- mar, 06/01/2015 - 04:43
Ceux qui narguent le pouvoir, ne risquent-ils pas de donner le mauvais exemple. De faire boule de neige!
Si le cœur du pays battait désormais au Katanga? Jean-Claude Muyambo, président du parti SCODE (Solidarité Congolaise pour la Démocratie et le Développement), qui claque la porte de la Majorité, se répand en injures publiques, sur des médias. Libre! Vano Kalembe Kiboko, ayant pris position contre sa propre famille, est sur You Tube. Libre! Des dirigeants du parti présidentiels qui rendent la blouse. Libres! Le gouverneur et le président de l’Assemblée provinciale qui font le rock star contre la famille à laquelle ils disent toujours appartenir. Libres! Pour couronner le tout, une province qui, généralement, se tait dans toutes les langues! Le pays - stupéfait - se tait, avec elle! Jusqu’à quand? Ceux qui narguent le pouvoir, ne risquent-ils pas de donner le mauvais exemple. De faire boule de neige!
«La décentralisation - prévue par la Constitution - sera poursuivie. N’en déplaise à ceux qui veulent sauvegarder leurs «intérêts miniers». Que ceux ne sont pas pour le découpage territorial cessent de chercher à imposer leur volonté à l’ensemble du pays. Que ceux qui se demandent sur ce qui va arriver en 2016 sachent qu’il s’agit là rien moins que d’«une distraction». «J’ai un mandat et je rendrai compte à la fin de celui-ci. En 2016, il n’y aura pas d’hécatombe. Rien ne se passera». Ceux qui s’attendent à ce que quelque chose arrive sont comme ceux qui attendent la venue du Christ... Que ceux qui s’opposent au découpage - qui n’est rien d’autre qu’une réorganisation territoriale et administrative du pays - disent ce qu’ils ont fait pour qu’on n’en arrive pas là. Aucune démarche n’a été entreprise, par exemple, dans le sens de la récolte de signatures par une pétition s’opposant à ce processus. Un débat sur cette question a-t-il jamais été initié au niveau de l’assemblée provinciale du Katanga? Ceux qui sont contre ce processus ont tort. Priant ceux qui, par leurs propos, veulent diviser la population de cesser de tels agissements». Kabila n’acceptera pas que le sang coule. Que ceux qui veulent faire couler le sang dans la province sachent qu’ils le trouveront sur leur chemin. On ne peut parler que lorsqu’on a des mots plus forts que le silence, explique le Chef de l’Etat et, lundi 5 janvier, dans sa ferme Espoir, en banlieue lushoise, manifestement ulcéré, il avait trouvé ces mots... Parlant pendant près d’une heure, en swahili, il a articulé sa communication en deux points: décentralisation et situation politique tendue au Katanga.
Il FRAPPE DU POING SUR LA TABLE.
Deux semaines plus tôt, Moïse Katumbi Chapwe, le gouverneur du Katanga, empruntant le jargon footballistique, s’était prononcé contre un «troisième faux penalty». Décodage: non à la modification de la Constitution pouvant permettre à Joseph Kabila de briguer un troisième mandat.
La veille de la rencontre de la ferme de l’Espoir, le président de l’Assemblée provinciale, Gabriel Kyungu wa Kumwanza, avait déclaré que la province n’était pas encore prête pour ce découpage territorial, prévu par la Constitution, jamais appliqué depuis 2006. Réclamant que le pays travaille au retour de la paix. Expliquant que ceux qui avaient voté cette Constitution étaient «envoûtés». Et Kyungu, précisément, était le grand absent de la rencontre convoquée par le Chef de l’Etat, à laquelle un millier de personnalités katangaises (notables, hommes politiques, chefs coutumiers, ministres, élus, etc.) ont pris part. Moïse Katumbi Chapwe - le gouverneur - non plus n’a pas été du rendez-vous (officiellement empêché pour des «raisons de santé», il doit regagner mercredi Londres pour poursuivre des soins après avoir reçu l’autorisation du Vice-Premier ministre en charge de l’Intérieur et de la Sécurité, évariste Boshab Mabudj, rappelle-t-on.) «Ceux qui l’ont vu le disent «effectivement malade», rapporte une source katangaise.
Katumbi, 50 ans, dirige le célèbre club de football «Tout Puissant Mazembe». Le 23 décembre, il a reçu un accueil triomphal à son retour à Lubumbashi après avoir séjourné hors du pays pendant près de trois, pour des soins médicaux, selon son entourage. Mais où il avait multiplié des articles dans des médias.
Il avait été accueilli par Kyungu, et les deux hommes avaient paradé côte à côte en cortège devant une foule immense avant de tenir des discours, véritable affront fait au Chef de l’Etat, comparant la foule à «plus ce que celle qui avait fait le coup du Burkina», invitant la CENI «à faire vite». «Le Katanga n’est pas le Congo. C’est juste une entité du pays... Le Katanga est une province comme une autre, où l’Etat doit pouvoir être respecté», a martelé le Président. A la milice katangaise, il l’a sommée de s’auto-dissoudre, décrétant ainsi le combat contre cette milice - les Bakaata Katanga. Désormais, l’autorité de l’Etat sera ressentie dans la province. Si le Katanga a bénéficié de gros investissements, principalement dans le secteur minier - il suffit de voir le nombre de camions poids lourds qui quittent la province chaque jour avec des minerais et qui traversent la frontière de Kasumbalesa vers l’Afrique australe - il a déploré le niveau de pauvreté de la population locale, expliquant que désormais la sous-traitance sera exclusivement réservée aux seuls Congolais, et qu’une loi, en l’espèce doit être votée au Parlement. Nombre de gens doivent rendre compte, distribuent des faux discours. Au lieu de cela, ils demandent des comptes. Mais le Président veut éviter toute polémique... A ceux qui s’en prennent à lui, Joseph Kabila Kabange s’est voulu haut. Répondre à ces personnes c’est se rabaisser comme Chef de l’Etat. «Il était temps que le chef de l’État, garant de la Constitution, frappe le poing sur la table», soutient Jean-Marie Kassamba, le directeur de la chaîne Radio-télé 50, un proche du président. Devant ces notables, le président a donné des «directives à court, moyen et long terme», se refusant de commenter des «discussions de bistrot». Un «rappel à l’ordre» salué par Bijoux Goya, sénatrice de la future province du Haut-Katanga. «Le découpage est constitutionnel, rappelle l’élue. Il appartient aux autorités politiques de l’appliquer au lieu de privilégier des intérêts personnels». Mais si Bijoux Goya semble être sur la même longueur d’ondes que Joseph Kabila, elle n’épargne pas le président. «C’est lui le chef: il ne doit pas se plaindre mais passer des discours aux actes et sanctionner», estime-t-elle. Mais le Président se veut désormais «chantre de la cohésion nationale», et cherche avant tout à resserrer les rangs de la majorité dans son fief du Katanga.
T. MATOTU
AVEC AGENCES.