À la reprise du procès Chebeya, les ONGs reviennent en force
  • sam, 11/12/2021 - 20:09

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1541|VENDREDI 10 DÉCEMBRE 2021.

Onze ans après l'assassinat le 1er juin 2010 du défenseur des droits humains Floribert Chebeya et la disparition de son chauffeur Fidèle Bazana Edadi, le procès des responsables de ces crimes a repris le 22 septembre 2021 à Kinshasa devant la Haute Cour militaire à la prison de Ndolo.
Si le corps sans vie du directeur exécutif de la VSV, Voix des Sans-Voix et membre de l’Assemblée générale de l’OMCT a été retrouvé dès le lendemain 2 juin 2010, à Mitendi sur le bord de la route Kongo Central, au volant de son véhicule Mazda qui l'avait conduit la veille au bureau de la police à l'invitation du général John Numbi Tambo, celui de Fidèle Bazana n’a jamais été retrouvé.

Le FIDH-OMCT, Observatoire pour la protection des défenseurs des droits humains et les organisations membres de la FIDH, Fédération internationale pour les droits humains et de l’OMCT au Congo, l’ASADHO, Association Africaine des Droits de l’Homme, le GL, Groupe Lotus et la LE, Ligue des Électeurs (LE), «saluent la réouverture du procès et attendent qu’une justice impartiale soit enfin rendue», écrivent-ils dans un long communiqué parvenu aux rédactions du Soft International qui donnent les détails de l'affaire.

«Pour l’heure, seul un semblant de justice a été rendu dans cette affaire. Sur les huit policiers poursuivis au départ, cinq avaient été condamnés le 23 juin 2011 par la Cour militaire de Kinshasa-Gombe. Cependant, le 17 septembre 2015, quatre d’entre eux avaient été acquittés en appel et la peine du cinquième, le colonel Daniel Mukalayi, avait été allégée», écrit le communiqué daté de Paris, Genève et Kinshasa.

Depuis la reprise des audiences, plusieurs policiers ont été entendus par la justice congolaise, le commissaire supérieur Christian Ngoy Kenga Kenga et le sous-commissaire adjoint Jacques Mugabo, condamnés par contumace en première instance et arrêtés récemment au Congo. D’autres, qui n’avaient pas été jugés à l’époque - Doudou Ilunga, Jeancy Mulang et le général Zelwa Katanga Djadjidja - sont entendus comme renseignants.

Une descente de la Cour a été autorisée en novembre 2021 sur les lieux où serait enterré le corps de Fidèle Bazana, sur la parcelle du général Djadjidja, chef de la police militaire à l’époque des faits et également poursuivi dans l’affaire.

UN «JUGEMENT IMPARTIAL».
«Les policiers Hergile Ilunga et Alain Kayeye, tous deux actuellement en exil, apparaissent comme deux exécutants de ces crimes. En février 2021, ils ont révélé de nouveaux éléments qui ont permis, après l’arrestation de Christian Ngoy en 2020, la réouverture du dossier le 22 septembre 2021 en RDC. Ces éléments sont venus conforter la version exposée par Paul Mwilambwe, principal témoin dans l’affaire et condamné par contumace à la peine capitale lors du procès en 2011.

Ce dernier a pris la décision de comparaître volontairement devant la Cour et sera entendu le 8 décembre 2021. Aujourd’hui donc, tous les condamnés en première instance sont présents à Kinshasa et devant la justice pour comparaître dans l’affaire», écrit le texte.

Les ONGs «se félicitent de la réouverture du procès et espèrent qu’il donnera lieu à un jugement impartial et transparent. La société civile congolaise et les familles des victimes attendent une condamnation du général John Numbi Tambo, considéré comme le commanditaire de ces actes.

Nos organisations demandent aux autorités congolaises de garantir le droit à un procès équitable dans cette affaire et à ce que justice soit enfin rendue, pour les familles des victimes ainsi que pour toutes les personnes et organisations défendant les droits humains en RDC. Nos organisations rappellent également que la sécurité du témoin Paul Mwilambwe, de retour en RDC après plus de dix années de cavale, doit être assurée par les autorités congolaises pour permettre le bon déroulé des audiences», écrit encore le texte de ces ONGs.

Floribert Chebeya, écrit le communiqué, multipliait les enquêtes sur des dossiers de violations des droits humains sous le régime de Joseph Kabila.

Le défenseur des droits de l'homme a enquêté sur les massacres et les crimes dans la province du Bas-Congo en 2008, impliquant l’armée, la police nationale et les services de renseignements, crimes coordonnés par le général Denis Kalume, le général Raus, un proche du Président de la République Joseph Kabila, ainsi que le général John Numbi.

L’enquête devait faire l’objet de la constitution d’un dossier pour la Cour pénale internationale. Il avait pris contact avec un avocat belge afin de finaliser cette communication. Il avait réalisé une enquête sur le meurtre d’Aimée Kabila, demi-sœur du président Kabila, assassinée à son domicile à Kinshasa en 2008.

Il avait affirmé détenir des informations sur le président de la République, concernant une dispute entre lui et sa demi-sœur au sujet de l’héritage de son père, l’ancien président Laurent-Désiré Kabila, assassiné en janvier 2001.
ALUNGA MBUWA.


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