- jeu, 05/04/2012 - 19:24
LE SOFT INTERNATIONAL N° 1159 DATÉ 2 MARS 2012
Le vice-premier ministre belge en charge des Affaires étrangères a rencontré toutes les personnalités qu’il souhaitait rencontrer et a fait un véritable tour d’horizon avec les représentants de la classe politique nationale.
Il a rencontré des milieux d’affaires, des représentants de la majorité conduits par le secrétaire général du PPRD, Evariste Boshab Mabudj - comme de l’opposition - l’aile républicaine MLC et UNC - et une dissidence de l’UDPS, Christian Badibanga et Alexis Mutanda qui prennent part aux travaux de la Chambre basse passant outre la menace de radiation qui a été finalement prononcée le week-end par Etienne Tshisekedi lui-même, à en croire des médias à Kinshasa... Didier Reynders a conversé avec des représentants de la Société civile - ONG et syndicats qui luttent pour une presse plus libre.
Il a eu des séances de travail avec des ministres - une fois n’est pas coutume - au bureau de chacun d’eux: aux Affaires étrangères avec son homologue Alexis Thambwe Mwamba qui l’avait invité à faire ce voyage et avec qui il avait pris un verre d’amitié aussitôt arrivé dans la Capitale au domicile de Ma Campagne. Aux Finances avec le ministre Augustin Matata Mapon.
Avec chacun, Reynders a prolongé sa réunion de travail par un tête-à-tête. Ce fut le cas aussi avec le président du Sénat, Léon Kengo wa Dondo.
Les tête-à-tête sont un moment convivial très apprécié qui permet de passer des messages. «En diplomatie, ils témoignent de la confiance qu’on se voue, une manière constructive de travailler ensemble», explique un proche du dossier.
«CHANGER D’EQUIPE A LA CENI».
Tête-à-tête de 35 minutes aussi avec le président de la République après une séance de travail de 50 minutes.
A Bruxelles, on se félicite de cette visite préparée et autorisée par le Kern - le cabinet belge restreint qui réunit le Premier ministre et les Vice-premiers ministres.
Didier Reynders s’en est expliqué avec brio au Parlement dès le lendemain de son retour en Belgique. Il a vanté le fait que le Congo est le premier partenaire de la Belgique.
Tout premier membre d’un gouvernement européen à se rendre à Kinshasa depuis l’investiture le 20 décembre 2011 du président de la Républque, Didier Reynders en a profité pour passer des messages, explique-t-on à la chancellerie belge. Il aurait été «explicite» sur la Commission électorale accusée des dysfonctionnements dans l’organisation des élections. Il ne s’agit plus désormais ni d’annuler ces élections, ni de les recommencer. Il faut aller de l’avant. En s’assurant que les élections à venir - provinciales et locales - se dérouleront plus ou moins correctement.
SIGNAUX «VISIBLES ET PALPABLES».
«Si vous faites le constat que la Commission électorale n’a pas su répondre aux attentes des électeurs congolais - majorité comme opposition - et de la communauté internationale partenaire du processus, quelle est la conclusion qui s’impose si ce n’est de changer d’équipe?», explique-t-on dans les milieux diplomatiques.
Signe de mauvaises relations qu’entretient présentement la CENI avec l’extérieur? Le Vice-premier ministre n’a envisagé aucune fois une rencontre avec le pasteur Daniel Ngoy Mulunda, le président de la CENI. Didier Reynders a expliqué que la Belgique dispose encore d’un fonds de 3 millions de dollars de l’exercice électoral passé mais que cette somme ne serait libérée sans les réformes attendues.
Sur l’Udps, les chancelleries paraissent avoir tourné la page de ce parti. Elles sont convaincues que l’Udps «restera éternellement dans l’opposition». Elles ne croient pas à un dialogue Kabila-Tshisekedi «parce que chacun d’eux épouse la même logique: celle que l’autre n’existe pas...».
Les chancelleries font clairement la différence entre «l’Udps familiale» et «l’Udps républicaine». «Comme disent les Américains, on ne négocie qu’avec des gens qui veulent jouer le jeu démocratique».
Après le passage de Reynders, l’extérieur attend de notre pays des signaux «visibles et palpables».
D’abord la poursuite du cycle électoral. Ce qui sous-entend la réforme en profondeur de la CENI.
En second lieu le «dialogue politique» qui ne sous-entend nullement la mise en place d’un gouvernement d’union nationale mais «le fait de laisser la majorité et l’opposition avoir chacune sa place sur l’échiquier politique en jouant son rôle» républicain.
Il y a ensuite l’amélioration du climat des affaires. Il est question du Code agricole dont l’article 16 est fort mal apprécié à l’étranger. Cet article instaure un capital qui appartiendrait en parts majoritaires à la partie congolaise...
A la suite de ça, une firme belge a dû fermer boutique. Elle avait un projet d’investissement de 100 millions de dollars.
Autre demande: un combat plus poussé à mener contre l’impunité.
Notre pays devrait procéder à l’arrestation de criminels de guerre. «On est bien conscient que cela ne se fera pas du jour au lendemain», avoue-t-on. «Il s’agit d’envoyer des signaux que quelque chose s’est mis en place...».
La grosse attente est la mise en place prochaine du Gouvernement. Les partenaires pensent que cet acte sera un «moment fort», un «test».
«S’agira-t-il des gens honnêtes qui s’adonnent à la bonne gouvernance ou, au contraire, des personnes venant rechercher un enrichissement? De ce point de vue la nomination du Premier ministre est «cruciale». Les partenaires disent que le pays a perdu trop de temps, l’heure a sonné qu’il se remette au travail.
«La Belgique veut regarder vers l’avenir. Aux Congolais de comprendre les attentes de leurs amis. Suite aux dysfonctionnements électoraux, il faut recrédibiliser un tout petit peu le Congo».
SIGNATURE
D. DADEI
LEGENDE :
Le ministre Reynders reçu en audience mercredi par le président de la République. DRESERVES.