- lun, 21/09/2015 - 02:05
Le 26 août, ils étaient trois cents - pas plus - battant le pavé de Bruxelles.
En Belgique, le débat politique congolais est dominé par une poignée de «combattants» en exil. Boketshu, le «combattant et prophète de la nation», ainsi qu’il se désigne sur ses pochettes de CD, était déjà connu pour ses chansons et son militantisme. Le 28 août, la communauté congolaise de Bruxelles a un pas raide et solennel, une caisse en bois sur l’épaule.
300 PERSONNES DANS LA RUE.
Cet enterrement symbolique visait le régime au pouvoir à Kinshasa, auquel était associé l’opposant historique Étienne Tshisekedi wa Mulumba. À Matonge, le quartier africain de la capitale belge, les manifestations anti-pouvoir n’ont rien d’inhabituel: les «combattants», des militants radicaux en exil, ont fait du régime et de ses dirigeants leur cible principale. Au point que leurs voyages en Europe doivent désormais se faire dans la plus grande discrétion.
Les slogans hostiles à Tshisekedi ont, en revanche, quelque chose d’inédit.
Cet «opposant historique» a, depuis les années 1980, fondé sa popularité sur le refus de tout compromis. Seulement, à 82 ans, cet homme en convalescence en Belgique depuis un an, a semblé mettre de l’eau dans son vin dernièrement, ouvrant la porte à un «dialogue» avec le pouvoir. Ce que ne lui pardonnent pas des combattants prompts à la surenchère radicale.
«Le traître Tshisekedi est pire que les ministres de Kabila. Eux, au moins, assument leur choix», tranche Ndala wa Ndala, le vice-président de l’Alliance des patriotes pour la refondation du Congo (Apareco), dont les militants sont venus en nombre ce jour-là. Son parti, présidé par Honoré Ngbanda Nzambo ko Atumba, ancien conseiller spécial de Mobutu dans les années 1980, opère exclusivement en exil.
«À Kinshasa, les opposants profitent du système, accuse Ndala wa Ndala. Nous, nous sommes des résistants. Nous sommes ici comme de Gaulle était à Londres en 1940».
Au final, cette manifestation, très réussie aux yeux de ses organisateurs, n’aura rassemblé que quelque 300 personnes selon la police.
Une infime minorité des dizaines de milliers de Congolais de Belgique… Les «combattants», eux, minoritaires continuent de dominer les débats à Matonge, le quartier africain de Bruxelles. Mais aussi sur leurs comptes Twitter ou Facebook.
avec JA.