- lun, 18/04/2016 - 06:50
Arrivée dimanche 13 mars auréolée de son nouveau titre de présidente de la COP 21, la ministre française de l’Environnement Ségolène Royal a rencontré dès le lendemain de sa visite le président Joseph Kabila Kabange en sa résidence de Kinshasa dite de GLM avant de quitter le pays dans la soirée.
Elle faisait le tour des pays qui ont adopté l’accord sur le climat signé à Paris en décembre à la clôture de la COP21. La ministre française avait affirmé avoir choisi de débuter sa tournée africaine en RDC à cause notamment de la place qu’a joué le pays pendant les négociations sur le climat. «J’ai tenu à ce que cette séquence africaine commence par la RDC compte tenu du fait que la RDC a beaucoup aidé aux négociations et j’en ai profité pour remercier le gouvernement parce qu’ils ont beaucoup aidé à faciliter les choses, à dénouer un certain nombre de problèmes», a déclaré la ministre française au sortirde l’audience, insistant sur le potentiel électrique de la RDC. «L’accès de l’Afrique à l’électricité est un droit fondamental et le potentiel en hydro-électricité ici en RDC est un potentiel considérable», avait-elle noté, peu avant de survoler le site du barrage hydro-électrique d’Inga. La ministre française avait également annoncé qu’elle avait remis une invitation au président de la République, qui l’avait accepté, afin qu’il se rende à Paris le 24 avril à l’occasion de la signature des accords de la CP21. Finalement, cette cérémonie aura lieu au siège des Nations Unies et Joseph Kabila Kabange s’y rendra cette semaine.
«Un accord différencié, juste, durable, dynamique, équilibré et juridiquement contraignant». C’est en ces termes que le président de la COP21, alors Laurent Fabius (à l’époque ministre des Affaires étrangères), avait présenté l’accord universel sur le climat adopté par consensus, le 12 décembre au soir, par les 195 Etats participant à la conférence.
«Le texte constitue le meilleur équilibre possible, un équilibre à la fois puissant et délicat, qui permettra à chaque délégation de rentrer chez elle la tête haute, avec des acquis importants». L’accord est plus ambitieux que l’objectif initial de la COP21, qui visait à contenir le réchauffement sous le seuil des 2 °C. Il prévoit de le maintenir «bien en dessous de 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels» et de «poursuivre les efforts pour limiter la hausse des températures à 1,5 °C». Et ce «en reconnaissant que cela réduirait significativement les risques et impacts du changement climatique». La mention du seuil de 1,5 °C était une revendication portée par les petits Etats insulaires menacés de submersion par la montée des mers. Elle a surtout une portée symbolique et politique, rester sous le plafond de 1,5°C étant irréaliste en l’état actuel des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Ce volontarisme est contrebalancé par la faiblesse de l’objectif à long terme de réduction des émissions mondiales. Il est seulement prévu de viser «un pic des émissions mondiales de gaz à effet de serre dès que possible». Des versions antérieures retenaient un objectif de baisse de 40 % à 70 %, ou même de 70 % à 95 %, d’ici à 2050. Ces mentions, jugées trop contraignantes par certains pays, ont été gommées.
100 MILLIARDS DE DOLLARS.
A plus long terme, «dans la seconde moitié du siècle», l’objectif est de parvenir à « un équilibre » entre les émissions d’origine anthropique et leur absorption par des puits de carbone (océans, forêts ou, sans que le texte le formule explicitement, enfouissement du CO2). Rappelons que le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) juge nécessaire de baisser de 40 % à 70 % les émissions mondiales d’ici à 2050, pour éviter un emballement climatique incontrôlable. La différenciation des efforts qui doivent être demandés aux différents pays, en fonction de leur responsabilité historique dans le changement climatique et de leur niveau de richesse - ou de pauvreté - a, cette fois encore, cristallisé l’opposition entre Nord et Sud. Le texte rappelle le principe des «responsabilités communes mais différenciées» inscrit dans la Convention onusienne sur le climat de 1992. Il pose que les efforts doivent être accomplis «sur la base de l’équité», et acte que «les pays développés continuent de montrer la voie en assumant des objectifs de réduction des émissions en chiffres absolus». Les pays en développement «devraient continuer d’accroître leurs efforts d’atténuation (…) eu égard aux contextes nationaux différents», formulation qui prend donc en compte leur niveau de développement. Enfin, l’accord souligne qu’«un soutien doit être apporté aux pays en développement» par les nations économiquement plus avancées. Pour solder leur «dette climatique», les pays du Nord ont promis à ceux du Sud, en 2009, de mobiliser en leur faveur 100 milliards de dollars (91 milliards d’euros) par an, d’ici à 2020. Les nations pauvres veulent davantage, après 2020, pour faire face aux impacts du dérèglement climatique, sécheresses, inondations, cyclones et montée des eaux. Le texte entrouvre une porte, en faisant de ces 100 milliards «un plancher», qui est donc appelé à être relevé. De plus, «un nouvel objectif chiffré collectif» d’aide financière devra être présenté «avant 2025». C’est une nette avancée, même si elle laissera les pays pauvres sur leur faim. Sujet très sensible pour les pays les plus menacés par le dérèglement climatique, l’accord reconnaît «la nécessité d’éviter et de réduire au minimum les pertes et dommages associés aux effets négatifs du changement climatique, incluant les événements météorologiques extrêmes [inondations, cyclones…] et les événements à évolution lente [montée des eaux…], et d’y remédier, ainsi que le rôle joué par le développement durable dans la réduction du risque de pertes et dommages».