- ven, 28/08/2015 - 23:14
Comment deux journaux congolais peuvent faire rêver.
Résilience en psychologie c’est la capacité à vivre, à se développer, en surmontant les chocs traumatiques, l’adversité. «La résilience, le ressort intime face aux coups de l’existence» (B. Cyrulnik). Comment ne pas penser à ce mot face au déluge de commentaires (d’attaques? d’insultes?) dont a fait l’objet le président de l’asbl Kabila Désir? Pour avoir fait part de ses convictions lors d’un passage de quatre jours en Europe - à la vérité un réel grand Chelem (tenez: Africa 24, Rfi, France 24, TV5 Monde, Jeune Afrique, Le Soir, Belga et, du coup, reprise assurée et garantie dans des fils d’agences internationales, des journaux et sites en ligne) -, il lui a fallu du courage pour résister - c’est cela la politique. Du coup, le soutien de quelques titres de presse courageux de chez nous ne peut qu’être apprécié. Bravo tout de go au Grognon et à Tharcisse Zongia. Bravo à Africa News et à Henri Mbuyi pour l’honneur fait à la presse... En publiant des analyses dignes d’être reprises dans les plus grands journaux du monde, vous avez su élever le débat et permis de faire espérer que la presse de qualité n’est pas (encore) morte au Congo. Si c’est ce Grand Chelem, cette série de victoires inattendues qui ont mis la poudre au feu? Ci-après.
VENT DE PANIQUE SUR LA VILLE.
Le verrou de Paris est ce point focal de l’antikabilisme, du congobaching que symbolise sur le plan international notre consœur Radio France Internationale. Sur ce média périphérique résonnent en permanence les échos d’une vision négative et négativiste du Congo Kinshasa. Kagame a beau se faire élire avec un score soviétique de plus de 90% dans une pestilentielle totalement opaque contre un Kabila qui en 2006 s’est vu imposer un second tour et en 2011 a gagné avec un score très faible, mais, c’est ce dernier que l’on charge à longueur de journées sur la radio du monde. Le coup de force désormais certifié au Rwanda et au Congo¬ pas outre mesure les canaux de
communication occidentaux. Ce qui compte pour eux, c’est l’intention de glissement ou de violation de la Constitution que d’habiles manipulateurs d’opinion publique prêtent à Kabila. Ce procès d’intention a plus de valeur et de réalité que du mascarade du bled des mille corrines ou le dialogue¬ monologue de Brazzaboum.
Sur tous les médias occidentaux, mais sur Rfi particulièrement, la RDécè est en danger, le pays court vers la catastrophe «parce que plusieurs signaux indiquent que Kabila a l’intention de se
maintenir au pouvoir au¬ delà de 2016». Chez nous, il n’y aurait qu’une simple intention alors qu’ailleurs, il y a des actes concrets de provocation. Mais, c’est au Congo-Kinshasa qu’il y a péril en la demeure et non ailleurs.
UN KAMIKAZE NOMME KKM.
Un véritable verrou, presqu’infranchissable, qui ne permet pas à tout ce que le pays enregistre en termes de transformation spectaculaire et historique de passer et d’atteindre le monde.
Le Congo de la différence, celui des exploits, celui qui avance à pas de géant et impose une relecture de sa réalité politique, de ses contraintes et enfermé dans le ghetto de l’information. A cause du verrou imposé par l’Occident et que symbolise merveilleusement bien la radio hexagonale.
Devant le puissant obstacle, il n’y avait qu’une seule chose à faire: trouver un kamikaze pour faire sauter ce dernier. Mais qui, au regard de la réputation de Rfi et surtout celle de son voltigeur de première ligne, Christophe Boisbouvier, pouvait se risquer à l’entreprise périlleuse? Beaucoup y ont pensé, mais ont renoncé sans même avoir eu le courage d’essayer. La situation n’a pas été sans rappeler celle des troupes israélites dans la Bible, fuyant et en débandade devant le géant Goliath.
VINT DAVID LE TEMERAIRE.
Et puis soudain, voici qu’un David s’est déclaré dans les rangs de la majorité. Etonnant son propre camp par sa témérité avant le face-à¬-face avec le géant. Et voici Kin-kiey Mulumba dans les studios de Rfi, nez à nez, regards contre regards avec le tireur d’élite de la radio du monde.
Un vent de panique souffle sur Kinshasa et la grande confrontation commence.
La chevauchée de Bosquet-vacher est impitoyable. Mais Kin¬ - sérénité déroutante et contre-attaque centimètre par centimètre. Au bout de la grande confrontation, la Bastille est tombée. C’est vraiment le cas de le dire.
En effet, tous les spécialistes de la com qui ont suivi le duel affirment que l’uppercut fatal du Crabe est venu au 9ème round lorsque l’assommant interviewer de Rfi a chargé avec la question insidieuse sur Barack Obama. Croyant fermer tout angle, Boisboeuf s’est fendu d’un: «Et quand Barack Obama dit: au bout de deux mandats, je m’en irai parce que c’est la loi, parce que j’aurais fait ce que j’ai à faire, que répondez-vous?»
Erreur fatale pour le champion qui ne savait pas qu’il venait justement de se laisser à découvert.
«CE QUE J’AI ENTENDU...».
Et Kin-kiey de contre-attaquer de manière imparable dans les termes suivants: «Ce que j’ai entendu de sa bouche (ndrl: celle d’Obama), c’est: «Je suis fils d’un Africain»; c’est: «Je n’ai pas de leçons à donner à l’Afrique»; c’est: «l’Afrique a son destin en mains».
Le grand champion a été ébranlé sur ses appuis. Il a louvoyé, empruntant vite le raccourci trop facile et simpliste des droits de l’homme et espérant ainsi trouver du répit et récupérer la situation.
Mais le mal était déjà fait. Sans s’en rendre compte, le champion a rendu le tablier au dernier round en acceptant l’hypothèse du glissement, tout en essayant de résister au décompte de l’arbitre en invoquant le risque du vide constitutionnel à partir de décembre 2016.
COUPS SECS ET INCISIFS...
Le papillon... Tout spécialiste de la communication qui a suivi le pugilat, sait que l’enfant terrible de Masimanimba l’a emporté de manière superbe. Au fond, on note trois temps forts dans ce combat épique le déchaînement de Boisbouvier dès les premiers rounds, auquel ont répondu les coups secs et incisifs de Kin-¬kiey. Puis, Boisbouvier tente rapidement le coup de grâce avec la chaude amorce des thèmes rouges comme le Burkina-Faso, janvier 2015 à Kinshasa et le Burundi, encouragé par l’attitude défensive de son face-à-face. Vient enfin le crochet mortel avec la question sur Obama. Mais, Kin-kiey esquive et laisse son challenger dans le vent et le reprend d’une droite impardonnable. Au grand bonheur de tout l’univers de la communication africaine et congolaise.
On ne pouvait attendre rien d’autre d’un des maîtres continentaux de la com.
C’EST ALI ET FOREMAN.
L’exploit de Bakala Ya Ngolo a rappelé à toute une génération de congolais, le combat du siècle entre Ali et Foreman à Kinshasa. En 1974 au stade Tata Raphaël.
Comme un papillon, Kin-¬kiey voltigeait sans cesse sur le ring et piquait comme une abeille, alors que Boisbouvier, habitué à des athlètes africains statiques, à la limite du robotisme, cognait avec l’assurance de la tradition. Il semble que la victoire de la RDécès que nous célébrons avec faste, à travers ce compte-rendu d’expert, vient de là.
Titre du Grognon:
contre-attaquant à l’échelle internationale, Kin-kiey fait sauter le verrou de Paris.
Le Grognon, Kinshasa.