Comment la CÉÉAC a mis Kagame en colère
  • jeu, 03/07/2025 - 16:53

Comment la CÉÉAC a mis Kagame en colère
KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1638 | LUNDI 09 JUIN 2025.

Face à l’Afrique centrale, Kinshasa a joué la tête de Kigali et l’a eu. Le Rwanda de plus en plus isolé…

Ce fut d'abord la grande colère contre l'ancienne puissance coloniale. Inspiré certainement par Mobutu Sese Seko dont ce fut l'acte final, le président rwandais Paul Kagame avait accusé la «petite Belgique» d’avoir œuvré pour que l’Union Européenne décide, à l’unanimité, le 17 mars 2025, d’infliger des sanctions contre le Rwanda et, en conséquence, a rompu le 7 avril les relations diplomatiques avec la Belgique.

Samedi 7 juin 2025, son ministre des Affaires étrangères Olivier J.P Nduhungirehe est inconsolable. Sur son compte X, @onduhungirehe, Olivier J.P Nduhungirehe écrit dans la nuit de samedi 7 à dimanche 8 juin ce qui suit : «C'est inacceptable de constater qu'alors que le président Tshisekedi a rencontré le président Kagame lors d'une réunion fructueuse à Doha, au Qatar, le 18 mars 2025, alors que le ministre Kayikwamba et moi-même avons signé une déclaration de principes à Washington le 25 avril 2025, et alors que le Rwanda et la RDC se sont activement engagés, au cours du mois dernier, dans des négociations prometteuses facilitées par les États-Unis pour un accord de paix historique, la RDC, néanmoins, continue de se plaindre dans toutes les organisations régionales et internationales, accusant le Rwanda de ses propres turpitudes, sans parler de ses appels à des sanctions. Le Rwanda est engagé dans tous les processus de paix en cours (UA/EAC-SADC, Washington et Doha) en toute bonne foi et avec un sens des responsabilités, et n’acceptera jamais la manipulation, par une RDC imprudente et désespérée, des communautés économiques régionales comme la CÉÉAC, qui va malheureusement à l’encontre de ses principes de financement et de sa finalité. En effet, la CÉÉAC n’a pas vocation à gérer la crise à l’Est de la RDC, qui est entre les mains de deux autres communautés économiques régionales, la CAE et la SADC, sous la médiation du président togolais Faure Gnassingbé, mandaté par l’UA».

Réplique dans la journée de dimanche sur le même réseau du ministre congolais de la Communication et des Médias, porte-parole du Gouvernement Patrick Muyaya Katembwe @PatrickMuyaya: « L’on ne peut pas continuellement et volontairement violer les principes qui fondent nos institutions régionales et prétendre vouloir les présider. Cette réaction inédite de la CÉÉAC devrait inspirer les autres organisations régionales pour adopter une posture plus ferme contre le Rwanda. Le narratif mensonger, les actions souterraines de lobbying ne pourront jamais prendre le dessus sur la vérité et les horreurs de l’agression rwandaise».

POURQUOI KIGALI S'EN VA.
Un communiqué daté Kigali 7 juin 2025 portant le titre «le Rwanda se retire de la CÉÉAC», écrit : «Le Rwanda déplore l'instrumentalisation de la Communauté Économique des États de l'Afrique Centrale, CÉÉAC, avec le soutien de certains États membres.

Cette dérive s'est une fois de plus manifestée lors du 26è Sommet ordinaire tenu aujourd'hui à Malabo, où le droit du Rwanda à la présidence rotative, telle que stipulée dans l'article 6 du traité, a été délibérément ignoré pour imposer le diktat de la RDC.

Le Rwanda avait déjà, dans une lettre adressée au Président en exercice de l'Union Africaine, dénoncé l'exclusion illégale du 22è Sommet en 2023 à Kinshasa, sous présidence de la RDC. Le silence et l'inaction qui ont suivi confirment l'échec de l'organisation à faire respecter ses propres règles. Le Rwanda dénonce la remise en cause de ses droits garantis par les textes constitutifs de la CÉÉAC. Par conséquent, le Rwanda ne voit aucune raison de maintenir son appartenance à une organisation dont le fonctionnement est désormais contraire à ses principes et son utilité».

Le Communiqué final de la 26ème Session Ordinaire de la Conférence des Chefs d’État et de Gouvernement de la Communauté Économique des États d’Afrique Centrale, CÉÉAC, daté de Sipopo, 7 juin 2025, République de Guinée Équatoriale, écrit au point 32, sur la passation des pouvoirs ce qui suit: «La Conférence a différé à un autre moment le passage de la présidence en exercice tournante de la Communauté à la République du Rwanda Elle a par conséquent, décidé de maintenir SEM. Obiang Nguema Mbasogo comme Président en Exercice de la Communauté pour une période supplémentaire d’une année».

Au point 33 : «En outre, la Conférence a chargé Son Excellence Obiang Nguema Excellence Monsieur le Ministre, En outre, la Conférence a chargé Son Excellence Obiang Nguema Mbasogo de prendre toutes les mesures nécessaires en vue de garantir l'implication de la CÉÉAC dans toutes les initiatives en cours consacrées à la résolution de la crise en RDC et dans les Grands-Lacs, notamment la médiation de l’Union Africaine, l’effort conjoint de la Communauté d'Afrique de l'Est et de la Communauté de Développement de l'Afrique Australe ainsi que les Initiatives de Washington et de Doha».

Au point 20, le communiqué final écrit que «la Conférence a reçu une information sur la situation à l’Est de la République Démocratique du Congo, notamment les initiatives relatives à la résolution du conflit entre cet État membre et la République du Rwanda. La Conférence a exprimé son soutien sans réserve auxdites initiatives et exhorté les deux États membres à exploiter les voies et moyens pacifiques pour résoudre leur conflit. Elle a encouragé la République du Rwanda à mettre en œuvre les dispositions pertinentes de la Déclaration de la VIème session extraordinaire de la Conférence tenue à Malabo, le 07 février 2025, relative au «retrait immédiat des Forces de Défense Rwandaises du territoire congolais».

Au point 24 : «La Conférence a félicité la République Démocratique du Congo pour sa brillante élection en tant que membre non-permanent du Conseil de Sécurité des Nations Unies pour la période janvier 2026 - décembre 2027 et son élection à la vice-présidence de la 80ème Assemblée Générale de l'ONU. Elle lui a rassuré de son soutien indéfectible tout au long de son double mandat à l’ONU qu’il souhaite fructueux et propice à l’avancement de l’agenda continental africain, en général, et de l’Afrique centrale, en particulier».

La vingt-sixième Session Ordinaire de la Conférence des Chefs d’État et de Gouvernement de la CÉÉAC s’est tenue le 7 juin 2025 à Sipopo, République de Guinée Équatoriale, sous la présidence du Président de la République de Guinée Équatoriale, Président en Exercice de la Conférence des Chefs d’État et de Gouvernement, Obiang Nguema Mbasogo.

Les Chefs d’État suivants ou leurs représentants dûment mandatés ont participé au Sommet: Faustin Archange Touadera, président de la République Centrafricaine ; Sassou-N’guesso, président de la République du Congo ; Brice Clotaire Oligui Nguema, Président de la République Gabonaise ; Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, président de la République Démocratique du Congo ; Carlos Manuel Vila Nova, président de la République Démocratique de São Tomé et Principe ; Mahamat Idriss Deby Itno, président de la Republique République du Tchad; Prosper Bazombanza, vice-président de la République, représentant du président Évaristo Ndayishimiye,
président de la République du Burundi; le Dr. Edouard Ngirente, premier ministre, représentant du président rwandais Paul Kagame ; Tòto Antonio, ministre des Relations Extérieurs, représentant du président angolais João Manuel Gonçalves Lourenço; Lejeune Mbella Mbella, ministre camerounais des Relations Extérieures représentant Paul Biya.


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