- mer, 10/02/2021 - 13:47
KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1517|MERCREDI 10 FEVRIER 2021.
Ses actes sont souvent diversement interprétés et souvent fort contestés suscitant colère voire violence. Le Vice-Premier ministre en charge de l’Intérieur, Sécurité et Affaires coutumières, l’UDPS Gilbert Kankonde Malamba ne laisse personne insensible. Il surprend même ses propres services en charge de la Sécurité intérieure.
GESTION CHAOTIQUE.
Sa toute récente œuvre est son alignement aux côtés des gouverneurs de province qui se sont longtemps moqués de lui par courrier officiel. Il s’agit d’une prise de position en faveur des pouvoirs exécutifs provinciaux portant annulation de toute procédure de mise en cause initiée par les Assemblées provinciales. Dans la Capitale, nombre de personnalités politiques avaient longtemps fait état de connivence et dénoncé des «arrangements à l’africaine».
Pour avoir réhabilité le gouverneur du Kongo Central Atou Matubuana au Kongo-Central alors que le chef de l’Exécutif provincial était suspendu à la demande de son regroupement, le FCC dans le cadre d’un sextape et engagé dans un bras de fer politico-judiciaire avec le président de l’Assemblée provinciale Pierre Anatole Matusila Malungeni, début décembre 2019, le député national Adrien Phoba (élu de Boma) et son collègue Papy Mantezolo (élu de Popokabaka) avaient violemment agressé, en plein débat sur les massacres de Beni, le Vice-Premier ministre Kankonde, écopant d’une suspension de cinq plénières à l’assemblée nationale.
La gestion du dossier du Kongo Central avait paru trop chaotique et mis à rude épreuve la Présidence de la République tout comme le gouvernement. Cette fois, la coupe paraît pleine. Au Maniema, 15 députés provinciaux qui ont fait tomber le gouverneur Auguy Musafiri s’insurgent contre la décision du Vice-Premier ministre instruisant les gouverneurs déchus de «regagner leurs postes». Ces élus du Maniema fustigent la récurrence d’un VPM à s’ingérer dans des affaires dont il n’a pas compétence, surtout que le dossier en l’espèce se trouve entre les mains de la justice. Un site en ligne parle «de Gilbert Kankonde, un VPM de l’intérieur tâtonneur et rétropédaleur».
«Ayant déjà foutu assez la honte à son parti UDPS par ses décisions inqualifiables, (il) a une fois de plus publié mercredi 3 février, un télégramme, consécutif à celui publié le 29 septembre 2020, dans lequel il annule toutes les motions de déchéance ou de défiance contre les gouverneurs des provinces absents de leurs entités pour des raisons de service.
Dans ce lot, il prend en compte ceux qui sont venus à Kinshasa pour participer à la conférence des gouverneurs et ceux qui étaient là parce qu’invités par le gouvernement central. Mais seulement, pas plus tard qu’il y a trois semaines, le même VPM oubliant le contenu de son télégramme N°25/CAB/VPM/MININTERSECAC/GKM/122 du 29 septembre, demandant aux assemblées provinciales de surseoir les motions de déchéance ou de défiance contre les gouverneurs, conformément à l’appel du Chef de l’État qui ne veut pas de la déstabilisation des provinces, s’est contredit en entérinant la déchéance par l’Assemblée provinciale de la Mongala du gouverneur Crispin Ngbundu, violant ainsi son propre télégramme.
Au niveau de son ministère, les langues se délient pour accuser un groupe de conseillers qui se sont substitués en commissaires pour monnayer toute décision que le VPM est censé prendre. C’est dans cette logique qu’un certain conseiller Assosa venu de la Mongala, et suivant les instructions d’un mafieux établi au Conseil d’État pour traquer les entités administratives décentralisées, propagerait des rumeurs pour affirmer que le télégramme N°25/CAB/VPM/MININTERSECAC/GKM/012/2021 de ce 3 février ne concernerait pas le gouverneur de la Mongala».
DES LEÇONS ADMINISTREES SUR LA TOILE.
C’est clair que la coupe est en effet trop pleine. Haut Représentant et Envoyé Spécial du Président de la République, c’est Yesu Kitenge Nz. qui s’est chargé, cette fois, par un tweet viral, d’annuler la dernière instruction du Vice-Premier ministre Kankonde.
«Msg du VPM Intérieur sèment le Doute entre le vrai, le vraisemblable et le faux. Ses décisions arbitraires annulant les résolutions des assemblées provinciales sont nulles et de nul effet. Les Assemblées devraient s’y opposer par tous les moyens de droit. C’est l’ETAT DE DROIT».
Un texte rédigé et posté par un homme dont l’influence est réelle dans la «petite ceinture» du Président de la République, au sein de l’UDPS et dans l’opinion publique qui pense de plus en plus qu’il a une mission générale de «recadrage» et qu’il l’accomplit de la meilleure manière. Il suffit de voir comment désormais ses tweets sont likés, signe de montée en estime sinon en puissance.
Un tweet qui rappelle ce qui se passe depuis mardi 9 février au Sénat américain, à Washington, à savoir, une mise en accusation pour abus de pouvoir qui est en réalité un acte de défense de l’Etat démocratique. D’autres y verraient un réel affaiblissement sinon un anéantissement de l’autorité du ministre de tutelle. Mais n’est-ce pas, là aussi, un exercice légitime d’un droit souverain?
C’est précisément à Washington qu’un commentaire pertinent est venu après le posting du Haut Représentant, Envoyé Spécial du Président congolais : «Le HR donne des leçons au VPM sur les RS?! J’espère que ce dernier sait lire entre les lignes».
D. DADEI.