Après quasiment soixante-dix ans d’existence en tant qu’État de peuplement composite politiquement uni, l’omnipotente Union des Républiques Socialistes Soviétiques, URSS, s’est finalement désintégrée, fin 1991, comme un amas de sable soufflé par un très violent vent. À cause, essentiellement, de la géopolitique de domination inouïe et insupportable de la République fédérée de Russie appliquée sur toutes les autres Républiques fédérées soviétiques. À ce sujet, Galia Ackerman témoigne : « Depuis plusieurs siècles, le peuple russe se considère comme porteur d’une idée messianique qui le rend plus proche de Dieu et de la vérité et qui justifie ses conquêtes territoriales et son ascendant sur d’autres peuples ».
◗ Enfin, la République Islamique du Soudan qui s’est scindée en deux États distincts et séparés suite aux déséquilibres géopolitiques criants entre le Nord arabe, musulman, en voie de développement et dominant et le Sud noir, chrétien, animiste, sous-développé et dominé.

Ces trois exemples typiques nous renseignent que les leaders et chefs politiques, qui tiennent réellement à l’instauration d’un véritable État de droit, à la fondation d’une véritable nation, au maintien et à la protection de l’intégrité territoriale de leur pays, doivent nécessairement promouvoir, sauvegarder, défendre et appliquer, durant tout leur mandat politique, le principe républicain, constitutionnel et démocratique d’équilibres géopolitiques en matière de gouvernance publique et de distribution juste et équitable des investissements tant publics que privés à travers leur pays.

S’ils demeurent attachés aux sentiments xénophobes et ultraconservateurs tant décriés, c’est qu’ils sont incapables de travailler sincèrement pour l’intégration nationale, préalable à la fondation d’une vraie nation, au maintien et à la défense de l’intégrité territoriale de leur pays.

En plus de leurs qualités, capacités et compétences quelconques avérées, les hommes et femmes politiquement compétents sont particulièrement ceux qui sont profondément dotés du principe politique fondamental qu’Aristote, Montesquieu et Jean-Jacques Rousseau désignent, à tour de rôle, par le terme de «vertu politique ». Seul ce principe politique de base, renchérit Jean-Jacques Chevallier, «fait agir l’État-éthique», dont les véritables hommes d’État, ses serviteurs attitrés, sont l’incarnation.

En effet, foncièrement dotés de la vertu politique, ces derniers sont ouvertement et visiblement attachés à l’intérêt public. Ils font à l’État un sacrifice continuel d’eux-mêmes, de leurs répugnances, de leur égoïsme, de leur avidité, de leur indiscipline, bref, de tous leurs appétits personnels. Ce type de leaders et de chefs politiques, Nelson Mandela, Julius Nyerere et Thomas Sankara par exemple, ne transforment jamais, mais alors jamais, leur propre communauté en centre d’intérêt national. Au contraire, censés se laisser toujours guider par ce principe lumineux dans toutes les affaires publiques qu’ils entreprennent, ils placent toujours l’intérêt général au-dessus de leurs petits intérêts particuliers. Car, ils ne visent rien d’autre que le développement intégral, intégré et durable de tout leur pays et le progrès social de tous leurs concitoyens.

C’est justement ce type de leaders et de chefs politiques que les philosophes, les politologues et les sociologues entendent par l’expression homme d’État. D’où, parmi les principales stratégies politiques les plus fiables, les plus viables et les plus rentables auxquelles recourent les véritables hommes d’État pour transformer progressivement un État de peuplement composite en une véritable nation, promouvoir et défendre un Etat-éthique, maintenir et protéger l’intégrité territoriale d’une République, s’impose nécessairement, au-delà des compétences politico-idéologiques et techniques requises, l’établissement des équilibres géopolitiques en matière de gouvernance publique.

Et ce, surtout lors de la désignation des meilleurs candidats aux élections législatives nationales et provinciales, gouvernoriales, sénatoriales, municipales et locales au sein de leur parti politique, de leur regroupement politique ou de leur coalition politique. Ils se comportent également de la sorte à l’occasion de la nomination discrétionnaire de diverses personnalités à de hautes fonctions d'État. Ils se manifestent ainsi, enfin, lors de la répartition des investissements tant publics que privés et des richesses nationales entre les diverses entités territoriales décentralisées de base des différentes provinces de leur pays.

En vue de leur bon fonctionnement et d’un certain équilibre dans leur développement. Conscients et convaincus d’être foncièrement dotés de la vertu politique pour le service public, les véritables hommes d’État ne se passent jamais des équilibres géopolitiques fondés sur les principes fondamentaux et fédérateurs de justice et d’équité.

En effet, la géopolitique, telle qu’inventée par les socio-démocrates suédois il y a cent ans, se veut d’abord être l’étude approfondie des rapports entre les données naturelles de la géographie et la politique juste et équitable d’administration et de gestion d’un État donné, avant de s’étendre, de nos jours, aux rapports aussi justes qu’équitables régissant les divers États entre eux. Que ce soit sur le plan interne ou externe, les équilibres géopolitiques constituent la preuve tangible de la probité morale, de la justice et de l’équité qui caractérisent et doivent caractériser les véritables hommes d’État.

À l’interne, ces derniers combattent, au moyen notamment des équilibres géopolitiques, les antivaleurs telles que le népotisme, le clanisme, le tribalisme, le régionalisme, le fanatisme linguistique, le fondamentalisme religieux, etc, et leurs cohortes de discriminations, d’exclusions, d’injustices, etc, en matière de gouvernance publique, de répartition des investissements et des richesses nationales pour le développement. Ils valorisent, rapprochent et rassemblent ainsi les diverses communautés particulières entre elles. Ils renforcent et consolident la conscience nationale, l’unité nationale, la cohésion nationale des différentes entités régionales et la cohésion sociale des diverses communautés, surtout dans les États de peuplement composite.

La large et profonde intégration nationale (politique, économique, sociale et culturelle) des États, surtout ceux dits de peuplement composite, en vue de la fondation d’une véritable nation ou de l’établissement d’un véritable État de droit, se réalise, lentement mais sûrement, notamment par le biais des équilibres géopolitiques mûrement réfléchis et stratégiquement montés, en matière de gouvernance publique, au cours des différents régimes politiques qui les dirigent. Les subterfuges communautaristes des chefs et leaders politiques égocentriques sont susceptibles de mener un État, surtout de peuplement composite, vers d’inextricables tribulations ou l’implosion tel que démontré plus haut.

TABLE DE LA CONVIVIALITÉ.
Compte tenu de ces éventualités macabres et surtout des principes fondamentaux et fédérateurs de justice et d’équité, les planificateurs et sélectionneurs des sites d’implantation des programmes et projets de développement tant publics que privés, les chasseurs des meilleures têtes politiques et techniques, les caciques des partis politiques et le détenteur du pouvoir discrétionnaire de nomination se trouvent indiscutablement au centre d’un État qui se veut constitutionnellement et pratiquement éthique.

D’où, ils doivent s’armer d’intégrité morale, de justice, d’équité, de courage et de volonté politiques les obligeant de tenir toujours compte, non seulement des compétences politico-idéologiques et techniques, mais aussi et surtout du principe républicain, constitutionnel et démocratique d’équilibres géopolitiques dans toutes les affaires publiques qu’ils entreprennent.

En agissant ainsi, ils réduisent sensiblement les inégalités dans les domaines politique, économique, social et culturel entre les diverses communautés et entre les différentes régions constituant leur pays. Ils favorisent ainsi l’émergence d’une très large classe moyenne par l’enrichissement général de toutes les communautés et de toutes les provinces de leur pays. Il s’agit plus précisément, ici, de l’émergence d’une société dans laquelle nul n’est ni trop riche, ni trop puissant, ni trop pauvre, ni trop impuissant.

Dans les sociétés de ce type, particulièrement observables dans les pays scandinaves, les antagonismes sociaux entre leurs différentes composantes sociopolitiques sont moins forts que le sentiment d’appartenance à une communauté nationale en développement constant et relativement intégrée, équilibrée et harmonieuse. Une communauté nationale dans laquelle tous les citoyens sont appelés, à en croire Martin Luther King Jr, « à s’asseoir, ensemble, à la table de la convivialité ou de la fraternité », le but ultime de tout État-éthique et de tout homme d’État.

Irrémédiablement, lorsque les équilibres géopolitiques en matière de gouvernance publique et d’investissements tant publics que privés deviennent plus précieux que jamais auparavant aux yeux de tous les citoyens et surtout de tous les dirigeants politiques, les droits inaliénables de toutes les entités politico-administratives et de toutes les communautés particulières d’un Congo sont généralement respectés.
M.S.BE-LASAYON.


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