- mar, 26/04/2022 - 16:25
KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1551|LUNDI 25 AVRIL 2022.
Une initiative qui a surpris plus d'un au Congo. «Des négociations à Nairobi, au Kenya, entre le Président de la République Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo et des groupes armés opérant à l'est du pays».
En clair, Kinshasa allait négocier la paix avec une dizaine de groupes armés couramment qualifiés de «forces négatives», qui sèment la mort et la désolation dans le pays?
Comment en serait-on arrivé là?
La décision, expliquaient des médias en début de week-end, aurait été annoncée par des présidents des pays de la sous-région, le Rwanda, le Burundi, l'Ouganda, etc. «Il s'est agi de contraindre Kinshasa à négocier avec tous les groupes armés qui pullulent sur son territoire».
«Yoweri Museveni et Paul Kagame ont fini par imposer leur point de vue... à Uhuru Kenyatta», le président du Kenya qui pilote le volet politique du processus de paix au Congo et qui passe pour être proche du président congolais.
Jeudi 21 avril, un mini-sommet de la sous-région sur le Congo autour du président kenyan avait eu lieu à Nairobi. Le président congolais s'y trouvait déjà la veille. Mais le président rwandais Paul Kagame avait délégué un émissaire.
CETTE RENCONTRE N'A PAS EU LIEU.
Selon l'annonce faite par ce mini-sommet, le président congolais Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo devrait, dès le lendemain vendredi 22 avril, commencer une rencontre avec les groupes armés.
«C'est l'une des résolutions du sommet de Nairobi de jeudi 21 avril», écrit le service de communication de la présidence congolaise. «En marge du Sommet régional sur la sécurité en République Démocratique du Congo (...), le président Félix Tshisekedi va écouter vendredi 22 avril une dizaine de groupes armés locaux actifs qui sèment la désolation dans la partie est du pays», a-t-on annoncé. «Un dialogue consultatif entre le président Félix Tshisekedi et les représentants des groupes armés locaux doit avoir lieu dans les plus brefs délais», avait-on précisé.
Certains expliquent qu'en réalité, «il ne s’agit pas de négociations avec un groupe armé spécifique, mais une démarche en direction de tous ceux qui ont pris les armes contre leur propre pays et qui doivent s’inscrire dans la logique de la paix».
Finalement, cette rencontre ou ce dialogue n'a pas eu lieu.
Vendredi 22 avril, le président congolais a quitté Nairobi pour regagner Kinshasa. «C'est pour des raisons logistiques que les travaux ont été renvoyés à plus tard, tous les groupes armés concernés n’étant pas sur place.
« Certains groupes étaient ici, mais on veut une rencontre inclusive. Beaucoup d’entre eux sont encore en brousse. Il n’y a pas de spéculation. Les travaux se poursuivront », a déclaré une source à la présidence de la République qui a requis l'anonymat. Deux seuls groupes armés sur une dizaine se seraient trouvés à Nairobi.
Le président Tshisekedi a néanmoins laissé à Nairobi un groupe de travail en charge de mener ces consultations sous le leadership du président kenyan. Pour l'implémentation des décisions qui en résulteraient, un secrétariat technique co-presidé par le mandataire spécial congolais Serge Tshibangu, l'Envoyé spécial du président Uhuru Kenyatta et des délégués de chaque pays membre de la Communauté de l'Afrique de l'est, a été mis en place.
Peu avant de quitter Nairobi, le président congolais a expliqué que ces concertations sont «la matérialisation d'un processus de reddition inconditionnelle» considéré «comme une dernière chance donnée à ces groupes armés locaux à déposer immédiatement les armes et à s'engager dans le processus de réinsertion sociale. Faute de quoi, l'option militaire régionale soutenue par tous va les y contraindre».
Même discours en direction des groupes armés étrangers. «Ils doivent se rendre auprès de leurs États respectifs à défaut de subir la puissance de feu de la force militaire régionale».
«Pour le président congolais, il est donc clair que cette main tendue envers ses compatriotes engagés dans une lutte armée contre leur pays n'est pas une table ronde de négociations ni de compromissions», écrit le service présidentiel. Un processus à inscrire dans la droite ligne du Programme DDR-CS qui définit les limites du tolérable.
ALUNGA MBUWA.