- lun, 17/02/2014 - 03:09
Kin-kiey voulait effectuer le voyage retour dans le Mayumbu et refléchissait sur le format qui convenait le mieux en vue d’aller remercier les siens après qu’ils lui eurent renouvelé leur confiance - le seul de la circonscription à être réelu, l’un des rares au Bandundu.
Sans doute que Ngiama Werrason déjà revenu physiquement dans le Mayumbu mi-septembre 2009 avec le même Kin-kiey et qui livra deux concerts les 13 et 14 septembre était toujours aussi demandé. Mais pour cette occasion, Tryphon Kin-kiey Mulumba voulait une nouvelle note. Il jeta son dévolu sur un fils du coin - un géant, Reddy Amisi. Voici que le King qui venait rendre visite à son cabinet au ministre des Postes, Télécommunications et NTIC apprend la nouvelle dans les couloirs de l’immeuble de l’avenue de la Démocratie (ex-Huileries).
Il explique que pour rien au monde, il n’allait manqué ce voyage retour. Le frère - plutôt que l’artiste - a été entendu. King Kester Emeneya Kwamambu est ajouté à la liste: ils seront trois immenses artistes, Werra, Reddy, King Kester qui accompagnent le ministre dans le Mayumbu.
Nous sommes le 21 novembre 2012 quand les équipes - le ministre en tête - arrivent à Masi-Manimba au petit matin. La veille 20 novembre, sans qu’ils ne sachent rien, la stratégique ville de Goma, a été envahie par les rebelles du M23 qui ont mis en déroute les forces onusiennes après que l’armée régulière des FARDC eût décroché afin de se refaire des forces.
Un repli stratégique... Il n’empêche! L’humiliation est totale pour l’armée, pour le pays, pour son Chef, Joseph Kabila Kabange...
D’autant que la rébellion arrogante annonce qu’elle ne va pas s’arrêter en si bon chemin. Déjà, elle a repris sa marche vers Bukavu, l’autre grande ville du Kivu, chef-lieu de la province du Sud-Kivu. à Kisangani, chef-lieu de la province Orientale, à 45 minutes à vol d’oiseau, on apprend que la ville s’apprête à se déclarer «libérée», s’offrant sans combat au nouveau pouvoir!
A Kinshasa, on s’enterre dans les maisons, on rase les murs. Personne n’ose ouvrir la bouche. Tous attendent la libération...!
Trois stars trois concerts.
Dans le Bandundu, Kin-kiey qui compte dans son sillage nombre de suivistes - ces journalistes qui ont pris l’habitude de l’accompagner à chacun de ses déplacements - ne refléchit pas deux fois. Il a transformé sa visite de remerciements en visite de mobilisation derrière Kabila. Marches de soutien sur des kilomètres, meetings populaires et - last but not least - trois concerts avec les trois mégastars.
Depuis le Bandundu, les reporters de presse rendent compte.
«Ici, nul ne s’est mis prudemment en cachette. Ici, tout le monde est dans la rue, pour Kabila afin qu’il reparte au combat avec l’armée».
Les échos sont-ils allés loin? à Paris, Laurent Fabius, le ministre français des Affaires étrangères, dit son «incompréhesion». «Comment 700 personnes ont-elles réussi à mettre en déroute une armée onusienne forte de 17.000 hommes partis certainement faire du tourisme» dans les Kivu, se scandalise-t-il.
Dès le lendemain, c’est au tour du président lui-même. François Hollande - au nom de la Francophonie - de dire toute son «exaspération». Et Paris va prendre la tête d’une initiative pro-Congo aux Nations Unies. Ce sera le début de la fin pour la rébellion du M23... Dans le Bandundu, King Kester de son vrai nom Jean Emeneya Mubiala Kwamambu n’a aucune envie de revenir plus vite à Kinshasa. Il veut continuer ses concerts en chantant pour Kabila. Il se rend à la résidence de Kin-kiey, le long de la Nationale 1, pour lui faire la proposition. Si Kin-kiey accepte, le ministre ne peut prolonger d’un jour son séjour sans aller à l’encontre des lois portant organisation et fonctionnement du Gouvernement. à l’annonce de sa mort jeudi 13 février à l’hôpital Marie Lannelongue (banlieue de Paris) où il était admis pour des problèmes de cœur, les Bana Mayumbu en savent gré à Kin-kiey. Il leur a amené ce géant pour son dernier concert. Ils l’ont vu su scène chanter, danser, mais tous le savaient malade. Peu de temps après ce concert, King Kester a repris le chemin de l’Europe. C’est à l’atterrissage de l’avion dans la zone de transit à Bruxelles qu’il a vu le ministre Kin-kiey et s’approche de lui, rappelle le souvenir du concert au Mayumbu, promet qu’il repartira mais après les soins qu’il est venu suivre en Europe. Il ne tiendra pas sa promesse. Mwana Mayumbu a quitté la terre. Il avait 57 ans.
Alunga Mbuwa.