- jeu, 21/11/2013 - 03:18
Mme Laure-Marie Kawanda a refusé de vendre sa peau, même au plus offrant. Elle s’est rendue chez Gizenga pour s’assurer de l’authenticité de la signature de la décision qui la révoque, elle a été braquée par sa garde.
Au Palu, la crise de leadership s’intensifie dangereusement. Les grappes humaines qui font le piquet devant la permanence du Parti Lumumbiste Unifié se réclamant de Laure-Marie Kawanda Kayena, révoquée sur papier, par Gizenga, empêchaient quiconque de s’approcher de l’enceinte dont l’entrée fait face au boulevard Lumumba, et réclamaient toujours le retour de leur «Maman». Mercredi 20 novembre, ces hommes entrés clairement en dissidence ont tenté de marcher sur le boulevard Lumumba, chantant et dansant sans arrêt - comme ils savent le faire - voulant aller chercher Mme Kawanda chez elle afin de l’installer à «son» bureau. Ils ont été gazés par la police qui suspectait une émeute et voulait dégager le boulevard.
Makiashi et son équipe ont trouvé un espace où se rencontrer, l’ancienne maison de Gizenga Antoine, avenue Canas, non loin de la résidence d’Etienne Tshisekedi, à Limeté. Une sorte de bureau sous les manguiers. Boulevard Lumumba, danger de mort. Makiashi était interdit d’approche, pas même son ombre. Tout comme Adolphe Muzitu Fumunsi fortement suspecté par les militants d’avoir «perpétré» le coup anti-Kawanda, avec la complicité de son ancien DirCaba, Jean-Claude Mashini, un ancien candidat Premier ministre, neveu de Maman Anne Mbuba Gizenga, l’épouse du patriarche, la véritable patronne du Palu et de sa Communauté paysanne de solidarité Com-asol, la banque du Parti Lumumbiste Unifié, depuis que «le Vieux» a «lâché».
A LA VEILLE D’UNE MISSION.
Dimanche 17 novembre, l’ancien Premier ministre Adolphe Muzitu Fumunji s’est néanmoins rendue à la résidence de Mme Mme Kawanda accompagné du professeur Nsaman, le président du Groupe parlementaire Palu, pour tenter «de la faire revenir à la raison». Expliquant qu’elle avait eu tort de ne pas l’associer à l’effort de recherche des voies de sortie de crise. Peine perdue!
Dure comme fer, Mme Mme Kawanda lui a expliqué que c’est lui - Adolphe Muzitu Fumunji - qui précisément était LE problème, que les militants ne voulaient pas voir. L’associer dans l’appareil du parti était LA faute à ne pas commettre. Cette nouvelle crise au Parti Lumumbiste Unifié a commencé avec la décision n°PL/SGCP/009/2013 du 8 novembre 2013 «portant nomination du secrétaire permanent et porte-parole du Parti Lumumbiste Unifié - PALU». Décision signée Antoine Gizenga.
Laure-Marie Kawanda Kayena n’aura donc fait qu’un an, jour pour jour, à la tête de l’administration du Parti Lumumbiste Unifié. L’ancienne ministre des Transports et Communications du Gouvernement Muzito, ancienne Vice-ministre des Transports et Communications du Gouvernement Gizenga, Mme Laure-Marie Kawanda Kayena s’est ainsi retrouvée «démise» de ses fonctions de secrétaire permanent par décision du patriarche Antoine Gizenga Fundji. A sa place, c’est le Député Willy Makiashi qui est nommé. Curieux! La nouvelle a fait même l’objet d’une annonce au jt de 20 heures de la Rtnc - télé - dimanche soir 10 novembre. Ceci n’est pas courant. Le Parti Lumumbiste Unifié n’est pas connu pour communiquer de cette façon. Qui a fuité cette décision?
Ahurie, Laure-Marie Kawanda Kayena a voulu en avoir le cœur net. Comment Gizenga a-t-il pu la révoquer alors qu’il l’avait reçue peu avant et avait signé - approuvé - un ordre de mission afin qu’elle se rende en tournée dans le Bandundu?
Depuis que le vieux patriarche a commencé à «lâcher», on raconte dans son entourage qu’on lui fait prendre «trop de décisions». Dimanche 10 novembre, elle s’est rendue chez Gizenga, dans les faubourgs de Kinshasa. Frayeur et surprise: l’entrée de la grande résidence du «Vieux» lui a été interdite par la garde, prête à ouvrir le feu. Ordre avait été donné qu’elle n’approche pas le portail... Elle a insisté mais impossible. le doigt sur la gâchette, les balles ont voulu parler. Elle a fait marche arrière. Selon des proches du dossier, c’est précisément le Député Willy Makiashi, «nommé à la succession», qui est intervenu au téléphone, intimant l’ordre qu’on n’ouvre pas le feu et qu’on la traite dignement... en lui demandant de regagner son véhicule et de rebrousser chemin.
A Limeté, les grappes humaines du Palu comme dans le Mayumbu, disent ne pas comprendre... alors que le thème national est à 30% des femmes voire plus! «Qu’a-t-elle fait la Maman?»
APRES LUTTE DE SUCCESSION.
Pharmacienne de formation, Antoine Gizenga Fundji avait semblé frapper un grand coup en l’appelant à la tête de l’administration du Palu!
Et on disait, le dernier de sa vie! Que non! Par décision n°PL/SG/Léo/n°002 du 21 septembre 2012 portant nomination de Madame Laure-Marie Kawanda Kayena en qualité de Secrétaire permanent représentant le Secrétaire général Chef du Parti, le patriarche octogénaire avait en effet évincé celui qui, à ce jour, passait pour son dauphin désigné, Godefroid Mayobo Mwene Gantien.
Avant Mayobo, il y avait eu Thérèse Pakasa depuis lors entrée en rébellion contre Gizenga, Gérard Gifuza, Sylvain Ngabu, puis Mayobo, puis Robert Makina, puis Rémy Mayele, puis Dover Mpango - le seul en réalité venant d’ailleurs, un Tetela du Kasaï Oriental. avec certes Mayobo (on verra!). On pensait la liste clôturée, voici Willy Makiashi, Député Palu de Gungu - on dit le meilleur élu avec plus de 42.000 voix aux dernières Législatives.
Comme toujours, au Palu, depuis peu, rien n’est plus si simple. Depuis qu’en sa résidence de Kintambo au lendemain de son départ de la Primature pour raison de «fatigue physique», le patriarche avait fait face à une bronca de la base qui réclamait la tête de Mayobo Mwene Gantien - alors tout puissant ministre délégué auprès du Premier ministre et qui avait le tort de n’être ni de Gungu, ni d’Idiofa, ni Pende, ni Ambuun, rien qu’un Yanzi du territoire de Bagata mais qui, ces dernières années, ne l’avait jamais quitté d’une semelle, celui sans lequel Gizenga ne prenait place à bord d’aucun avion, celui sans lequel, le Secrétaire général du Palu ne pénétrait pas dans un bureau du temps des années Primature, celui qui, selon une rumeur, lui était si proche qu’il l’aidait à allumer son PC, à pianoter sur la Toile ou l’aidait à s’éloigner quand venait l’heure du repos, etc. - ce qui paraît être comme la lutte de succession est désormais ouverte et âpre. Défenestrée par Muzitu dont les crocs devenaient chaque jour un peu plus menaçants au point de se faire appeler «Mfumu Mpa» (le nouveau Chef, le Dauphin), qui invoqua de l’incompétence après moult accidents dans le système des transports, on savait Mme Laure-Marie Kawanda Kayena attendant son heure pour régler de vieux comptes.
Femme de caractère, cette Ambuun d’Idiofa les a en effet réglés. Et comment! Elle a écarté de la liste Palu des Concertations nationales tous les vieux crocodiles: Mayobo, Mashini, etc.
«Mfumu Mpa» s’est retrouvé aux Concertations mais c’est au titre d’ancien Premier ministre. Encouragée par un dur comme Constantin Kage - un ancien opérateur économique qui a beaucoup fait pour le Palu et parent de l’épouse Gizenga, Anne Mbuba Gizenga - Laure-Marie Kawanda Kayena a fait mieux. Elle a avalisé sa liste aux dernières réunions de la nouvelle CENI (Commission électorale nationale indépendante) où étaient exclus «tous ces vieux de la vieille», comme leurs affidés. C’était trop fort. En réalité, «elle avait surestimé son pouvoir dans la cour et avait sous-estimé la capacité de nuisance des autres».
TRES FRAGILISE, TRES DIMINUE.
Cela devenait trop compliqué alors que plusieurs échéances pointent à l’horizon. A court terme, il va falloir faire parvenir au Président de la République la liste du Palu dans les Institutions. «Avec elle: ni Mayobo, ni Muzitu, ni aucun des leurs», explique un proche. Ensuite, il y a les élections. Là non plus, personne ne se faisait aucune illusion. Et le Vieux patriarche n’est plus assez jeune. Comment gérer le jour après?
Selon toutes les confidences, l’homme qui a porté le coup. Faisant valoir sa qualité de neveu de Maman Anne Mbuba Gizenga, l’épouse du patriarche, contre l’oncle Kage, Mashini, «encouragé» par «Mfumu Mpa» a levé le gros lot et placé Makiashi. Faisant revenir du même coup - par la grande porte - le pouvoir revient à Gungu, au secteur Lonzo, aux Pende.
Mais ces crises à répétition fragilisent désormais un Palu déjà très diminué politiquement et on imagine ce qui en restera. Très bientôt!
D. DADEI.