L’assureur Sonas mêlé dans une mafia avec la FBN Bank
  • mer, 19/02/2020 - 07:58

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1482|MERCREDI 19 FEVRIER 2020.

Soupçonnée en août 2016 d’appartenir à un groupe mafieux dissipant les fonds provenant de la TVA (Taxe sur la valeur ajoutée) et de l’IPR (Impôt professionnel sur le revenu) destinés à l’État, la SONAS, poursuivrait-elle ses opérations?
Citée désormais dans un détournement de plus de US$ 900.000, frais relatifs à la TVA versés, à chaque fin du mois, par ses différents délégués dans des comptes bancaires fictifs, ceux de la First Bank of Nigeria Limited FBN Bank DRC SA. Cela durait depuis plus de deux ans...
A la fin de chaque mois, les fonds de la TVA prélevés sur l’assurance sont comptabilisés et déposés par un agent Sonas dans un compte à la FBNBank. Toute agence Sonas dispose, en l’espèce, d’un agent TVA en charge de cette opération. Mais le Directeur Fiscalité de la Sonas aurait créé des comptes personnels au nom de l’assureur national. Et, de s’entendre avec la hiérarchie de la FBNBank, pour se partager la recette collectée. Un ex-employé Sonas explique: «C’était un impératif connu de tous. Tout agent Sonas devait, après prélèvement des frais de la TVA, effectuer un dépôt sur les comptes Sonas».
Mais après l’opération, la FBNBank ne remettait pas toujours les bordereaux de versement. «Notre Directeur Fiscalité, en complicité avec la FBNBank, avait donné une instruction stricte. Tous les fonds TVA versés par les représentants Sonas, étaient remis à un envoyé spécial du Directeur», explique cet ancien employé, depuis révoqué.

MASTER MAFIA.
Nommé en avril 2019 par le Président Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, l’actuel Comité de la Sonas présidé par Bonyeme Ekofo, a voulu en savoir plus par des commissions d’évaluation du dossier. Il a invité les différents représentants de banque à présenter chacun un rapport. Après ces rapports, le Comité Bonyeme a identifié plusieurs comptes fictifs dans lesquels était versé les fonds de la TVA, qui, ensuite, allaient dans des poches des individus, de connivence avec la First Bank of Nigeria Limited FBN Bank DRC. Des révocations ont eu lieu. Seule une agent a sauvé sa tête. Lydie Liongo Onem, représentante à l’agence DGI/Kinshasa-Gombe. Cette dame était chargée de dépôt, chaque fin du mois, à la FBNBank, des frais de la TVA sur des frais d’assurance-véhicule. Ce, depuis janvier 2019. Mais le 18 décembre 2019 cette dame a été mise aux arrêts et croupit à la prison de Makala.
Elle a été prise chez elle, à 5 heures au petit matin, à son domicile, à Mont Ngafula par 17 officiers agissant au nom du Parquet Général de la Gombe. Accusée par la même Sonas, selon la plainte, d’avoir détourné plus de US$ 900.000 de la Sonas. Une accusation que le Comité Ekofo ne comprend pas. Lydie Liongo Onem avait en effet déjà été auditionnée et mise hors cause. Contrairement à ses collègues en charge de ce service, Lydie Liongo Onem repartait avec les bordereaux de versement, à chaque dépôt. Elle refusait catégoriquement d’obtempérer au mot d’ordre de son Directeur Fiscal.
Approché Patrice Kanyama, l’époux inconsolable parle d’un coup monté par l’ancien Directeur Financier de la Sonas, en collaboration avec le Parquet Général de la Gombe. «Au lendemain du jour de sa prestation à 5 heures du matin, j’entends des véhicules klaxonner. Je me lève pour aller voir qui ça pouvait être à me rendre visite de si bonne heure. J’aperçois une dame à bord d’une Toyota IST, communément appelé taxi Ketch». Puis, «la dame à bord du Ketch fumé s’est présenté comme une collègue de travail de mon épouse. Craignant tous les embouteillages du matin, elle voulait s’entretenir de bonne heure avec mon épouse sur l’affaire des comptes fictifs. Convaincu et ne soupçonnant rien, j’ouvrais le portail. Ma femme qui avait entendu les klaxons, va venir à ma rencontre. Ne me doutant de rien, je lui expliquais qu’une de ses amies souhaitait lui parler. Elle n’a jamais été son amie, va-t-elle réagir! À notre grande surprise, 17 hommes sortiront du ketch fumé pour saisir ma femme. Échange de paroles, menaces, hurlements, etc. C’étaient des OPJ venus du parquet général de la Gombe avec un mandat de perquisition signé par la hiérarchie du parquet. Ils vont embarquer Lydie Liongo Onem en pyjama nous demandant de la suivre au parquet».
Chemin faisant, le téléphone du mari sonne. L’un des OPJ demande à l’homme de le rejoindre au quartier Masanga Mbila. «Arrivé sur le lieu avec notre avocat, l’OPJ réclame une somme de US$ 5000 en échange de la liberté de mon épouse. J’ai refusé net, convaincu de l’innocence de ma femme. Au parquet général de Gombe, c’est le procureur Mbenza qui gère l’affaire. Après avoir entendu la prévenue, il ordonne de brandir les preuves de paiement (les bordereaux de la FBNBank) qui attestent qu’elle versait tout à la banque. Ce que fit la dame, détentrice de tous les bordereaux de versement effectués. Malgré ces preuves, le procureur fait volte face. Il brandit un document de la FBNBank sans sceau remettant en cause les preuves de paiement. Et demande le transfert de mon épouse à la prison centrale de Makala».
Depuis le 22 décembre 2019, Lydie Liongo Onem séjourne à la prison de Makala. C’est en vain que les avocats de l’incarcérée se sont adressés au Directeur Général de la FBNBank, lui demandant de dénoncer ce réseau d’escroquerie.
J. MAO MAMPO.
DEBORAH MANGILI.


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Portrait de Julien Mao Mampo